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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 16:46

     Les carangues des Bijagos

 

    Depuis deux jours, les valises sont prêtes. Cette fois, pas de gobages, pas de petites ou grandes rivières. La mer toute entière. Que dis-je, l'océan ! A nouvelle pêche, nouveau type de matériel. Une canne à mouches- quand même! - soie de 8 ; deux cannes à lancer - 40gr et 60gr . Le tout en multibrins : voyage oblige ! Tresses adéquates et triples solides. Des gros leurres, et des moins gros ; des rouges, des blancs, des rouge et blanc, des verts....Combien de fois ai-je fait et refait mon sac à dos, mon " sreet fishing bag", pas du tout destiné, d'ailleurs, à arpenter les rues des villes ! Lui même enfourné dans un grand sac avec moulinets, et tout le barda que peut prendre un pêcheur, au cas ou.... Deux ou trois chemisettes, un short , quelques slips une casquette avec protection de la nuque, des lunettes et la crême contre le soleil. Et on pèse . Avec une vieille "romaine" familiale suspendue par un serre-joints au haut du chambranle de la porte de la chambre... 20kg. Pas plus pour l'avion qui doit nous transporter en Guinée Bissau. C'est J-P... qui m'entraine. Il connaît déjà pour y avoir été avec M-P... son épouse et Emma, une de ses filles.La star du voyage!Bijagos 2011 215 Elles ont dû aimer puisqu'elles nous accompagnent, ainsi que l'ami M...avec qui nous avons pêché l'Old Man River et l'Elk au Canada.

   Nous sommes donc cinq à nous entasser vers 18h dans le break de J-P... Bourré comme un oeuf, le véhicule ! Direction : Toulouse Blagnac où un premier avion va nous transporter jusqu'à Lisbonne en deux heures. Le temps de prendre une mousse et on embarque pour Bissau. Dans l'avion, les touristes sont rares. Faciles à repérer. 

   Arrivée vers 1h, heure locale (moins deux heures par rapport à la France ) Après l'atterrissage un peu à rebonds, un bus viendra même nous chercher pour parcourir les 50m qui nous séparent de l'aérogare. Du monde très agité et bruyant, et de longues queues. Nous sommes immédiatement repérés - difficile de ne pas se faire remarquer - et un chauffeur prend nos bagages et les charge sur l'impériale d'un fourgon. Avec nous, un couple français venu pour une adoption, et celui qui sera "tonton", l'oncle d'un des guides de pêche du lodge où nous allons. Les vieux, "tonton" et moi, sont installés sur le siège avant, près du chauffeur. Les autres à l'arrière, sur de confortables sièges en planches.... Avec un peu de skaï dessus, quand même ! Une grosse heure de route goudronnée. Je ne sais s'il s'agit d'une obligation du code de la route local, mais notre chauffeur met le clignoteur à chaque virage. Clic,clic... quand ça tourne vers la droite ; clic,clic ...quand ça tourne vers la gauche. Et puis, c'est la piste. Pourtant il y a longtemps qu'il n'a pas plu, mais à voir l'état de la piste, et le ravinement, ça doit tomber dru dans la région. Je suis secoué, mais moins que les copains, derrière, qui rebondissent à chaque cahot. C'est à dire tout le temps. Je compatis.... Si, Si ! Et en plus, à l'entrée de chaque village, il y a une butte de terre - un ralentisseur - qui traverse la piste. De quoi sauter un peu plus ! Une grosse heure plus tard, nous voilà au lodge-étape . Le couple qui nous accompagne s'arrête là. Nous sommes à proximité de l'orphelinat-tourisme-équitable de Biombo. C'est au lit que nous finirons la nuit.Bijagos 2011 061

     C'est l'aube de notre deuxième jour en Afrique. Enfin, je dis "aube" parce que ça fait plus littéraire : en fait, le soleil est déjà levé depuis longtemps quand nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse dominant la mangroveBijagos 2011 Michel 050Bijagos 2011 037 et les bras de mer boueux à marée basse. Le premier étonnement, c'est pour les arbres : énormes !Bijagos 2011 Michel 004Bijagos 2011 017  Deux ou trois"locaux" se chargent de nos bagages pendant que nous trottinons dans la boue jusqu'au bateau. En fait, une grande barque, de forme plus ou moins pirogue, en aluminium.Bijagos 2011 039Propulsée par 80cv, en deux heures nous sommes en vue de "notre" ile : un petit caillou dans l'océan.Bijagos 2011 056

L'îlôt de Kéré. Beau comme un diamant dans le paradis des îles. Nous accostons sur une minuscule plage, et sur l'île, entre les baobabs et les palmiers, des cases. Il serait indécent de dire " des bungalows" tant ils s'intègrent si parfaitement dans la végétation .Bijagos 2011 061Dans le batiment principal -  bar, salle à manger, cuisine -Bijagos 014 Laurent, l'heureux propriétaire nous salue et nos présente son équipe. Bijagos 2011 181Camille, guide de pêche, qui nous ramène aux années baba-cool par son look, Bijagos 015Renaud, et son large sourire plein de dents, Bijagos 019et Maria qui a l'oeuil sur le bar et sur toute l'équipe des cuisines. Ce sera notre premier repas de poissons.

   Nous ne nous attardons pas longtemps à table. Le bateau est prêt, et celui qui nous accompagnera tout au long du séjour, nous attend. C'est Betto, l'indispenble. Assis sur le moteur, il conduit la barque, décroche les lignes, fait les noeuds, démèle les paquets de tresse, etc, etc....Et comme, sur la barque, je suis assis à côté de lui, c'est surtout moi qui en profite ! Inutile de dire que les copains me le font savoir ! Mais, n'est-ce pas le privilège de l'âge ? 

    Après quelques minutes de navigation sur une mer calme, Betto arrête la barque à proximité de roches basaltiques qui affleurent. Je balance un rappala pas très gros, juste contre la partie  émergeante du rocher ; il disparaît aussitôt dans un grand remous et je me retrouve avec un gros "bestiaux" au bout du fil ! C'est un peu rapide, comme entrée. J'arrive à maintenir l'animal un bon moment près de la barque, jusqu'à ce qu'il décide de se dégager. Pas l'habitude de pêcher des formules 1 ! Je ne sais si je peux encore tirer, si ma tresse tiendra, si ma canne n'éclatera pas... Je cède un peu de fil. C'est ce qu'il ne fallait pas faire ! Voilà ma première carangue qui tourne autour du rocher... Terminé ! Une tresse, c'est extrèmement solide, à condition qu'elle ne frotte pas quelque part quand elle est tendue. Cassé ! 

   Pour me montrer qu'il est le meilleur, chose dont je ne doute pas, J-P...en pique une qu'il montera d'une main de maître. C'est facile : il s'est entraîné tout un séjour, l'an passé. Ce ne sera pas la plus grosse, mais c'est la première, et elle mérite la photo.

 Bijagos 2011 068

Je suis sûr qu'elle est plus petite que celle qui m'a cassé - même - et surtout - si je ne l'ai pas vue !

   M... cassera aussi son premier gros poisson, mais il prendra deux baracudas et trois minuscules mérous.

  Retour au camp où nous savourons notre première bière fraîche - ça deviendra une habitude - avant l'apéro et le repas. Nous sommes nombreux à table. Il y a un couple avec ses deux enfants qui sont là pour la 7ième fois et des gens de Bissau venus en week-end. Nous comparons les carpaccios de carange, de carpe rouge et de baracuda. Le poisson, ça sera le menu de chaque repas, magnifiquement préparé par l'équipe de la cuisine. Un grand plaisir, sauf pour Renaud, le guide, qui n'aime absolument pas ça ! Il ne reste rien d'autre à faire.  que d'aller au lit. Je dors dans la même case - chambre ? bungalow ? - que M...alors que J-P... partage la sienne avec M-P... son épouse et Emma, sa fille. Pour l'électricité, le " groupe " ronronne encore un peu et cèdera la place au courant " solaire ". Tout est parfaitement organisé. Quel bonheur de se coucher quasiment nu, sans même le drap sur le corps. Il fait chaud, mais c'est très supportable. Même pas un moutique pour troubler mon sommeil.

   Le 3ième jour, nous sortons nos cannes à mouche. La mienne, achetée d'occasion- pas cher - sur internet s'avère de qualité égale à son prix.Très dur de fouetter avec un soie de 8, une grosse mouche trop plombée sur une " queue de vache ". Je ne savais pas que les petits poissons du bord ( autour de 30cm ), se prendraient à quelques centimètres sous la surface. J-P..., plus vaillant que moi pour sortir du lit, a  fait quelques oleps qui serviront d'appat pour les deux cannes de surf-casting plantées en permanence sur la plage. En morceau, ou même en vif : barracudas garantis. Petits ( 60-70cm ) ou gros ( 1,2 - 1,5m ).Vers 9h, nous embarquons, Betto au moteur.. Betto : un calme inébranlable, dans un corps de pilier de rugby. Et même plus ! Semblable aux arbres d'ici. Et quels arbres ! En trois heures de pêche, le matin, seul J-P... et M...feront du poisson.Bijagos 2011 140 Trois ou quatre barracudas, plutôt petits ( 60-70 cm ) Un maquereau et une carpe rouge de deux kilos environ, sortis de l'eau avec l'aide de Betto.Bijagos-2011-Michel-063.jpg. Pas de quoi pavoiser. M...commence sa longue série de casses sur  les carangues. Et moi, totalement nul. Rien. Pas le moindre bébé merou !

.   On revient au lodge pour manger. Le repas est excellent, avec, bien sûr, du poisson. Ca discute, ça parlotte... 16h : c'est le moment de repartir. Trop de pemps perdu à table. A payer le bateau pour la journée, autant prendre le casse croûte. Surtout qu'avec Betto, pas question de descendre batifoler sur le sable pour manger. Sandwich d'une main, canne de l'autre ! On ne chôme pas, aux Bijagos ! Il nous emmène d'un poste à l'autre, tout autour des îles. Nous lui faisons confiance. Le choix se fait en fonction de la marée et des rochers, plus ou moins immergés. Roches basaltiques noires, très gourmandes en leurres. Mais encore une fois, du haut de son moteur, Betto est là ! Canne à la main gauche, maoeuvre du moteur de la main droite, par de violentes secousses, il libère la ligne. Nous sommes montés costaud, et le triple qui a souvent un peu souffert, est à changer.  

   Les leurres, toute une histoire ! Le voyage pas avion a ses impératifs. Craignant que notre matétiel ne s'égare lors d'une escale, nous nous assurons d'avoir le minimum pour pêcher dans le sac cabine. De plus, le transport par tube est devenu hors de prix. D'où l'achat de deux cannes en 5 brins. Les triples dans la cabine, ça, ils n'aiment pas ! Il a donc fallu désarmer tous les leurres, ce qui nous oblige, à l'arrivée, à mettre des hameçons et des anneaux brisés de mer , emportés dans les bagages en soute. Avec les carangues, faut pas lésiner sur la qualité du matériel. Comme d'habitude, c'est J-P..., au bout de la pirogue ( en alu, quand même ) qui ouvre le bal... et qui décroche la première carange. Pour  M... ce sera sa deuxième casse. Quant à moi, en arrivant près des cailloux, j'envoie mon rappala ( ou popper, je ne me souviens plus ) dans les brisants, contre le rocher. A peine tombé, il est happé dans un gros remous, et le festival commence. Je suis équipé de ma shimano de 40gr, la plus légère, avec un moulinet que j'ai depuis des années ( acheté dans les années " franc" ) dont je me suis très peu servi, et qui, de par sa forme a été qualifié par un copain d'   "extra terrestre". Le premier départ est très violent, mais l'animal n'est pas malin : il part en pleine eau. Là,  je me sens assez fort ! Après l'avoir " pompé " il me fait subir ses rondes sous le bateauBijagos 2011 Michel 067

Surtout, ne pas le toucher, ni avec la tresse, ni avec la canne. Tendue comme elle est, le moindre frottement serait fatal. C'est mon premier " gros " poisson de mer. Je ne me sens pas très à l'aise. Au bout de 10 à 15 mn le poisson se rend et Betto, qui a mis un gant, attrappe le bas de ligne et met le tout dans le bateau. Content, le papi. Ca change des goujons du Tarn !

   Ce ne sera pas tout : j'ajoute une autre carangue plus petite et un petit barracuda de 60-70cm. De quoi avoir le sourire. Pesées, on m'annonce 6,7 et 3,4 kg. C'est un début. Et  la fin pour mon moulinet : l'axe n'a pas résisté et s'est un peu cintré ! 

   Avant l'apéro, M... et Camille, le guide, réparent ma segonde canne ( 60gr ) cassée au niveau de l'anneau de tête, pendant le voyage. Faudra que je pense à engueuler B... qui m'a vendu un outil sans tube !

   Discussions de bar, où on apprend que l'autre ancien, "tonton" a pris à la traine un barracuda de 12kg. Et on passe à table...Qu'ils sont bons, ces carpaccios ! Ici, pas de télé - ni "vision" ni "phone". A la case et au lit pour en ronfler une... (d'après M...)

   Jusqu'à present, ça nous avait plutôt bercé, le matin. Mais là, ça devient un peu gonflant ! Il va falloir s'y habituer à ces tourterelles. Dès le lever du jour, vers 6h, elles allument la sono. Un rythme bien précis, répété des centaines de fois. Un couple de pigeons, qui roucoule, c'est harmonieux. Des centaines, ça gave, à la longue ! Mais c'est quand même mieux que le péréphérique de Toulouse à 7h.

   Après le copieux petit déjeuner, on prend les cannes à mouche et on va sur le petit bout de plage. A marée basse, de l'autre côté d'un chenal, se crée un grand banc de sable où nous pouvons pêcher pendant deux heures. Traversée du chenal en canoë. Je m'imagine : un tonneau enfouchant une allumette !Bijagos 2011 Michel 018 Va falloir arrêter de vouloir jouer les jeunes !  J'économise mes genoux pendant que M... et J-P.... partent sur le sable Bijagos 2011 099

J'ai fabriqué des mouches et des streamers. Trop plombés pour mon fouet. Seul, J-P... ( encore lui ! ) prend une carangue et en décroche une autre. Bijagos 2011 Michel 075Preuve qu'elles mordent aussi à la mouche. Je me sens un peu nul, avec ma bredouille. M.. prend quelques oleps et  un maquereau-bonite.

   On reprend le bateau après le repas, toujours avec Betto sur le moteur. Camille nous accompagne pour dispenser ses lumières..Pêche  à la dérive, par 15m de fond. Au leurre et surtout au madaï. Quel truc bizzare que ce leurre ! Une sorte de coquillage multicolore ,  lourd ( 100 gr ) d'où sort une " jupe " faite de bandelettes en plastique coloré. Ca, en magasin, je l'aurais traité d' "attrappe pêcheur". Et pourtant, je suis le plus sceptique et c'est moi qui en prendrait le plus : Deux carpes rouges de 1 et 2,5kgBijagos 2011 147 Deux otolithes que je découvre et qu'on mange le lendemainBijagos 2011 127

M...fait une carpe Bijagos 2011 137. et J-P..., une belle carangue, et autres carpesBijagos 2011 164 Nous sommes contents de notre après-midi

   L'apéro est accompagné de noix de cajou, grillées sur place.Bijagos 2011 Michel 047 On en voit partout sur les arbres. Très bon : une saveur rappelant un peu la châteigne ( selon M... ) Du fruit, on en fait une boisson alcoolisée.

   Ce matin, ça roucoule au réveil. Pas nous ; les tourterelles. Quel plaisir de se déplacer pieds nus. Il y a du sable partout, sauf sur le tour de l'île. A part les quelques mètres de plage, nous sommes entourés de rochers basaltiques. Pour aller pêcher là, par contre, mieux vaut avoir de bonnes chaussures.

   Départ comme d'habitude, vers 9h, pour une journée complète. Le casse-croûte est prévu. Betto est toujours assis sur le moteur. Il manoeuvre l'accélération et la barre entre les jambes.  Avec beaucoup de dextérité pour maintenir le bateau au plus près des rochers, pour aller décrocher les leurres, pour maintenir le pêcheur en bonne position par rapport au poisson. Et en plus, il s'occupe de défaire les pelotes de tresse, sort les poissons de l'eau, et s'occupe de...mon bas de ligne les copains jasent toujours... Laissons les dire !

   A plus d'une heure de bateau, nous arrivons sur des bancs rocheux. La marée est presque basse. Nos pappalas et poppers ont à peine atteint l'écume que le festival commence. Les carpes rouges sont de sortie.Bijagos 2011 085 Il ne faut pas laisser à cet animal le temps de réfléchir ; sinon, direct au trou et casse assurée. La grosseur ? De un à trois kilos. Il paraît que dans le coin, elle ne sont pas très grosses.  Le plus extraordinaire, c'est le spectacle des aiguilles quand elles sont piquées. Elles filent comme des flêches, bondissent dans tous les sens et se décrochent les trois quart du temps. Pas des petites aiguilles, mais des poissons de plusieurs kilos que Betto gardera, avec une carpe rouge,  pour lui et pour l'ophelinat. Sans parler des maquereau-bonite qui attaquent tout ce qui brille - noeuds, émérillon...- et qui cisaillent le fil ou la tresse avec une facilité déconcertante. J-P prend aussi une petite carangue, et un beau barracuda qui feront notre repas de demain. C'est une journée exceptionnelle par le nombre de prises.

   Le soir, encore un bon repas - de poisson - et un bon lit dans la case. Pas le moindre moutique et la température est idéale...

Bijagos 2011 142   Laurent, l'heureux propriétaire de ce petit coin de paradis, mis en appétit par nos récits de la veille, décide de nous accompagner et nous retournons au même endroit. Changement de programme ! Peut-être que l'eau est un peu plus haute.... Ce qui est sûr, c'est que la pêche s'annonce mal. Pas de carpes, pas de carangues. Laurent qui, près de moi pêche avec une canne qui me paraît bien légère, en pique une. Et une grosse ! " Tu veux ? Prends..." et me voilà avec, à la main, un lancer que j'utiliserais bien pour le black-bass, au petit popper ! Il plie, pointe dans l'eau, sous la barque.Bijagos 2011 124 Ne rien toucher, sinon ce sera l'explosion .

 La carangue, après trois ou quatre départs fulgurants, se met à tourner sous la barqueBijagos 2011 160  Je vois les reflets du poisson : il me paraît énorme, surtout au bout du brin ce canne. Mais c'est du solide, et ça tient. Betto attrape la gaffe et sort un poisson que nous estimons à 12 ou 13 kg. Ce n'est certainement pas un record pour le pays. Pour moi, si ! Bijagos 2011 Michel 100. La pêche continue. M... pique lui aussi sa carangue. Mais la tresse, mal embobinée sur le moulinet, fait une énorme perruque ! Pas grave. Il se passe de la canne et ramène le poisson à la main !Bijagos 2011 Michel 090 On se pose la question : "est-il bien utile de dépenser son argent en cannes onéreuses, qui en plus, risquent de casser ?! " J-P... qui les vend : " oui, c'est utile !!! "

   Ces poissons chassent en équipe, et quand l'un de nous en pique un, les copains peuvent se préparer. C'est ce qui m'arrive avec Laurent. Nous avons deux attaques simutanées. Lui, il décroche, et moi, la main sur la bobine du moulinet,  je n'arrive pas à maîtriser le rush. La tresse passe derrière un rocher : fin de l'épisode.

   Le soir, on accompagne le poisson de M... et J-P... d'un petit vin blanc, et la grosse que j'ai combattue avec la canne de Laurent sera pour l'orphelinat.

   Nous sommes le septième jour après notre départ de France. Le matin, pêche du bord sur le banc de sable., en face de la plage de Kéré. M... et J-P... ne font rien, ni à la mouche, ni au lancer. Je prends un élops qui servira d'appat pour pêcher de la plage. Et aussi un mérou. Dans notre imaginaire, le mérou est un gros poisson présent en Méditerranée, très recherché par les pêcheurs sous-marin - et même protégé. Le mien mesure 25cm ! Seul J-P... en fera un durant le séjour d'un peu plus joli Bijagos-2011-Michel-088.jpgIl suffit de bien racler le fond avec le rappala. D'ailleurs, c'est souvent avec de la "salade", qu'on le ramène. Je ne crois pas que ce genre de mérou devienne bien gros. 

  Après le repas, bien que ce ne soit pas notre pêche préférée, nous allons essayer la traine, avec des cannes prétées.Les nôtres sont trop légères. Impressionnante la dimension des leurres utilisés des poissons nageurs de l'ordre de 25cm ! Cannes plantées sur le bateau, nous partons en promenade. Nous brûlons de l'essence...Le temps passe... Et le moulinet de M... se met à chanter ! Il prend la canne fortement pliée, se laisse déséquilibrer par le roulis du bateau et la tresse touche la coque... C'est fini. Le barracuda est parti avec des hameçons plein la gueule et quelques dizaines de mètre de fil. Et plus rien. Une petite demi-heure au madaî ne rapportera rien de plus ( si ce n'est un autre petit mérou )

   Fin de la journée à la calée. Deux cannes plantées sur la plage, et pêche à la mitraillette pour prendre les élops qui serviront de vif. Il fait presque nuit, et, depuis les transats, à quelques mètres, M... et J-P... surveillent sans passion. Mais " voyou " est là, couché dans le sable.Bijagos 2011 243 " Voyou " est un chien  qui a la particularité d'aboyer quand il voit bouger la canne. Un chien de pêche, en quelque sorte ! Il informe donc nos pêcheurs des touches !  Ce qui ne les empêche pas d'en manquer deux simultanées, signalées par un aboiement soutenu. C'est la marée haute : il souffle un vent humide et frais. Le temps change. La saison des pluies commence en mai. 

   Les touterelles roucoulent. Leur rythme est immuable : deux longs, deux courts.Z,Z,Z... en morse, et cela en même temps, répété des milliers de fois. A vous donner envie de les mettre avec des lardons dans des petits pois. Surtout quand on est en manque de viande fraîche ! Ces oiseaux sont gris très foncé, plus foncé que nos tourterelles sauvages ou que celles du Maroc. Avant le déjeuner, petit coup de rappala. Je n'attrape qu'un rocher, et c'est M...qui, à marée basse , le récupèrera.

   Bien sustentés, nous partons en mer. La matinée commence mal et malgré nos lancés assidus, et le panel de leurres que nous offrons, vers midi, nous sommes encore  bredouilles.

   Un peu avant Kéré, arrêt sur une pointe de rocher. Et nous recommençons à peigner la mer. J'ai mis mon gros popper blanc à tête rouge sur ma Garbolino cinq brins de 20-60gr, armée d'un moulinet shimano 10000. Un peu lourd, tout ça, pour mes petits biceps !  Mais avec ce gros leurre, je me sens mieux armé qu'avec ma shimano de voyage de 14-40gr. Et surtout plus à l'aise qu'avec mon moulinet Daîwa. Le Mitchell repose dans la chambre, paix à son âme !  Des moulinets tout juste bons pour les sandres de Méquinenza !

   Je lance donc mon popper que je ramène violemment, selon les conseils de Betto. Loin devant moi, près de la mangrove. A peine tombé, il disparaît dans un beau remous. C'est le moment magique, aussitôt suivi d'un départ fulgurant. Je freine à mort ( la mort de ma canne ! ) pour éviter les rochers. Ce n'est pas très gros, et en moins de 10mn, c'est au bateau. Nous gardons : Betto a besoin de poissons pour le lodge et l'orphelinat. C'est à peine si le poisson s'est rendu, qu'une violente chasse se déclare en pointe de barque. Sous le nez de J-P... qui lance à droite et moi à gauche. Et c'est reparti... Celle là me part en pleine eau, loin des rochers, et si je mets plus de temps à la ramener, c'est pour en profiter d'avantage... Betto se penche déjà pour attraper le fluorocarbone quand tout se décroche Perdue. Evidemment, les copains qui n'ont encore rien pris, jubilent. Puisque c'est ainsi, je dédaigne le côté rocher et je jette loin, en pleine eau. J'ai dû lui tomber sur la tête pour qu'elle attaque si vite !.Fort de ma canne solide, et de mon expérience grandissante, en 10mn elle est dans la barque. Ca grogne de plus en plus, vers l'avant. J'ignore. Et je relance. Rien à la tombée. Je ramène vite et à trois mètres du bateau, à travers mes lunettes polarisantes, je vois surgir la bête des profondeurs et happer mon leurre. Elle est belle , celle là. Elle me fera travailler plus longtemps. J'en ai mal aux bras, mais quel bonheur ! Trois carangues et une de décrochée en une heureBijagos 2011 209

      La plus grosse ; 8,9kg, pesée Ce ne sont pas des records, mais quand même... Et Betto qui m'appelle " M... la carangue". On en parlera longtemps.

   J-P... fait un maquereau-bonite. Ils n'ont pas de chance, ces poissons. Comme ils coupent toutes les lignes , nylon ou tresse, d'un simple coup de dent, il est d'usage de les occires. Comme quoi, la vie ou la mort se décide bien en fonction du trottoir sur lequel on naît. ( Ce n'est pas moi qui l'ai inventé ! )

   Avant de reprendre le bateau pour l'après midi, M... se permet d'attraper, sur les cannes qui sont toujours disponibles  un beau barracuda de 14kg.Bijagos 2011 Michel 106

 Il en prend encore un sur le bateau, avec quelques carpes. Mais à sa longue liste des casses, il ajoute une carangue: il avait bien repéré une petite boucle, sur la tresse... Une négligence qui ne pardonne pas.

   Emma, qui nous accompagne, digne fille de J-P... et M-P... sort aussi une belle carangue, qu'elle est heureuse de présenterBijagos 2011 Michel 026   Retour sur la plage où on ne prend rien. Ni au leurre, ni au tendu. Seuls les élops se laissent tenter à chaque coup de " mitraillette ". Mais à quoi bon, puisque ça ne mord pas au vif.

   Tous les matins, avant même le lever du jour, un client du lodge est sur la plage, derrière ses cannes. Je m'approche au moment où il a une touche. Je suis au plus près de la canne. J'hésite un instant de trop à m'en saisir. Et la voilà dans le sable qui file vers l'eau. Le plongeon que je fais sur le moulinet est digne d'un joueur de rugby -- enfin, presque ! Je manque la touche, mais je récupère la canne. Elles tirent, ces petites bêtes ! On remet un appat. Attente de quelques minutes, et c'est reparti...Cette fois, je laisse mordre, canne en main. Du bord, équipé de grandes cannes, sur du sable,  le combat me paraît plus facile. La carangue que je ramène pèse pourtant 8,5kg.

   Tout le monde part en bateau.J-P..., M-P... et Emma, M... et moi. Avec toujours Betto assis sur le moteur. Il est solide, ce moteur ! Les dauphins nous accompagnent.Bijagos 2011 227-copie-1

Sur le poste, à marée descendante, l'eau est touble. A la limite de cette eau qui remue du sable, et de l'eau claire, nous assistons à un festival  de chasses. Ce sont de violents remous au milieu d'une explosion de mulets. Le festin des carangues ! J-P... en pique deux, dont une qu'il fait monter par emma. M-P se bat aussi avec la sienne.Bijagos 2011 Michel 033 

D'où la belle photo de familleBijagos 2011 Michel 038

Et celle du meilleur pêcheur du séjourBijagos 2011 Michel 025

Sur une chasse, J-P..., M... et moi piquons chacun notre poisson. difficiles à diriger, ces torpilles : ça part, ça revient et...ça se croise ! Et alors, Betto est arrivé, sans se presser... Deux tenant les cannes et un autre les tresse, il arrive à mettre les poissons au sec. Deux belles carangues de 8 Kg chacune. Et la troisième ? c'est celle de M...,encore décrochée.

  C'est bien connu, pour un pêcheur plus loin, c'est toujours meilleur. Betto nous emmène plus loin, sur un banc de sable qui se dégage à marée basse. Hier, une équipe a fait un carton... C'était hier. Nous ferons une quasi bredouille. Mais le coin est beau et la plage immense...Bijagos-2011-Michel-006-copie-1.jpg

Le vent s'est levé. Le retour vers Kéré est un brin secoué. Profitons bien. Plein les poumons. Demain, c'est l'avion du retour qui nous attend.

   Le déjeuner est tristounet. Jusqu'à ce que laurent nous dise : "Allez, pas envie de faire une dernière partie ? "¨Pas besoin de nous prier et nous sautons sur une occasion qui ressemble à un cadeau de départ. Mais non. La sortie nous sera aussi facturée ! ( 125 € pour deux heures, quand même ! ) Nous avions oublié que derrière le côté " copain " il y avait aussi la côté " business " ...D'ailleurs le dépassement sera aussi conséquent : de l'ordre de 900 € à quatre. En comptant M-P... qui pourtant n'a pas beaucoup participée à nos sorties de pêche. Mais nous avons usé du bateau plus que prévu dans le contrat. Et ça, c'est cher, parce que ça boit beaucoup. Il y a le bar, aussi ...( ou le tarif des boissons est tout à fait correct ). Surprenant aussi le décompte des bouteilles d'eau minérale : 50 unité pour 7 jours de pêche ( et parfois la demi-journée seulement ) soit 2,3 litres d'eau pour quelques heures de sorties journalières. C'est sans doute ce que préconiserait nos urologues, à moi et à M..., pour soigner nos calculs. Nous l'aimons bien, l'eau, mais pas trop plate ! Des détails, mais qu'il vaudrait mieux noyer dans quelques euros de plus ajoutés au prix global. Petites mesquineries qu'au demeurant l'équipe, patron compris, ne mérite absolument pas;  le service fourni étant irréprochable. Tant dans la restauration, l'hôtellerie (on vous lave même le linge ) et l'organisation des sorties de pêche.

   Après le repas, nos valises sont chargées sur la grande pirogue.  Au revoir, Laurent, Camille, Renaud, Maria, Betto et tous les autres

   la marée est basse et à l'arrivée à Biombo le pilote est obligé de descendre et de tirer le bateau à la main, dans la vase de la mangrove. Marche dans la gadoue jusqu'au lodge, où la douche sera la bien venue.Bijagos 2011 262

   Le retour sur piste et goudron se fait en taxi : plus confortable qu'à l'aller. C'est le premier mai, jour de fête en Guinée-Bissau. Beaucoup de monde endimanché se ballade de part et d'autre de la piste. De puissantes sonos animent les places des villages. A Bissau, sur une route défoncée par des travaux, le taxi zizague entre les piétons et nous amène manger chez " le corse ", rendez-vous de ce qui semble être la société aisée de la capitale. Ambiance, bruit, chaleur du soir... Souvenir des brochettes au gris de Boulaouane, à la terrasse de quelque bistrot de Meknès.... C'était, il y a.....très, très longtemps

   Nous attendrons l'avion à l'aéroport. Tellement longtemps que nous manquons la correspondance à Lisbonne. Arrivés à Toulouse 30 heures après le départ de Kéré. Trente heures passées sur des fauteuils très inconfortables. Surtout pour dormir. Et bien sûr, un bagage manquait à l'arrivée. Le sac de J-P... lui sera livré, chez lui, deux jours après.

   En deux mots, voyage mention " très bien " sous tout rapport. Prêt à y retourner ! Bijagos 2011 189

 

Suivent quelques autres belles images.

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Bijagos 2011 158Bijagos 2011 239

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 08:08

                               Croatie, Serbie, Slovénie...

 

   A peine sorti du boulot, J-P... a juste le temps de déposer ses affaires de pêche dans la soute du camping-car, de ranger deux ou trois polos et petites culottes dans le placard, et nous voilà sur la route... Privilège du retraité : j'ai eu toute la semaine pour remplir les placards. Ce qui veut dire que, de peur d'oublier quelque chose, je suis paré pour un voyage de six mois ! Nous partons pour une douzaine de jours. Pour la Serbie, en passant par la Croatie à l'aller, et par la Slovénie au retour. Enfin, en principe, car avec le camping-car, toutes les options sont possibles, au gré de l'humeur du moment, et surtout en fonction des conditions climatiques. Et cette année, j'ai envie d'aller explorer des rivières qu'un moucheur serbe, "ami d'un ami", m'a indiquées.

   Le soir, nous dormons à d'Aix en Provence, près du garage des pompiers. C'est toujours trois cents kilomètres de gagnés.

    Nous avons décidé de passer par Turin. Ca tournicote un peu trop, du côté de Tallard, Briançon, le col de Montgenèvre ... Et pour les péages, moi qui ai toujours dit qu'en Italie, tu prends ton ticket en entrant, et tu paies en sortant, je me trompais lourdement ! Ici comme en France, tu paies un euro par ci, trois euros par là, et tu t'arrêtes donc tous les dix ou vingt kilomètres ! La multiplication des péages, il n'y a pas qu'en P.A.C.A !

   Mille kilomètres plus loin, nous voilà sur la Kupa, frontière entre la Slovénie et la Croatie. Pour la cinquième fois. En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 003-copie-1Même les ombres du coin me saluent. Depuis le temps que je viens sur cette rivière, j'aurais dû marquer les poissons relâchés. J'aurais sans doutes repris des vieilles connaissances ! En plus, cette année, j'étais là il y a à peine quinze jours, avec dix copains du club "mouche".

  Cette fois, le passage entre la Slovénie et la Croatie, après Trieste, se passe bien malgré la nouvelle règlementation qui interdit d'importer viandes, oeufs, fromages, lait et autre produit animal comme.... les plumes pour faire les mouches !! Nous en avons fait l'expérience, il y a environ trois semaines. Nous étions quatre voitures. Les trois premières sont passées sans encombre. La quatrième qui s'était arrétée malencontreusement deux ou trois mètres après le "stop", a été vidée de tout son contenu, avec confiscation de  veau, vache, cochon et ...plumes de coq. C'était aussi la voiture qui transportait tous les pique-nique pour onze gais lurons qui ne chipotent pas sur la gamelle et la boisson qui l'arrose ! Et les trois autres voitures arrêtées à proximité pour les attendre, avec leurs occupants qui "bâdaient" le spectacle, sans trop frimer, d'être rappelées par la police, avec une autorité aux relents d'un passé pas si lointain, pour être fouillées et dévalisées à leur tour. Finalement, nous avons en quelque sorte négocié notre expulsion, et d'un demi-tour rageur (rage toute intérieure : ce n'était pas le moment de rouler des épaules ! ) ,nous retournions en Slovénie ou Nada, qui devait nous recevoir sur la Sava en fin de séjour, nous ouvrait ses portes dès le début.

   Donc nous repassons par la même douane en camping-car, quelques jours plus tard. Avec nourriture, et plumes pour faire les mouches; c'était peut être un peu risqué. Eh bien nous sommes passés, mieux que, de nos jours, une lettre à la poste !

  Je connais, avant la descente qui mène à la rivière, une petite source bien aménagée : un endroit sympa pour  passer la nuit, et pour faire le plein d'eau potable.

   Le matin, petit déjeuner tranquille. Première étape du séjour, la Kupa : j'en connais les coins, les recoins, et quelques ombres me reconnaissent ! Descente sur Brod Na Kupi, village frontière entre la Slovénie et la Croatie. Nous serons amenés à traverser souvent, d'un pays à l'autre, sans le moindre problème.

   C'est au bistrot du coin que nous prenons le permis journalier à... 36€ ! Plus de 50% d'augmentation en un an ! Voilà de quoi déséquilibrer sérieusement nos prévisions de budget. Un petit tour sur le pont suspendu pour voir comment se présente la rivière, et nous remontons sur quelques kilomètres. En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 002

   Arrêt au niveau d'un pont où la traversée n'est autorisée qu'aux autochtones. Maintenant, il y a une barrière fermée à clé. Autrefois, il n'y avait qu'un panneau interdisant le passage. Ecrit en Croate. Déjà qu'en anglais nous avions du mal...  Avec C..., nous étions passés en camping-car, ce qui n'avait pas fait rire du tout le douanier du poste suivant à qui nous avions eu la naîveté de lui raconter. Il nous avait fait le signe très expressif de deux poignets croisés, pour nous expliquer ce que nous avions risqué. Bon ! Cette fois, si on traverse, c'est à pied. Notre permis est valable des deux côtés de la rivière.

   Les eaux sont claires mais assez fortes. Quelques fouettés sur une lande de gravier et nous ramenons des ombres pas très gros. 

 

En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 034.                                                          Le premier contact est très moyen. Nous reprenons un peu la route pour nous arrêter à " mon virage" ! La première fois que je suis venu, j'y ai pris sept gros ombres de 40cm environ, et C... avait donné mon nom au coin !

J-P... pêche la lande du dessous : il fera un "carton",  surtout en arrivant en amont, dans les "gorges" . Un bien grand mot pour un simple retraississement entre les roches. Je me contente de trois ou quatre poissonsCroatie et Slovénie 2009 107.                                                    Ce sera pareil pendant tout le séjour : pendant que je bricole deux ou trois ombres dans mon coin, lui en cartonne une quinzaine. Je ne pense pas que ce soit une question de chance... ! Déjà, au Canada, M... et J-P... m'ont mis de belles déculottées. A côté, je me sens un peu un bricoleur de la pêche à la mouche. Qu'importe : j'aime ! Le principal, c'est de se faire plaisir. Et en plus rien à voir avec le fait que je marche de plus en plus difficilement dans les cailloux et que je parcours de moins en moins de rivière : J-P..., lui, se plante au fond d'un plat et sort les poissons quasiment sans bouger de place ! Moi, je remonte le courant, écrasant le gravier de mes gros godillots. Godillots cloutés, qui plus est ! Je ne prends pas les truites en traître : je m'annonce bruyamment. Dans les plats ou en fin de courant, ça agite le monde sous l'eau : je fais le vide autour de moi et je ne suis pas géné par les gobages ! Bon ! il faut que je révise mes plans de bataille.

     Nuit auprès du centre de loisir désafecté : une habitude, en cinq ans.Croatie et Slovénie 2009 072 La seconde journée de pêche s'annonce belle. Pour varier les plaisirs, décision est prise d'aller vers le haut de la Kupa, au dessus du second poste de douane qui ouvre sur un parc nationnal. Il n'est pas question d'aller plus haut, chez Joseph. La route est certes goudronnée, mais très étroite et sinueuse, ravinée par endroit, et le camping-car, s'il est capable de descendre, aurait bien du mal à remonter. Mais il nous est impossible d'obtenir le permis pour la partie en amont de la douane. Aux deux endroits où nous avons tenté notre chance, il nous a été répondu  qu'il n'avaient plus de cartes ... Bon, pourquoi pas ! Ca nous aura forcé à boire  deux "pivo". Donc, retour en Slovénie (Taxe de 1,66€ pour passer la frontière ! ) où, à l'hotel Kovac on nous vend la licence journalière de pêche pour...20€ ! 16€ de moins qu'à Brod Na Kupi pour la même rivière. L'excuse, c'est qu'en Croatie, on a aussi le droit de pêcher la petite Kupica.

   Je suis J-P... qui choisit un fond de lame bien lisse. Il voit de l'ombre partout. Mes lunettes polarisantes ne doivent pas être aussi performantes que les siennes. A travers l'eau parfaitement limpide, le lit de gravier est pour moi totalement désert. Je me concentre... Je commence à repérer quelques poissons, souvent grace à leur ombre portée sur le sable ou les graviers. Grace à l'ombre de l'ombre, en quelque sorte ! C'est peut être de là qu'il tire son nom, ce poisson.

   J-P... pêche. Un posé délicat de sa mouche au dessus de celui-ci : pendu ! Un posé au dessus de celui là : pendu.... J'admire ! Il s'éloigne. A moi de faire. J' en sors deux ou trois, tous plus jolis les uns que les autres, de 35 à 40 cmEn ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 033-copie-1. Mais j'ai toujours des fourmis dans les jambes, et j'ai du mal à limiter mes ballades. Il me semble que la petite veine d'eau, là-bas, à quelques mètres, sera meilleure. Pourtant, rester immobile est payant : d'abord paniqués par le bruit fait en marchant sur le gravier, le poisson se remet en poste autour de soi. Patience. Moi qui me plains toujours de mes vieilles guiboles, c'est pourtant un bon moyen de les économiser.

   Nous pêchons à 50m l'un de l'autre, et nous prenons du poisson : un pour moi, cinq pour J-P... 

   Ce soir, campement près de la source, ce qui nous permet de refaire le plein d'eauEn ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 010-copie-1, après une bonne douche bien chaude. Etude de l'itinéraire pour demain : direction la Serbie, à 700km plus loin. J'appréhende un peu : le camping-car donne certains signes de faiblesse au démarrage. Il me faut tourner la clé plusieurs fois pour que le démareur réagisse ! En insistant, ça repart quand même : ne pas s'affoler ...

   Il pleut toute la nuit. Et toute la journée aussi. Fort, très fort, parfois. L'autoroute, rectiligne, suit une plaine marécageuse. Les champs inondés ne nous laissent espérer rien de bon. Le GPS nous envoit dans la banlieue de Belgrade. Triste : des immeubles les uns sur les autres En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 017                                                      et en bas, sur les bords de la deux voies sans trottoirs, un imbroglio de petits commerces, avec un goût très marqué pour les casses de voitures. Que nous sommes loins des maisons pimpantes de la Slovénie, et même de la Croatie !  Vers les montagnes les maisons et les villages sont mieux entretenus, mais c'est toujours sous la pluie que nous atteignons Bajina Basta, dans le parc national de Tara, sur la Drina, à frontière Bosniaque.

   La rivière sépare la Serbie de la Bosnie. Grand cours d'eau, sous le barrage de Pérucac. L'eau arrive au pied des arbres : vraisemblablement un à deux mètres de plus que la hauteur normale. Nous faisons un peu la gueule.

   Pour le paysage, côté Serbie, petite ville de vacances, petites maison avec, au bord de la route, à même les champs, des petits cimetières d'une dizaine de tombes à peine.

   Côté Bosnie, au loin, sur l'autre berge de la Drina, disséminées dans la forêt, à flanc de colline, des ruines. Tout est brûlé, explosé. Restes d'une guerre récente.

   Nous stationnons pour la nuit sur une petite place, près d'une résurgence de trois cents mètres de long où sont postées des truites à touristes.En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 022

Il fait nuit, il pleut. Nous mangeons. Avant le coucher, J-P...sort prendre l'air et revient tout excité.. "Viens voir...". Entre deux arbres, sous la pluie fine, à la lumière des lampadaires, deux pêcheurs au fouet essaient de tenter les truites de cirque ! J-P... monte rapidement sa ligne et sort un ou deux poissons. Il y a, au milieu des arc-en-ciel, un poisson d'un jaune violent. Sont-ce des carpes japonaises ? "Mais non, mais non ! Ce sont de vraies truites. Tu vas voir..." Et sur une nymphe bien placée, il me sort cette bête venue de je ne sais qu'elle fête foraine !En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 020-copie-1

En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 021 

Arrêt sur nos excentricités, et direct sous la couette( il ne fait pas une chaleur étouffante, et ...il pleut toujours! )

    La décision d'un repli stratégique vers la Croatie s'impose. Avant de partir, nous jetons un oeil sur la Drina. Le barrage a fermé ses vannes : l'eau a baissé d'un bon mètre. Dans un remous quelques poissons" marsouinnent". Je leur offre, l'une après l'autre, mes plus belles mouches. Ils dédaignent. Sur ce coup là, je les sens plus joueurs qu'affamés. Ce ne sont pas des truites, c'est sûr, mais c'est quoi...? Impossible à reconnaître. Tout ça, sur un fond sonnore qui nous vient de la berge bosniaque. Un haut-parleur inonde toute la vallée d'une mélodie aux accents mauresques. Provocation ? En tout cas, ce n'est pas fait pour endormir les passions !

   Nous faisons une pose casse-croûte à l'embouchure d'un ruisseau sur la Drina. Un coin aménagé où une vingtaine de pêcheurs, accompagnés parfois de leur famille, mangent sous abri. Côte à côte, dans l'eau jusqu'aux cuisses, cinq ou six d'entr'eux jètent un gros bouchon dans le courant, raclent visiblement le fond, et recommencent. Ca me rappelle la pêche d'antan au barbeau. Nous ne voyons personne prendre un poisson : nous ne saurons pas ce que contient cette grande rivière .

    Pluie, nuages bas .En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 026

 Le cours d'eau que nous devions pêcher, vers Valgevo n'est qu'un torrent de boue.En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 029

 Nous retrouvons l'autoroute, et la nuit est tombée quand nous atteignons la Croatie. Heureux de ne pas être dans l'autre sens, où nous comptons 60 km de bouchon après Zagreb. Et encore nous quittons l'autoroute pour Delnice : le bouchon doit arriver jusqu'à Split. Le Croate aime passer le week-end sur la côte, magnifique au demeurant. Retour auprès de "notre" source, à quelques kilomètres de la Kupa. Il ne pleut pas !

   Ablutions et petit déjeuner et nous passons en Slovénie où nous prendrons notre permis à 20€ chez Kovac. La pluie serbe n'est pas arrivée jusqu'ici : les eaux ont baissé.

   Je pêche les courants pour cinq beaux poissons et trois ou quatre" sifflets". J-P...fait sa vingtaine d'ombres : une habitude ! Même rapport pour l'après midi où, alors que je sors sept ombres de 35 à 40 cm, il en prend trois fois plus que moi, et sur les plats, en plus ! Moi, il me faut un peu de courant, ça permet quelques approximations dans le fouetté et dans le posé...

   Le soir, nous nous offrons le repas chez Kovac. Bof ! Du décongelé style cantine amélioré ( à peine ) . Pas très cher, pas terrible ! Nous rêvons des cochons grillés au barbecue aperçus dans différents restaurants du bord des routes.

   Pour varier, sinon de rivière ou de poisson, nous allons dérouler la soie en aval, nettement en dessous de Brod Na Kupi, côté slovène. Peu de coins sont accesssibles depuis la route qui est séparée de la rivière par de nombreuses résidences secondaires ou des emplacements pour camper. Le Slovène aime visiblement le plein air. De par le nombre de bateaux qui dévalent le week-end, je m'en étais déjà aperçu ! Nous arrêtons notre camping-car à quelques mètres de l'eau, à un endroit plutôt calme qui devrait convenir à J-P... Il traverse pour pêcher le gravier d'en face et je reste sur la berge extérieure.En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 060

J'ai cinq ou six gobages devant moi. Un nid que j'exploite jusqu'au dernier des occupants. De beaux ombres de 40 ou plus. Serais-je devenu bon, tout à coup? En face, J-P... râle à cause des "sifflets" de 20 cm. Le coin, très en aval, doit être moins pêché, donc la "bête" est plus naïve. Tant mieux pour moi ! En remontant sur la berge, un gros chien râleur m'arrive dessus ... pour se faire carresser !  Le jeune couple de campeurs qui le suit m'invite à boire la "pivo". On se comprend peu, mais le geste est universel, et je me retrouve avec une bouteille à la main , et un chien qui ne veut plus me quitter. J-P..., est un peu dégoûté par ses "ombrets" : nous repartons vers l'amont. Où nous serons deux à prendre du petit ! Bon, ce n'était pas le jour de J-P... Ca change !

   Pour le consoler, au menu ce sera foie gras aux vendanges tardives, accompagné de cèpes cueillis ce matin.

   Je suis fatigué, et en plus, mon beau wader en toile, tout neuf, prend l'eau. J'ai passé la journée à suer tout le sel de mon corps dans mon vieux néoprène. Tant mieux pour mon hypertension.. Je couche mes jambes enflées et douloureuses pendant que J-P..., sonorisation nocturne branchée, rêve à des jours meilleurs...

   Lever difficile. Pas la forme et état fébrile. Ca me rappelle un matin à Méquinenza. Mais tout passe dès que j'ai la canne à la main. Quelle formidable thérapie qu'est la pêche !

   De toute la matinée, je sors deux ombres, pour au moins vingt poissons manqués ou décrochés Alors que J-P... fait sa quinzaine habituelle. L'après-midi, je recommence le même cirque, mais devant lui. Et je me fais engueuler! " Trop de soie dans l'eau, ta courbe est mal faite, ta mouche drague..." Je m'applique. Et le soir, côte à côte, pendant que je mets trois gros ombres hors de l'eau, J-P... ne touche que trois ou quatre sifflets. Tout fier, le papi !

   Dodo à la fontaine de Delnice :  plein d'eau et  récurage des deux bestiaux ! Au menu, entr'autre, bananes flambées.

   Le séjour sur la Kupa se termine et demain quelques tours de roues vont nous amener sur la Sava, à Bistrica. Une autre découverte pour J-P..

   La rivière se pêche depuis Bled, jusqu'au lac  Bohinjsko. Le parcours est divisé en trois parties, et il faut un permis journalier différent pour chacune. Et les prix varient d'environ ....40€ à 60 € !! Ici, ils ont tout compris ! On ne va pas y passer un mois ! Nous entrons, pourtant en pleine possession de nos moyens, dans le piège à pêcheur, où nous sommes délestés des 60€. Pour une fois, on ne se refuse rien. Il y a une douzaine d'années, on prenait de très belles farios et de gros ombres, à des prix infiniments plus raisonnables..

   J'attaque la rivière au plus près, en amont de la partie choisie, juste sous le pont où passe la route. En mouche sèche. Deux lourdauds se mettent à l'eau près de moi et descendent la rivière en passant quasiment sous ma canne, écorchant la rivière de leur lourd streamer. Il semble que "ça" parle italien...Le séisme passé, je repère quelques " barres " , bien alignées en fond de courant. Je monte une nymphe et je pique aussitôt une grosse et grasse arc-en ciel mise là pour appâter le touriste naïf et bon pigeon que je suis!  Et en plus, ça pue !!! Un égoût ! je pêche dans un égoût ! L'eau de Bistrica n'est même pas trairée et se jète directement dans la rivière. Payer 60€ pour pêcher une truite de cirque dans un égoût....

   J-P... qui a commencé en aval, me rejoint : ce n'est pas l'enthousiasme ! En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 062

Nous changeons de place. Trouver un coin accessible avec le camping-car n'est pas chose aisée. Surtout que nous sommes séparés de la rivière par une voie ferrée, et  les passages en dessous sont beaucoup trop bas. Bien sûr, tout le monde se retrouve au coin le plus facile. Nous y sommes aussi, avec encore un pont, et en dessous, les grosses truites lachées font leur boulot d'aguicheuses à touristes.

   Dans l'après-midi, je prends une quinzaine de poissons dans les courants, dont trois belles mollassonnes et quelques petites nerveuses. Il semble donc que certaines arc-en-ciel -- où sont les farios ? -- grandissent dans la rivière. Un moindre mal : ça donne des poissons combatifs.

   Comme il n'y a pas de coup du soir, nous nous rabattons sur des cous de canards aux haricots verts, préparés par l'excellent " cuistologue " qu'est J-P... 

   Reste à tuer un jour de pêche. Et à prendre un autre permis ... Je ne pense pas revenir de sitôt dans cette région. Mais j'ai déjà dit la même chose... Je décide de trouver un poste et de ne plus en bouger. Calmer mes ardeurs, arrêter de courrir.C'est encore en aval d'un autre pont que je me cale. Sous ma canne, un paquet de truites en " ringuette ", prêtes à assumer leur rôle d'animatrices... Ce sont, bien sûr de belles arc-en-ciel. Dès le premier passage de ma mouche, j'en pique une. Plutôt vaillante, la petite ( de 40 cm quand même ) Et j'en sortirai 13 identiques ! Seule difficulé : changer de mouche de temps en temps, pour les surprendre. Ma GGS, gros tas de cul de canard sur hameçon n° 12, fera merveille. J-P... qui pêche en amont prendra une énormité de 70 ou 80 qui lui vaudra d'être photographié par un pêcheur envieux. Pendant qu'il tente sa chance sur un autre coup, je range et nettoie ( un  peu ! ) le camping-car pour le retour. Nous partons vers 17h par une petite route sinueuse mais fort agréable, En ex-Yougoslavie avec Jean-Pierre 076

qui nous amènera en Italie, en passant par la vallée de Tolmin, où coule la fameuse Soca.Croatie-et-Slov-nie-2009-027.jpg

   A minuit, nous nous arrêtons sur une aire d'autoroute d'où nous repartons à 3h sans avoir fermé l'oeil : il fait une chaleur moite et étouffante. Contact, et c'est reparti. Contact que nous n'utiliserons plus jusqu'à notre arrivée, puisque nous laissons tourner le moteur : à chaque arrêt, le camping-car nous fait la gueule et refuse de repartir à chaud.

   Nous voulions passer par Gènes, et nous nous retrouvons à Turin. Il faut dire que je fais un piètre copilote. Je récupère profondément ma nuit blanche et c'est J-P... qui se tapera tout le trajet au volant. Arrivée en milieu d'après midi : il fait toujours aussi chaud.

  

    

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

           

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 14:55

Une semaine au sandre sur le lac de Mequinenza

 

 

  9h30. Départ tranquille vers l'Espagne, avec B.... Nous avons décidé de lâcher les truites pour aller chatouiller le sandre. Où ? Tous les pêcheurs vous le diront : sur le lac de Méquinenza, en Espagne. La banlieue, pour nous, gens du Sud-- du midi moins le quart. Nous connaissons tous les deux ; nous y avons déjà fait un séjour, il y a fort longtemps, chacun de notre côté. B... à la poursuite des carpes, et moi, faisant les débuts au fouet derrière les black-bass. C'est un lac immense, tout en longueur. Cent kilomètres de long pour les modestes ( rares, parmi les pêcheurs ! ) et cent vingt pour ceux qui exagèrent ( c'est ce que nous dirons ! ) C'est la mer d'Aragon, à droite de Lérida, en "descendant" sur la carte. Un immense réservoir d'eau destinée à transformer la caillasse en terrain à vergers, et aussi accessoirement à la pêche. Il va falloir se coltiner 500km en passant par le val d'Aran, pour terminer au camping de Caspe. A cette saison (avril), les seuls clients sont des pêcheurs. Avec des barques partout, du petit canot de 2,8m , au puissant "Nitro", la bête des lacs. Ce n'est pas en vendant le poisson que le propriétaire d'un tel engin pourra se rembourser de ce qu'il lui a coûté ! Mais quand on aime...(et qu'on a des sous !). Nous, nous avons loué une barque en aluminium de 4,3m, avec un moteur de 10cv. Plus modeste, mais suffisant pour se faire plaisir. Nous aurions pu mettre une de nos barques au cul du camping-car. Mais quand on connaît la galère que c'est  pour pouvoir l'utiliser là-bas... Immatriculation spécifique au lac, avec taxe à renouveler tous les ans. Si je ne suis pas bon en Anglais, en Espagol ce n'est guère mieux. Alors les administrations du pays, au téléphone, ou même par e-mail...

   Passé le rituel des courses au super-marché juste après la frontière - spécialisé dans la vente par cartons entiers d'une anisette très appréciée en France - nous arrivons dans l'hotel-restaurant qui nous héberge habituellement quand nous allons passer un week-end en bande organisée à piquer les truites de la Garonne. Et B... voudrait savoir si les cailles à la "plancha" sont toujours aussi bonnes. Ca tombe bien,c'est l'heure !

   Le repas était bon, la patronne toujours aussi accueillante. Espérons que la guardia civil n'aura pas des ballons à gonfler... Je laisse élégamment le volant à B... pendant que moi, j'incline le dossier de mon siège... Repos et béatitude... Je me réveille pour voir la dite guardia civil qui nous double dans sa belle voiture aux guirlandes bleus qui clignotent sur le toit. Bizarre comme ils ralentissent après nous avoir doublé. B... les avait vus, un peu avant, attendant le chaland au bord de la route. Moi, aux trois quarts couché, j'en profite pour mettre la ceinture. "Tellement j'étais pressé de ronfler que je l'avais oubliée" dirait.... Et quelques kilomètres plus loin, voici à nouveau nos deux guardias, plus militaires que civils dans le comportement et surtout dans le geste de l'un d'eux, ne laissant aucun doute sur ce qu'ils nous commandent... On s'arrête. Papiers et explications dont il ressort que, précédemment, je dormais certes, mais non ficelé sur mon siège. "Mais maintenant je suis attaché...". "Ok. Vous pouvez contester, mais vous laissez votre véhicule ici." Je nous vois, tous les deux, faisant du stop pour aller sonner au premier avocat que nous trouverions, et lui expliquer... Et la cagnotte que nous venions à peine de créer, d'être délestée de 105€. Nous savons maintenant qu'en Espagne, une ceinture non bouclée coûte bien plus que deux repas ! Chaque fois que vous la mettrez, vous pouvez vous offrir un restau : c'est ce que vous aurez gagné! Et nous continuons de rouler. Nous ne sommes pas sur une autoroute, et c'est un peu longuet : nous arrivons vers 19h. Emplacement réservé, récupération du permis de pêche de l'Aragon, la barque pour demain : tout est prêt. Merci Internet !

    Et comme d'habitude, B... au fourneau, et moi à la plonge. Repas et au lit.

   Nous récupérons la barque - tient, c'est la même que la mienne, mais avec console et démarrage électrique : le luxe, quoi ! Je prends le volant, et à l'avant, B... s'occupe du moteur électrique.Méquinenza 086-copie-1Mequinenza-013.jpg   Petit problème : l'embarcadère est éloigné de notre emplacement. Il faudra prendre le camping-car chaque jour pour trimbaler le matos : cannes, sac à leurres, batterie, moteur élctrique. Sans oublier le casse-croûte de midi. Nous avons aussi apporté un écho-sondeur qui s'avèrera très utile pour déterminer le fond. Ainsi paré, nous pouvons attaquer ! Pour commencer, nous suivons les conseils d'un ami, habitué des lieux et allons au premier coin marqué d'une croix sur la carte. 

   Premiers coups de ligne sous une falaise, dans les "casses", éboulis de gros blocs de pierre.Méquinenza 090

   J'ai droit à deux décrochages : pas encourageant, pour un début ! Nous essayons un tas de leurres dont je ne me souviendrai jamais du nom. B..., pour ça, est une vraie encyclopédie. Encore heureux, c'est son boulot ! Au poisson manié, dans les cailloux, sur le sable, en profondeur, sur les "plages"; pêche intensive, avec un seul petit arrêt à midi pour manger. Sous un soleil de plomb. Je vois B... prendre des couleurs. Ce doit être pareil pour moi, et la crème de protection est restée au camion.

   Au milieu de la journée, au "plastique", je prends coup sur coup deux belles perches. Un poisson  nouveau venu dans ce lac.Méquinenza 003

B... fait trois sandres. Nous en mangerons un. Pas de chance pour lui. Les autres, nous les remettons à l'eau. Nous ne sommes pas à la mode du pays : ici, les pêcheurs viennent souvent avec leur congélateur, qu'ils remplissent, prenant tout, de toutes les tailles. On comprend pourquoi il y a de moins en moins de gros sandres.Méquinenza 006   Nous retrouvons le camping-car vers 19h, crevés par l'air, le soleil, la réverbération. Pourquoi, une journée en barque est-t-elle souvent plus fatigante qu'une journée à courir le long d'un ruisseau ? Nous serons vite au lit. Après la douche, le petit apéro ( j'en entend d'ici qui disent : "pourquoi petit..." ? )  et le repas.

   La journée n'a pas été terrible. Nous sentons que nous ne sommes pas encore au point. Et si les perches sont  belles, les sandres, par contre,  sont  petits

Méquinenza 017   Le lendemain, départ vers 9h30. Notre barque de location nous attend, solitaire à son ancrage. Tout le monde est déjà sur l'eau, et  depuis longtemps pour certains. " Nous ne sommes pas ici pour nous faire du mal" dirait B... Et dans le camping-car, nous dormons comme des bébés bien sages. Nous ne pleurons jamais de toute la nuit : le biberon, nous l'avons pris avant de nous coucher !

   Le remplissage de la barque est toujours une corvée. Surtout pour B... qui, pour soulager mes jambes branlantes et douloureuses, se chargera comme un mulet, me laissant le soin de porter le jeu de cannes.

   Sur toute la journée, B... varie les prises. Dans le classique, il sortira quatres sandres, jamais très gros. Ayant réussi à attraper une petite ablette, il la laissera tomber sur la tête d'une carpe.

6 ou 7 kg à peine, mais sur une tresse de 10/100ième, il faut quand même être prudent.Méquinenza 035Méquinenza 027    Et ça recommence sur un banc de sable, par 3 ou 4m de fond ! Cette fois, c'est avec un leurre en plastique muni d'un gros plomb "sabot" qu'il tente d'assommer la bête. Et quelle bête ! Lourde, pas nerveuse, collée au fond. Mais pleine de compréhension et, ma foi, très coopérative. Elle se contente de se ballader d'un côté à l'autre de la barque. Il faut quand même un petit quart d'heure pour en venir à bout, toujours sur la tresse de 10/100ième. Un silure d'environ 1,5mMéquinenza 046

 Méquinenza 052

On ne compte pas le nombre de décrochages, surtout au poisson manié. Quant à moi, je reste dans le traditionnel de Mequinenza : 4 sandres 

    Il fait un soleil de plomb et la crème solaire ne nous empêche pas de rentrer avec un lumignon à la place du pif.

    Nous avons appris une chose : la sandre, en ce moment, se tient davantage sur les "plages", par 7 à 8m de fond que dans les rochers. Bien qu'ayant déja frayé, il n'a pas encore rejoint les grandes profondeurs, où on ne prend

que quelques "sandrillons" de 30cm.

  Nous sommes encore les premiers au port . Décidément, nous ne devons pas passer pour des acharnés . Mais qu'elle est bonne, cette bière espagnole, après une journée passée sous le cagnard !

   A 10h je couche mes jambes lourdes et enflées qui vont me faire souffrir toute la nuit. Demain sera un autre jour...

   Un autre jour qui ne commence pas trop tôt : des fois que nous ne serions pas les derniers à partir ! Pas terriblement en forme, le vieux. Transpiration matinale, frissons, un peu dans du coton. Ca sent les lendemains d'un coup de soleil. Et peut-être d'un coup d'apéro... Quand on s'abstient de prendre des boissons alcoolisées pendant un certain temps, gare à la reprise ! Faut donc pas trop s'abstenir... Mais le temps est frais, le soleil voilé, la température idéale : on va se régaler.

   Sauf que les sandres ne sont pas du même avis. La matinée est nulle. Rien de rien, ni au plastique", ni au manié. nous nous arrêtons au fond d'une crique pour manger. Notre arrivée provoque l'affolement des carpes qui sont là, sur la vase, toute occupées à convoler. Il y en a des quantités. Quand tout se calme, à la surface de l'eau trouble, on voit passer une multitude de petits poissons : des ablettes. Je sors ma petite canne et sur un hameçon de 20 j'en prends quelques unes. Pas grosses : 7 ou 8cm, et pas faciles à piquer.

   Et c'est à l'ablette, plus ou moins morte - le vif est interdit paraît-il -  qu'entre les nombreux décrochages et autres "coup de nez" je sors 7 sandres, jamais très gros ( 50, 55cm). B... , à part quelques touches, rentre ... bredouille!  Ca me rapelle un autre jour, en Alaska, où,  de rage, il aurait bien assommé un saumon avec son moulinet pour pouvoir en rentrer un ! Et nous allons boire une bière à Mequinenza où nous achetons des asticots - beaucoup trop gros pour ces petites ablettes.

   Douche, repas et dodo. Classique...

  Et le matin suivant, remplissage de la barque. B...devant, chargé comme une mule, prenant soin de la santé de son vieux compagnon, et moi suivant, porteur des cannes. Merci, B...! 

   Il tombe quelques gouttes : un bon temps pour la pêche .B...  prend quatre sandres : un avec une salamandre en plastique, et les autres avec des ablettes .

Méquinenza 054

Moi, je me contente de deux poissons. C'est pour corriger le déséquilibre d'hier ! Petite  journée, sans rien de marquant.

   Impossible d'émerger avant 8h30 ! Incroyable ce que l'on dort dans ce camping-car ! Nous sommes toujours les derniers à prendre le large, et nous allons directement à "notre" coin d'ablettes. Rien avant midi, malgré la pâte que nous leur offrons. Patience : mangeons et nous verrons bien après. Il semble que nous soyons meilleurs avec le ventre plein puisque nous réussissons à en prendre quelques unes !  Grâce à elles, B...ajoute 11 sandres et 1 perche au tableau. Méquinenza 069 Moi, 7 sandres et trois perches.Méquinenza 066 Vingt et un poissons sur la journée. Le record de la semaine. Excellents ces filets de perche ! Quant aux sandres, on attendra qu'ils grossissent avant de les manger. Même si nous en entendons parler au camping, les prises de 70 ou 80cm sont rares. Décevant. Avec tous les pêcheurs qui viennent remplir le congélateur amené pour l'occasion, les grosses pièces se font rares dans le coin. Il faudra bien mettre un jour une limite à tout cela...

   Dès 9h ( ! ) nous fonçons vers notre coin. Nous avons maintenant nos habitudes. D 'ailleurs, c'est toujours sur les mêmes postes que sont les barques. Le sandre a ses petits coins, ses lieux de réunions !  Trente minutes plein pot et nous arrivons sur nos ablettes. Enfin, en théorie, car aujourd'hui c'est le fiasco complet. Si le sandre est casanier, les ablettes sont balladeuses. Reste les leurres. Mais les trois ou quatre postes repérés ne donnent rien. Encore une fois, il faut attendre l'après-midi pour pouvoir piquer une douzaine de ces sardines d'eau douce.Méquinenza 082 Pas terrible. Elles seront vite épuisées. A la seconde tentative, j'aborde en faisant un tel "bordel" ( dixit B...) avec la barque et le moteur, qu'elles disparaissent toutes. Sur le coup, B... me fait un peu la gueule ! En cherchent bien, au fond des anses où l'eau est la plus chaude, nous en ferons quelques autres, mais le temps passe vite. Nous terminons la soirée sur le meilleur endroit que nous ayons repéré sur la semaine, et où nous avons toujours été seuls.

   Pour plus de rapidité, je monte mon bas de ligne directement sur la tresse de 10/100ième, sans émérillon. Résultat, je casse deux fois au ferrage : le fil nylon de 24/100ième cisaille la tresse au noeud. "T'as qu'à savoir faire les noeuds..." me dit B..., pas content de constater que ses leçons n'ont servi à rien ! Surtout qu'en plus, je mets en cause le matériel qu'il me vend !

   Enfin une bête un peu plus grosse que les autres : je sors un sandre de 61 cm ( mesuré ). C'est sans doute le plus gros de la semaineMéquinenza 059

Je le remonte en "pompant", comme si c'était - ce que je pense tout d'abord - un petit silure. Aucune défense. Décidemment, le sandre ne sera pas mon poisson préféré - sauf sur la table !

   On garde trois belles perches qui, elles se bagarrent avec puissance et nervosité. Si je reviens à Mequinenza, ce sont elles que je rechercherai. 

   Dernier jour : c'est le départ. C'est court, une semaine, voyage compris. Retour vers la France, en passant encore par le Val d'Aran. Sans mauvaise rencontre avec la Guardia Civil. Mais avec un bon repas dans le restaurant voisin du précédent. On peut comparer : c'est mieux, plus sympa et moins cher. Avis aux copains...

   En conclusion :

Pêche moyenne de 7 à 8 poissons par jour ( sauf le fameux jour à 21 )  en comptant tout, petits et gros.

Dans l'ensemble, le sandre est petit et maigre : rarement plus de 60cm. Par contre, les perches sont belles et vigoureuses : il serait interressant de les traquer en particulier.

Le camping est bien, propre, avec sa petite épicerie et sa bonne bière.

Les barques louées sont à fond plat, en aluminium, avec un moteur suffisant de 10cv. (4 temps obligatoire )

Le prix ? 170 € pour l'emplacement du camping-car, l'électricité et deux adultes.

                 420 € pour 6 jours de barque avec 30 l d'essence qui nous ont suffit pour la semaine.

C'est ce dernier point qui plombe la semaine, mais venir avec sa propre barque nécessite de la faire immatriculer spécialement pour ce lac et de payer une taxe tous les ans.Méquinenza 080

 Méquinenza 078

   Reste plus qu'à attendre la prochaine ballade. Je pense que ça ne va pas trainer... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 16:33

   Colombie Britanique. Autre état, autre permis : 58 CAD pour la licence annuelle de l'état, plus 21 CAD par jour pour la rivière. Pas donné, mais nettement moins cher qu'en Slovénie.
   A Sparwood, nous partons vers le sud, vers Fernie. J-P... et M... sont des amateurs de grandes rivières, avec de grands plats. Là où les truites sont les plus grosses et les plus difficiles. Là où la truite ne devient intéressante qu'à partir de 50 cm ! Normal : pas besoin de faire autant de kilomètres pour prendre des "gwelles" : nous en avons chez nous.
   Première impression : le long de la Elk River, les accès autorisés sont nombreux. Fini le fil de fer barbelé et plus rares les panneaux "no trepassing", "no enter".... C'est une très belle rivière, à l'eau parfaitement claire, courant sur des galets sans la moindre mousse. Une rivière comme on les aime.
   Arrêt au premier parking, au-dessus du côté extérieur d'un large virage où un enrochement soutien la talus de la route. Le coin, avec ses gros rochers me semble être un parcours bien difficile pour mes vielles guiboles et mon équilibre incertain...

   Je choisis l'aval


   En cette fin de saison, dans un endroit aussi facilement accessible, les truites doivent avoir des mouches plein la gueule. J-P... et M...n'en ont cure : si elles sont là, ils les prendront. Quant à moi,je coupe à travers  champs et bois et j'arrive au bord de l'eau...après avoir parcouru trois fois plus de chemin que si j'avais suivi la rive ! Je pêche la bordure d'un grand courant régulier pour attraper quatre jolies cutthroats, pendant que J-P... et M... en font trois ou quatre ...douzaines ! C'est à peine si j'exagère. J-P..., voulant me prouver que là où j'étais il y a aussi du poisson, m'oblige ( ! ) à redescendre avec lui et joue les guides : "ta soie par-ci, ta mouche par là..." Le meilleur truc pour que je ne fasse que des "cagades". (les gens du midi me comprendront ! ) . Heureusement, deux canoëts aux rameurs emmélés dans leurs pagaies me sauvent en venant se balader sous nos cannes. Et en pêchant, je consolide ma réputation de dragueur. ( rien à voir avec la nénette du bâteau, dailleurs bien encadrée...) Avec les reflets du soleil et ma vue faiblissante, malgré les lunettes, j'ai beaucoup de mal à voir ma mouche. De là à savoir si elle tire sur le fil... Pas grave : le plaisir n'en est que plus grand quand j'en prends une ! Et J-P... qui lui, les fait naître ! Je lui tourne le dos pour ne pas voir !

   je prendrai quand même cinq autres poissons, dans un autre enrochement, le long de la route. J-P... en sortira une dizaine, plus haut ; et M..., en face de moi en fera deux. L'avantage de la pêche en no-kill c'est que, même dans les endroits proches de la route, où tout le monde pêche, les truites sont toujours là. Plus craintives et un peu plus délicates quant au choix de leur menu : la réussite n'en est que plus grande !
   Un peu plus loin, toujours au bord de la route, pendant que j'enfile mon armure couleur "cuisses de grnouille",J-P... et M... qui sont descendus voir la rivière, remontent  tout exaltés : ça gobe partout, là, sous nos pieds ! Encadré par mes deux copains, je suis installé devant tous ces ronds sur l'eau. J'ai les truites sous ma canne, en train de se gaver de je ne sais quoi, en bordure d'un courant. Bien sûr mes premières mouches passent au-dessus d'elles sans intéresser qui que ce soit. Pourtant, c'est tout près, sans reflet et je vois bien ma mouche. Je l'assure : je ne drague pas !  Quelle déception, quelle frustration, quand vous voyez votre imitation descendre, encadrée de gobages, refusée systématiquement, avec le plus grand des dédains, par un tas de bestioles en folie ! Dans ces moments là, le plus dur est de garder son calme... "Change de mouche, varie le menu. Attention, prend ton temps, fais bien ton noeud pour ne pas que la première que tu auras la chance d'intéresser, ne se débine, mouche au bec." Quelle rage quand on ne voit revenir qu' un tortillon au bout de son bas de ligne ! J'essaierai tout, et même un des fagots type "feu d'artifice" muni de pattes que j'ai acheté dans le pays !

Finalement, c'est avec une  émergente en c-d-c , avec un gros sac alaire - un sac à dos, comme je l'appelle - montée sur un hameçon de 16, que j'en srs une dizaine M... et J-P..., dont une seule dépassera les 40 cm. M...et J-P... en feront peu, en amont.
   C'est déjà l'heure du coup du soir. Retour à l'enrochement de ce matin où cinq autres, dont deux de très belles - pour moi ! - viennent compléter mon tableau de la journée. Pour une fois, j'en aurai pris plus que J-P... ou que M... Mais je les soupçonne de préserver mon moral , et de ne pas tout compter !
   Le lendemain, aprés les courses et la prise du permis journalier à Fernie, nous revenons au premier enrochement où J-P... et M... vont encore me "placer" au meilleur endroit qu'ils ont prospecté hier. Pas de chance. Un quart d'heure plus tard, je me fais virer par un contrôleur : je suis en plein milieu d'un parcours de concours de pêche. Et  même, semble-t-il, d'un examen pour devenir guide de pêche ! Il y avait bien une feuille placardée sur le parking, mais bien sûr, sachant que je n'y comprendrais rien, je n'ai même pas essayé de la lire. A l'aire de pique-nique suivante, au nord de Fernie, nous nous arrêtons. Un sentier nous méne en dix minutes au bord de la rivière. Pris d'une envie pressante, je laisse les copains partir devant, pendant que j'utilise les w-c, toujours présents dans ce pays. Je ne les retrouverai plus... de l'aprés-midi. De retour au camping-car, j'en profite pour faire un peu de ménage - oh! pas trop ! - en les attendant. Quand ils reviennent, je les sens culpabiliser à fond de m'avoir perdu. Ils s'arrangent pour me trouver un autre endroit, entre voie ferrée et rivière où sur le coup du soir, les truites gobent comme des folles.

   Encadré, observé, conseillé, je prends, sous mon nez, avec trois mètres de soie, deux belles cutthroads. Pour la troisième, ayant pris de l'assurance, je tire comme un malade pour remonter plus vite et en attraper vite une autre. Mon 16/10ième ne résiste pas ! Il fait nuit. Je prends une gamelle dans les galets - il y en aura d'autres - et nous rentrons. A J-P... la corvée du repas tout en sirotant le whisky du pays. Les M&M feront la plonge. Que les puristes nous jettent un tombereau de pierres, mais nous ne pouvons pas résister à l'envie de manger deux poissons de l'Elk River !

   Et dodo.
   Réveil après avoir été bercé par les très longs trains qui traversent les rocheuses.
   Il faut bien qu'un jour nous pensions à rentrer... C'est le nez du camping-car tourné vers Calgary que nous reprenons la route. Arrêt rapide sur la Michel River où les M&M ne peuvent  passer sans immortaliser le moment.

   C'est un torrent qui ne vaut pas la peine de sortir les cannes. D'ailleurs, la personne qui nous vendait les permis, à Fernie, ne nous a-t-elle pas dit que, pêcher la Michel River, c'était courir d'un trou à l'autre, où se sont réfugiées toutes les truites à cause du manque d'eau, et qu'il suffisait de poser n'importe quelle mouche, n'importe comment, pour les prendre toutes, les unes après les autres. Donc, aucun intérêt. Que c'est compliqué à comprendre, des pêcheurs !
   Nous revenons par la Crowsnest Pass où la vue de quelques fouetteurs sur un lac nous arrête. Il y a toujours autant de vent dans ce passage, ce qui ne facilite pas le lancer du streamer. J'essaie tout, notamment les bestioles artificielles aux mille couleurs, que j'ai achetées, il y a quelques jours. Rien. Les pêcheurs présents plient leur matos : c'était un jour de concours. A côté, nous avons une voie ferrée - encore ! - et réunis, les kilomètres de train de la Canadian Pacificific et de l'Union Pacific.

   Et dans la démesure, il n'y a pas que les trains, il y a des camions aussi

    Cap vers le Nord, par la Foresty Trunk Road. Maintenant, je sais où ils vont chercher les milions de piquets qui clôturent la plaine. Nous sommes dans des sapins, dominés par des sommets dénudés. Les deux ou trois rivières rencontrées sont petites, avec peu d'eau courant entre de gros galets.. Après avoir tourné vers l'Est, nous retrouvons une petite connaissance : la Old Man River. Au premier trou, nous jetons un oeuil. Entre deux violentes rafales de vent, à travers l'eau cristalline, deux ombres se dessinent. Deux monstres de près d'un mètre de long   ! Deux bulltrouts. J-P... , on ne le tient plus ! Le voilà aussitôt dans la rivière, avec un gros srteamer noir, puis une grosse nymphe, puis une...cuillère !

   Nous, de sur le rocher, on guide son tir ! Une cuillère ! Au bout d'une canne à mouche ! Il est vraiment temps de rentrer. C'est quand même la seule chose qui en fera bouger une.. Même M..., du haut de son rocher, leur fait sautiller un nymphe devant leur nez. Heureusement que nous n'avons pas d'asticots : ils seraient capable de mettre un bouchon toulousain

   J'ai l'impression de voir deux gamins à la kermesse de l'école !  
Enfin, un coin pour garer le camion près de la Old Man. Nous y passerons la nuit, malgré les panneaux qui ont réapparus. Nous pêchons avant le repas du soir, et j'ai droit au seul contrôle du séjour. Le garde, grand et habillé comme à la parade me demande le permis, le consulte et  se saisit de ma mouche qu'il osculte en levant le nez
au ciel. " no barbeless " .  Bof...! Je ne comprends pas." Two hundred dollars ". Je ne veux toujours pas comprendre, mais je frime moins . Il m'arrache une autre mouche du gilet : " 200 dollars "... A la toisième mouche, il sort la pince et me montre comment il faut faire pour écraser l'ardillon de l'hameçon. Je prends l'air le plus ahuri possible - je sais : ça ne m'est pas dificile ! - et... ça le fait rire ! Ouf, c'est gagné . Il repart et nous laisse un bouquin sur le pare-brise du camping-car, avec toute la législation. Nous l'avions déjà. Longtemps il racontera à ses petits enfants qu'une fois, il a contrôlé un français, et qu'il peut affirmer que ce ne sont pas des gens bien fûtés, Mais pas méchants !
   Whisky, repas, vaisselle et au lit. La nuit sera froide : il gèlera. A propos de whyski, le canadien doit être bon. Mes deux compères qui, en bons enfants du midi ne juraient que par une fameuse boisson anisée, s'y sont parfaitement adaptés !
   La journée s'annonce belle. Deux pêcheurs s'habillent près de nous et nous demandent de choisir : aval ou amont ? Nous partons vers l'aval.J-P... et M...ont de bonnes jambes et s'en vont, sur la plaine, dans le lointain... Partant du camping-car, je descend lentement, essayant de repérer les gobages. Il me faut arriver à un trou au soleil pour voir le premier. Je prends trois belles cutthroads et une autre ma casse.

Trop négligeant pour refaire les noeuds après plusieurs prises.  Rejoins par les deux copains, nous remontons au camion pour manger. J'en profite pour m'étaler de tout mon long ( ça ne fait pas si long que ça ! ) dans les galets. Mon épaule gaucha, déglinguée lors d'un précédent voyage au Maroc, m'en tiendra rigueur jusqu'à ce que j'aille la faire chouchouter par un chirurgien !
   L'après midi, pendant que J-P... et M... restent sur des plats à se batailler en vain au milieu d'un paquet de gobages, je redecends vers "mon" trou. Et j'ai la riche idée de couper par la prairie . Après moults détours en longeant les barbelets pour trouver un passage, j'arrive à mon coin en ayant parcouru trois fois plus chemin que si j'avais suivi la rivière ! J'ai le même problème que les copains : ça mouche, mais ça ne prend pas. Je crois avoir trouvé la solution quand j'en prends une avec une fourmi.

Mais sans doute, c'est la seule mentalement retardée. Les autres continuent à bouder mes appâts.
    Ca ne nous empêchera pas de bien manger et de bien dormir.
    Le matin, nous retrouvons une route de montagne. Une bonne et vraie route qui tourne ! Enfin, un peu. Ce n'est pas la Corse, ici ! Passage par la station de ski de Kananaski et arrivée sur la Bow Valley, à l'Ouest de Calgary.
   Nous trouvons une vallée industrialisée, avec plusieurs retenues. C'est une grande rivière, avec un courant uniforme. Arrêt à la station de ski de Canmore pour faire des courses. Ca ne respire pas la misère ! D'ailleurs, les prix au super marché ne laissent aucun doute sur la fortune des clients. Nous faisons une tentative de pêche, dans un camping, près du cours d'eau. Pour moi : un gobage, une truite fario... de 25cm ! Ca fait bizzare : on se croirait chez nous ! Pour M... un gobage : une casse. Pour J-P...: rien. Après avoir bien cherché, nous trouvons un coin pour la nuit. Prés d'une voie ferrée : une habitude !
   Cete fois, c'est bien le dernier jour. Vu du pont, il y a bien trois ou quatre gobages matinaux. Des truites qui prennent leur petit déjeuner dans un endroit totalement sécurisé, inaccessible depuis la berge. D'ailleurs, la berge elle-même est inccessible. La Kananaski qui se jète dans la Bow, doit être belle, plus haut. Mais comment l'atteindre ? Finalement, en descendant vers Calgary, nous trouvons un parking près de la rivière. C'est l'après midi. Les hommes travaillent, les nénettes promènent leur toutou. c'est un parc à chiens, bien clôturé au bord de la rivière. A l'entrée, un sac avec des toutounettes et un panneau : à partir d'ici vous pouvez promener votre chien en toute liberté. Et même si la voiture n'est qu'à cinq mètres de la porte, on met la laisse pour sortir de l'auto, et on l'enlève à l'entrée du terrain vague. Car c'est bien d'un terrain vague dont il s'agit, avec sentiers tracés dans les herbes sèches. Et dans le terrain vague,en pleine campagne, au bord de la rivière, on ramasse les crottes du chienchien. Dommage pour les herbes : on leur enlève l'engrais de la racine ! Moi, je ne pêche pas. Rangés, mes waders. Ce qui oblige M... à me porter sur son dos pour traverser un gué.

   Rien, les eaux sont pourtant belles. Mauvais moment, ou pas de truites ? Nous ne le saurons jamais.

   Il faut faire le plein, vider les eaux usées, laver le camion. Il y a plein de stations pour ça. On passe sur le site des J-O et c'est l'heure de trouver le dernier dortoir : une zone industrielle près du loueur à qui il faut rendre le campig-car à 10h. Dernière péripécie : on se fera vider à 5h du matin. Nous sommes sur le parking d'une boîte qui embauche tôt.
   Et nous voilà sur le vol du retour. Sept heures à somnoler jusqu'à Frankfort. Arrêt "mousse" et Frankfort-Toulouse. Récupération des bagages, à l'exception de toutes les cannes. Une habitude nous dit J-P. La voiture est toujours sur le parking, en état. Pas forcée, rien n'a été volé. Il ne manque que du jus dans la batterie !  Deux minutes avec  le booster d'un garagiste et 50€ plus tard nous sommes sur les routes de France.
   Nous récupèrerons les cannes seulement 15 jours et 20 coups de téléphone plus tard. La compagnie aérienne qui avait égaré le colis l'avait confié à un transporteur qui lui, l'avait perdu !


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Et en conséquence:
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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 19:44

   Tout cet été, j'ai laissé les ruisseaux aux touristes. Aujourd'hui, 15 septembre : le matin me trouve planté devant la porte, avec à mes pieds un gros sac pour les waders, les godillots de wading, le gilet de pêche et autres slips , tee-shirts,  chaussettes, etc ...  Et un sac à dos pour les bagages à main. J-P... et M... vont arriver, me récupérer en passant, et direction plein pot vers Toulouse Blagnac... Un petit saut à Frankfort et vole jusqu' au Canada. Pas le Canada de Québec, ce serait trop facile ! Mais Calgary, côté anglophone. Je vais encore me retrouver bouche bée, l'air pas malin du tout, à écouter la réponse anglaise à la question que je me serai malheureusement laissé aller à poser ! Pendant huit ans j'ai ingurgité une bonne quantité de mots à force de punitions, de colles, de devoirs supplémentaires. On m'a appris à les agencer pour construire des phrases. Bien que souvent mes constructions s'apparentais plutôt à une juxtaposition de mots tirés d'un chapeau où on les avait mélangés ( " boulègue ! boulègue ! " dit-on chez nous, au bistrot du coin . ) Thèmes, versions et inversement. Tout par écrit. Rien de parlé. D'ailleurs, comment peut-on faire parler tous les 30 élèves- ou plus - d'une classe en 1 heure ? C'est donc J-P... qui parlera. Il s'est tapé quelques mois au Canada, dans son jeune age. Ca sert...
   Nous atterrissons donc à Calgary, avec un décalage horaire de 8 heures. Dans ces conditions, il fait toujours soleil en plein ciel. Récupération des bagages avec une crainte sournoise de n'en voir arriver que la moitié ; surtout l'étui avec les cannes. Tout est là. Nous trouverons un hotel pas trop loin avec une voiture pour venir nous chercher. La nuit sera bonne et le lever vers 8 heures. 
   Un coup de fil au loueur du camping-car qui vient nous chercher. Le même engin que dans toute l'amérique du nord.

Grand, confortable,d'une esthétique toute fonctionnelle, avec une grosse cavalerie sous le capot. Des chevaux, ça boit. On s'apercevra vite que le réservoir contient autour de 200 litres, qu'il faut le remplir souvent, et que l'essence coûte 1 dollar canadien ( 0,65 € ) le litre. Moins qu'en France, mais quand on en met beaucoup... Pour sortir de la ville, nous jetons un oeil sur le plan de Calgary : un jeu de dames où toutes les cases sont de la même couleur. Au milieu, des immeubles, autour, l'incontournable mobil-homme, ou quelque chose qui lui ressemble

Comme aux U-S. A part qu'ici, il n'y a pas, que je sache, des tornades pour souffler les plaques de bois aggloméré et les toits en tôle. L'Amérique du Nord n'a tiré aucune leçon de l'histoire des trois petits cochons et du loup qui s'époumone devant une maison en briques, la seule qui résiste.
   Sortis de la ville en damier, nous atteignons la campagne... en damiers ! Au départ, j'ai cru qu'ils avaient simplifié le tracé des routes, en les inscrivant toute droites. Mais non, la campagne est désespérément plate, avec des routes désespérément droites. Parfois goudronnées, sinon ce sont les fameuses "gravel-roads" où les véhicules de location ne doivent pas circuler. Inaplicable pour nous. Nous circulerons partout, tout droit, à 80 ou 90 km/h ( vitesse sur le goudron, quand même ! ) Pas la peine de dépenser autant d'essence pour se traîner comme un escargot. Comme c'est J-P... qui a organisé le voyage et décidé des rivières que nous allons pêcher, je ravale mon scepticisme. Mais de la truite, dans un pays aussi plat, je doute...et je ne dis rien.

On roule vers un pont sur la Bow, grande rivière au sud de Calgary. La vue du premier ruisseau que l'on traverse ne me dit rien qui vaille. Plutôt minable, il coule au milieu de rien du tout avec, tout là-bas,un pêcheur qui tente sa chance dans le seul coin où il y a plus de 15 cm d'eau. Vision pas particulièrement exhaltante...

   Et nous voilà sur la Bow River. Elle est large et puissante.

Le fond n'est pas très net et je n'aime guère cette mousse qui recouvre les cailloux. Elle doit cependant contenir de belles pièces.  En plus, nous ne sommes pas seuls : c'est un signe. Pas de gobages sous le pont. Aucune activité.
Je monte deux nymphes : en bout, bille jaune n°4 avec dubbing de lièvre naturel et en potence, une faisan tail, le tout sur 12/100 ième. Et c'est là l'erreur : première touche, première casse ! Je remonte sur 14/100 ième. Deuxième touche, deuxième casse . Ca commence bien ! Et ce n'est pas le white fish de 18 cm que je monte ensuite, qui me cassera le 16/100 ième, que je mettrai, enfin. M... qui attaque en 16/10 ième se fait démolir aussi. Mais ensuite, près de la pile du pont, il sortira sans compter des arc-en-ciel. Il y a donc du poisson, et du gros. J-P... a plus de chance en amont : plusieurs a-e-c, dont une de 50 cm, en sèche.C'est aujourd'hui que ça démarre !
   Le matin, le jour se lève sur un vent frais. Après le " petit " déjeuner - oeufs, bacon, bière et café aux tartines de confiture sur pain de mie - nous refaisons un petit tour sur la Bow. J'emprunte les passages laissés par les castors dans les roseaux, pour explorer la veine profonde entre la rive et la pile du pont. Et je me fais encore casser sur 16/100 ième ! Je ne donnerai pas la marque du nouveau fil que j'utilise, acheté exprès pour l'occasion, car très résistant... sur le papie . Vraissemblablement, il n'aime pas mes noeuds. En face de moi, J-P... prend trois jolies a-e-c de 40 cm. Elles ont une belle défense. Rien à voir avec nos grasses " bassines " à manche courtes ! Départs violents prenant des mètres de soie, chandelles hors de l'eau... Un plaisir ! M... se contentera de deux petites. Et moi qui me sens bien léger à côté de ces deux champions de la mouche, je termine avec deux petits white fish de 20 cm... Mais je suis le seul à avoir pris ce type de poisson. Peut être parce que c'est plus difficile ... ?
  Vers midi, nous prenons la " gravel road " pour le sud. Bien sûr, nous nous égarons un peu dans les " méandres "  du damier avant d'atteindre Lethbridge. C'est dans un super marché que nous payons 50 dollars canadiens pour le permis de l'Alberta, pour l'année. Dans un immense magasin d'articles de pêche et surtout de chasse, on nous renseigne très aimablement  sur les meilleurs endroits du coin. Ici, pas de concurrence: sans doute parce que le " no kill " est dans les gènes ! Par courtoisie et aussi par curiosité, nous achetons quelques " mouches " : seules les énormes sauterelles sont à peu près ressemblantes. Pour le reste, c'est gros, coloré et ça a du poil partout. Sur hameçons N°10, au moins. Ca sera parfait pour le black-bass en France. Et moi qui ai plein de " cul de canard "  montés sur N°16, voire 18 !  Côté mouches, avec J-P..., nous sommes fournis. Quant à M... il pestera tout le séjour après sa boîte quasiment vide - dit-il - mais ça ne l'empêchera pas de faire de très beaux tableaux. Peut-être même les meilleurs !
   Tout le pays n'est qu'un plateau sans arbres recouvert, soit par de l'herbe séchée par le soleil d'été, soit par d'immenses étendues de céréale courte de paille - blé ?. C'est septembre, et nous sommes en pleines moissons. Les machines tournent à fond. Moissonneuses d'une coupe que nous estimons, d'un commun accord, à 15 m ! Ici et là, des silos en tôle et de gros camions tractant deux trémies. La piste débouche sur une ferme cachée dans un bosquet, près de la rivière : la Sainte-Marie River. Plutôt que rivière, j'ai envie de parler d " oued " tant ce petit coin de  pays me rappelle certains torrents du Moyen-Atlas marocain. Sauf qu'ici, la roche tient plus du schiste gris que du basalte noir. Les eaux sont basses. Pas d'arbre. Peu de trous et des fonds de gravier aux gros cailloux. Vers l'amont, un grand virage avec un grand calme. Vers l'aval, des petits courants de part et d'autre d'une île. Au milieu, une piste qui va se perdre dans l'immensité des vallonnements herbeux  et secs, et que deux pêcheurs français emprunterons demain...   C'est le coup du soir. Sur 16/100 ième - j'ai compris ! - je mets encore une nymphe au casque N° 4 avec un dubbing de museau de lièvre sur hameçon N° 12, et en potence, une faisan tail. J-P... part vers le haut, et je commence sous le radier de la piste. C'est à peine si j'ai déroulé suffisamment de soie qu'au premier passage j'ai un départ violent suivi d'un tas d'éclaboussement et de sauts en chandelle : une belle a.e.c. toute irisée, magnifique. Cette fois, je suis prudent et, dans ce bras étroit et peu profond,  elle n'a pas trop d'espace pour se battre. La belle s'abandonne assez vite. C'est après avoir fait mon plein d'adrénaline que je la remets à l'eau. Je n'ose pas le dire , tant cela me paraît improbable, et pourtant, elle fait bien ses 50 cm ! Et l'appareil photo qui est resté dans le camion !
   La nuit tombe et quelques poissons se mettent à gober timidement . Je range vite mes nymphes et sort un c.d.c. monté sur un hameçon de 16. Ca me paraît plutôt petit, ce qui gobe. Il me faudra 10 bonnes minutes pour enfiler ma mouche, le nez en l'air pour profiter de la dernière clarté. Je fouette tout près, quelque part devant moi. Je ne vois pas le gobage, mais au bruit, je sais que c'est une grosse. Elle "ne mesure que" 40 cm et résiste peu de temps à mon 16/100ième. Retour au Camping-car qui m'observe depuis le bord du talus au-dessus de moi. J-P... a fait une belle bredouille en eau calme, et M... est resté à la vaisselle et au ménage - sacrifice volontaire ! Repas au riz qui restera un peu trop longtemps sur le feu. Les arpettes râlent , parlent de porter le " pet " au syndicat, mais nettoient. Et au lit.   
    Au réveil, soleil plein pot et vent très sec. Grand petit-déjeuner et hop ! dans les waders. Oh ! ce n'est pas le lever du jour : on dort bien dans un camping-car !  Mais vers les 9 h nous sommes fin prêts. Lors des "briffings " en France, nous avons pensé : les Rocheuses = montagnes, peut-être neige :  eaux glacées. Donc, waders chauds, en néoprène de 5 mm. Ce qui était vrai pour l'Alaska ne l'est plus quelques milliers de kilomètres plus bas. Il n'y a pas la moindre trace de neige dans cette plaine - et il n'y en aura pas plus en montagne - et les eaux sont certes très fraiches, mais pas glacées. Le seul qui s'est bien débrouillé, c'est J-P... qui a prévu un wader "de rechange" en toile, au cas ou l'un de nous trois aurait un problème. Dans mon armure, j'ai du mal à plier les jambes et à sauter les rochers. Mais je n'ai pas froid. Au soleil, sous mon tee-shirt, je boue. Ca fermente dur là-dedans. La nuit, je ne voudrais pas mettre mon nez dans la soute où nous rangeons nos affaires; mouillées dehors, et puant la transpiration rancie par les émanations de néoprène, dedans. Mon collant noir - des frères Jacques, selon les copains ! - il vaut mieux le laisser à sécher sur le rétroviseur, la nuit.  Ma canne - pardon: mon stick de wading - suspendu à la ceinture, chaussé de mes " pneus à clous ", sous un chapeau de toile informe, habillé d'un gilet rouge décoloré par la pluie et le soleil, boursoufflé par les multiples boîtes à mouches et autre gadgets : voilà le tableau. En plus, mon wader est " vert batracien " selon les dire de ma fille !  Je devrai traîner cet attirail pendant 15  jours. Combien de fois ai-je porté un regard concupiscent  aux waders en toile exposés à Fernie chez un marchand d'articles de pêche.
   J-P... et M..., jeunes et bien portants, partent sur la piste, coupant à travers la prairie. Je les vois disparaître au loin, derrière la colline. Je reprends mon coin de pêche d'hier, en espérant que les truites m'auront oublié. Même monture de nymphes sans indicateur, mais sur 20/100ième cette fois. Au diable la délicatesse ! Après deux heures de pêche et un tout petit white fish, je n'espérais plus rien quand, au fond d'une petite île, dans un fort courant, j'ai un départ fulgurant. Celle-là, je ne veux pas la casser. Elle me réroule toute la soie, et je crois que c'est la première fois que je vois apparaître le backing. Direct vers l'aval. Subitement, changement de cap : la voilà qui revient. J'ai du mal à " pomper " suffisamment vite pour ne pas lui laisser du " mou ". A peine à mes pieds, la voilà repartie, le nez vers le fond, la queue en surface. Position qui conviendrait plus à une fario, voire à un barbeau, qu'à une belle a.e.c.. " Empégué " dans ma soie qui recouvre mes chaussures, ma canne dangereusement pliée, je sors mon appareil à photos de la poche étanche - pour ne pas renouveler l'expérience du plongeon, en Alaska - Je  tente quelques clichés. Heureusement, je réussi celui de la canne pliée, car pour le reste...
La belle retourne vers le fond de l'île et j'arrive à la diriger vers l'autre bras de la rivière, plus calme. Le combat durera encore un bon moment, jusqu'à ce que je puisse la prendre d'une main, appareil photos de l'autre. D'un grand coup de queue elle reprendra le large, à peine décrochée de ma nymphe. Pas de photo. La taille : 60 cm. J'ai peur que l'on ne me croit pas...! Mais le souvenir reste. Je poursuis sans grande conviction et rentre après avoir pris un autre petit white fish.
   Les deux compères reviennent, fourbus. Ils ont descendu des kilomètres de rivière en pêchant en nymphe. Ils revendiqueront quelques " gwelles " auxquelles M... ajoutera une belle fario de 40 cm. Rare, cette race de truite, ici. Ils ont aussi décroché deux ou trois pièces très grosses. Comme je le dis chaque fois," c'est fou  ce que les truites que l'on décroche sont belles ! "
    Nous reprenons la route à travers ces immensités parsemées de maisons isolées. A remarquer cependant : tout est clôturé sur des centaines de kilomètres par du fil de fer barbelé, soutenu par des millions de piquets en bois. Pas le moindre coin pour garer son camion, pas le moindre passage - fermé - qui ne possède son panneau " no trepassing" ou " no enter", et souvent les deux ! Des immensités, certes, mais bien encadrées. On sent du "chacun pour soi ". Heureusement, les nombreuses églises - en  bois peint - de différentes congrégations permettent aux gens de se rencontrer, de se réunir ... Dans la seule petite ville que nous traversons, le petit commerçant asiatique n'a pas de bières à nous vendre. Pour passer la nuit, nous arrivons sous Waterton Dam ( barrage )
   Le lendemain, nous faisons un essai en nymphe. Les eaux sont bizarres : sur les cailloux, une mousse blanche s'accroche à nos hameçons comme s'il s'agissait d'une touffe de laine mouillée. Pas très ragoûtant ! D'autant plus que je vois passer des peaux. " Des truites moulinées par les turbines ? " suggère J-P... M... pêche sans y croire et est tellement surpris par une attaque que c'est en total déséquilibre qu'il ferrera la belle fario de 50 cm ramenée au bord. Encore une fario, et c'est encore M... qui la prend.
   Pas la peine de s'attarder. Par la route 505 nous atteignons l'Old Man River, sous l'Old Man Dam. Elle est large et profonde, canalisée à la sortie des eaux par un important enrochement en épis. Plus bas, après le camping, je pars avec M... prospecter les courants. Il se place en face d'un gros rocher faisant remous et sort une " petite " et maigre bulltrout de 60 cm - environ ! Il prendra encore une petite a.e.c. puis se fera casser.Et moi, je pêche juste au dessous, pour rien. J-P..., au-dessus, parle de deux ou trois " petites  m...". Je relativise : ses " petites " doivent faire 30 cm ! Le coup du soir est nul  et ne nous empêche pas d'apprécier le repas, toujours préparé par J-P... notre coq en chef ! Pour nous les M&M, c'est la plonge. Remarque : repas à l'eau plate ce soir ; il n'y avait pas de bière chez le chinois.
    C'est vers 7 h que nous émergeons ce matin. A la sortie du barrage, entre les épis de rochers, J-P se fait casser. Entre ces blocs, dans ces eaux profondes, il doit y avoir de sacrées bêtes. Mais on ne s'attarde pas : on prend la route 510, qui fait le tour du lac. Le problème, dans ce pays, c'est de trouver les accès à la rivière. La piste suit de très loin le cours d'eau et tout ce qui ressemblerait à un passage est fermé par les fils de fer barbelés, et décoré des classiques panneaux : no trepassing, no enter....Dans leur petite maison de bois peinte en blanc, au milieu de l'immensité de ces paysages, les habitants doivent vraiment aimer être seul....ou craindre " l'autre ".
   Arrivés à un pont, en 5 minutes nous revêtons nos armures, enfonçons le chapeau sur la tête, coinçeons les lunettes polarisantes sur le nez et partons, cannes à la main. Nous nous répartissons les tâches : J-P... et M..., vieux couple de baroudeurs partent ensemble vers l'aval, et moi vers l'amont. La rivière, pas très large, n'est pas très profonde. L'eau court entre les gros galets. Je remonte jusqu'au premier trou et... j'y reste ! Arrêt sur gobages ! Les a.e.c. ne sont pas très grosses, mais j'en sors une dizaine de 30 à 35 centimètres. Pas très grosses ! Je deviens difficile. Dix truites de 30 à 35, chez moi et je prends une cuite ! Ici, c'est banal, voire médiocre. J-P... et M... que je retrouve au camping-car ne sont pas allé loin. A quelques dizaines de mètres du pont ils ont sorti un vol de truites, plus grosses que les miennes. Et tout cela, nous l'avons pris en sèche. Le pied. En plus, pas très regardantes, les bestioles : du cul de canard à l'araignée en passant par le sedge, tout marche. Je sors pour la première fois mon G.G.S. ( cf : Truites et ombres de Croatie, sur la Gachka avec C...) Qui fera un malheur tout au long du séjour. Enfin, un petit  " malheur " par rapport aux cartons des deux champions que j'accompagne !
    Comme c'est toujours mieux ailleurs, nous cherchons un coin plus haut sur la rivière, un endroit pour la nuit. Une aire de camping sauvage et officielle, avec table et w.c. fera l'affaire. Nous avons des voisins, chasseurs à l'arc. Sans doute sont-t-ils après les nombreux wapitis - des cerfs, en fait - que nous apercevons aux creux des vallons. L'approche pour tirer la bête à l'arc, ça doit être du grand art, sur ces terrains dénudés !
     Au coup du soir, si avec M... nous faisons une bredouille, J-P... pique une a.e.c. pas très grosse sur laquelle se précipite une énorme bulltrout : il y a du beau monde dans ces trous !
     Et c'est la nuit et un sommeil qui arrive vite, après un repas toujours copieux. Mais je suis vite réveillé par une température glaciale. C'est le mot : la buée a gelé sur les vitres, à l'intérieur du véhicule.
     On y revient ! A quoi sert de se doucher quand il faut remettre les collants type " frères Jacques " et les waders puants ! On n'est pas regardant. Répartition des lieux : moi en amont, eux en aval. Comme ça je peux commencer à pêcher tout de suite (en mouche sèche, on pêche en remontant la rivière  ) et mes vieilles jambes ne souffriront qu'au retour ! La rivière, encaissée entre dans les rochers, n'est qu'une succession de bassins avec, au fond,  des plaques  verticales ( de schiste ? ).  Pas facile de crapahuter là dedans ! En remontant assez vite - trop vite pour pêcher correctement les coups - j'arrive sur un grand plat avec en bout de gros rochers que l'eau a  dégagé . Pas de gobages. Je mets un gros sedge en poils de chevreuil en guise d'indicateur pour les deux nymphes habituelles, sur 16/10 ième. Et j'essuie deux gros refus sur mon indicateur ! Changement rapide de montage pour un G.G.S monté sur un hameçon de 12. Sur l'eau,ça fait un gros paquet de c.d.c. que les truites  se disputerons.  Ce sont mes premières cutthroats, au trait rouge sanglant  sous les ouïes.  Je pêche au milieu de la rivière, avec des coups sur un demi-cercle devant moi. Je commence bien sûr en fond de plat, et pose ma mouche sur vingt centimètres d'eau. Gros gobage et départ fulgurant. C'est bon d'entendre le moulinet qui déroule à toute vitesse et de voir la soie qui s'en va jusqu'au backing. Je suis pourtant monté sur du 16/100 ième, mais la canne pliée au maximum, je ne peux pas résister plus. La truite n'est pas une débutante. Tout là-bas, à plus de 30 mètres, elle se cale derrière un de ces gros rechers bien dégagé. Elle le contourne et mon fil ne résiste pas à l'usure sur le caillou. Cassé ! Ca ne fait rien . Celle là, elle doit connaître la combine, et ce ne doit pas être le premier hameçon qu'elle a à retirer de sa gueule. Je me contenterai de huit truites de 40 cm ou plus, et d'un  white fish que nous mangerons.Excellent poisson, apparenté, paraît-il au corégone ( comme je ne connais pas le corégone... ) . J-P... et M..., en plus d'une grosse cutthroat prise au streamer, attraperont trois ou quatre a.e.c. de 40 cm. Par rapport à eux, pour une fois, je ne me suis pas trop mal débrouillé.  L'après-midi, un vent violent se lève et nous empèchera de pêcher correctement.
     A peine un kilomètre plus en amont, nous nous arrêterons sur un autre emplacement avec commodités ! Ah ! S'il y avait des w-c aussi propres sur les aires de stationnement en France... Et avec papier, s'il vous plaît ! Je pêche en amont - encore -  et ne prends qu'une a.e.c. de 35 cm à peine. De retour au camping-car, je m'assois à une table de pique-nique pour prendre quelques minutes de repos en attendant les copains, et j'en profite pour lier amitié avec un adorable chien de prairie, véritable marmotte en miniature .

J'aperçois bientôt mes deux compères qui, de chaque veine d'eau, tirent trois ou quatre truites. Pêche lente, systématique. Rien à voir avec le brouillon que je suis. Que n'ai-je pas dit, en le leur faisant remarquer ! Ils" m'obligent " à remettre mon armure couleur vert batracien, et J-P... retrouve ses instincts d'ancien guide de pêche : "pose ta mouche là ...trop long...Tu dragues...recommence... trop droite ta soie..." Je prends trois " gwelles " pendant que lui sort truite sur truite, tout en m'expliquant. Et c'est à partir de ce moment là que je suis devenu le dragueur de l'équipe. Mais rien à voir avec les filles du coin. D'ailleurs, où sont-elles ?
   Reprenons la route. Changement de décors. Des vallons succèdent à la pleine. Seuls restent les kilomètres de clôture. Par-ci par-là, disséminées dans l'immensité des champs, des petites maisons. J'ai failli écrire  : des "baraques". Les voisins ne se gènent pas entre eux, dans ce pays !  J'essaie d'immaginer la vie quand tout cela est recouvert de neige... Au loin, les premiers sommets des Rocheuses.Après la Crowsnest Pass, nous trouverons un petit coin pénard pour passer la nuit. Nous sommes en Colombie Britannique.
      
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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 21:03

  J'ai aimé, j'y reviens ! 7h du matin, le moteur tourne. Avec B..., cette fois, je repars pour la troisième fois dans l'ex-Yougoslavie.  B... qui m'a emmené au Montana, en Alaska et en Ecosse. Pas d'avion à prendre. Nous avons un camion avec soute et placards, cuisine et "chambres'. Et même un cabinet de toilette avec douche chaude ! L'indépendance totale, en quelque sorte . Et ce n'est pas pour quatre matins que nous embarquons, mais pour trois bonnes semaines. Le temps de voir et d'apprécier.
  Au programme : la Slovénie et les fameuses Soca et Idrijka ; la Croatie bien connue avec la Kupa et la Gacka ; et la Bosnie, avec l'Unec et l'Una. Et d'autres rivières si cela ce présente.
  C'est parti pour près de 1300 km d'autoroute. Pour la multitude de tunnels en Italie, et la fastidieuse plaine du Pô. Comme d'habitude nous dormirons vers Venise. Dans un recoin d'aire d'autoroute plutôt calme pour l'endroit. D'ailleurs, cela n'a pas beacoup d'importance : assommés de fatigue, nous sombrerons comme deux grands bébé.
  Le matin : un peu d'eau sur le museau, nettoyage des quenottes et nous nous glissons entre les camions pour une nouvelle journée.. Une demi journée, plutôt : la Soca --prononcer " Sotcha"-- n'est pas très loin. Arrivée à Tolmin vers midi et premier repas à la terrasse d'un restaurant du coin, au dessus de la rivière, ou plutôt d'un lac de barrage sur la rivière.

  Les eaux sont très vertes : eaux de neige ?
  Nous prenons nos permis pour trois jours, au prix exhorbitant de 140 € en tout. Sous Tolmin, à Brod na Soci, c'est le confluent de la Soca qui descend des Alpes autrichienneset de l'Idrijka qui naît dans un massif de Slovénie

  D'un côté, eaux fortes et vertes de la fonte des neiges qui blanchissent encore les sommets, et de l'autre, eaux claires et basses, roulant sur de gros galets.
  Nous optons pour la seconde rivière aux gros cailloux. L'enfer pour mes pauvres pieds ! Les eaux sont claires, certes, mais le fond est douteux. Je connais cette mousse sombre qui recouvre tout et rend le fond extrèmement glissant. On laisse une trace claire en marchant sur les fonds sablonneux. Ici aussi, il y a quelque ville ou village qui pollue en amont. C'est cher payé pour une qualité si médiocre.
  Le premier poisson sera on ombret de 15 cm pris par B... Suivi d'une truite de 50cm qui cassera à la remise à l'eau. Une arc-en-ciel. Une truite de bassine ! Faire tant de kilomètres pour prendre des bêtes de pisciculture, dans une rivière polluée de surcroît. Je pense que, sur un forum bien connu des pêcheurs à la mouche, certains intervenants devraient modérer leur enthousiasme quand ils parlent de l'Idrijka ! Ca éviterait les déceptions pour ceux qui se fient à leur propos pour organiser leur voyage. A moins que ce ne soit fait exprès...
  Après un coup du soir sans la moindre éclosion, sans la moidre activité, c'est de nuit que nous cherchons un coin pour dormir. Nous avons bien repéré un camping vers Bovec, mais c'est trop loin. Et de toute manière je préfère la solitude nocturne. Retour vers le bas de l'Idrijka, sous un pont... de chemin de fer !  Et un pont métallique , en plus !

Nous n'entendrons que le premier train. Les autres ne troubleront pas notre sommeil de plomb.
  Réveil à...8h45 ! Second jour de pêche. Pas très enthousiastes. Mais nous avons pris le permis pour trois jours : une erreur à ne pas renouveler. Si le premier essai est infructueux, mieux vaut ne pas être enchaîné à un lieu. Mais nous avons payé, et payé cher. On en bavera jusqu'au bout...
   Rencontre avec deux pêcheurs suisses. Sur leur conseil, nous allons sur la Boca, rivière qui vient se perdre dans l'Idrijka, tout près de notre "dortoir". Eaux très claires et gros galets. On pourrait pêcher à vue... si on voyait des poissons ! Pourtant, il doit bien y en avoir : B...sortira une belle fario d'un kilo et sera vivtime d'un décrochage. Une grosse arc-en-ciel semble-t-il. En nymphe. Moi, en sèche, je ferai une belle bredouille. J'essaie bien de pêcher en nymphe avec un indicateur ; mais, outre que c'est la galère pour obtenir un semblant de précision dans mes fouettés, je n'aime pas du tout cette pêche au "bouchon". Ca me rappelle la pêche aux barbeaux dans les courants du Tarn.
   Pour le coup du soir, ce sera sous le pont de chemin de fer où, de jour, nous trouvons un petit coin bétonné, avec un semblant de lavabo cloué sur un arbre, et un robinet...sans eau ! Quant aux poissons, dans une Idrijka aussi polluée que nombre de rivières de chez nous, nous en prendrons deux. Deux arc-en-ciel de cirque, ventrues et à moignons. La mienne fait 40 cm, et B... sera meilleur avec une truite de 50cm. Il sera d'ailleurs toujours meilleur ! Va falloir que je m'y fasse : ce sera ainsi jusqu'au dernier jour. Pas un hasard sans doute.
  Avec deux "pivos"--nom générique de la bière dans tous les pays de l'Europe de l'Est --quelques patates à l'eau mélangées à une daube--conserve maison-- nous sommes bons pour un gros dodo, bercés par quelques trains qui nous passent bruyamment sur la tête, jusqu'à...8h45 !
   Le matin nous voit émerger, mais indécis... Qu'allons nous faire un jour de plus avec, au choix, une rivière aux eaux basses et polluées, une autre plus petite, belle, mais aux poissons incertains et peu coopératifs, et une troisième qui nous conviendrait bien si elle était dans son état normal ; la Soca est magnifique mais forte de son eau de neige et difficilement pêchable. Il ne sera pas dit pourtant que nous aurons largué les derniers 50€ pour rien.Nous posons nos mouches sur les bordures, sur cette eau froide et verte. Magnifique, d'ailleurs. Mais pas facile de remonter le courant avec de l'eau jusqu'aux hanches. Pendant deux heures. Pour rien.

   Nous reprenons la route avec un sentiment de regret et d'acte partiellement accompli, le long de l'Idijka, vers Ljubijana et la Croatie proche. Plus nous remontons la rivière, plus son fond devient sombre, colmaté par la mousse. Arrêt à Idrija où malgré tout nous apercevons une truite qui survit . Heureusement, le fond de la bouteille de "pivo" n'a rien à voir avec celui de la rivière ! C'est la fin de l'après-midi : nous voilà à Brod na Kupi sur la frontière Croato-Slovène.
   Là, je connais. Rien n'a changé depuis l'an dernier. Je sais où trouver l'eau et où garer mes quatre roues pour la nuit.. Ici, camping sauvage obligatoire : par de terrain à l'horizon. Après une visite des lieux pour montrer la rivière à B... ,repas et au lit.
   Le lendemain, visite du grand centre du coin : Delnice, à une douzaine de kilomètres. C'est à la poste que nous changeons quelques euros. Nous ne sommes plus dans l'Union européenne, et on paye en Kunas. Deux superettes, un marchand de fruits et quelques autres magasins divers suffiront à nos besoins. Pour un français, le plus difficile, c'est pour le pain : grosses flûtes molles qui tiennent plus du pain de mie que du pain de campagne croustillant de chez nous. De toute manière, j'ai rarement vu des français à l'étranger contents de la nourriture autochtone.Tout au moins dans les pays où il y a des truites ! Sauf en Espagne... Nous faisons le plein d'eau à "ma"source habituelle, sous le panneau de Cocicin (prononcer : Cochichin)

   Et c'est parti pour une partie de pêche, à150 kunas ( 21 € environs ). Je suis un  pêcheur bien moyen en mouche sèche, et en nymphe, je n'y connais pas grand chose ! Quand il n'y a pas de gobages, il faut bien s'adapter. Me voilà à nouveau avec un "casque d'or" au bout du fil et un indicateur en patte toute rose ! Pas chaud du tout, le mec, pour pêcher avec cet attirail. Mais je m'y fais, et après quelques sac de noeuds, je mets même en potence une micro nymphe sombre. Si ce n'est pas efficace, j'embrouillerai encore plus : ça fera passer le temps ! Surprise : je prends, dans la matinée, six ombres dont un qui doit bien "peser" ses 45 cm ! Belle bête, grâce à ma micro-nymphe. Je commence à trouver quelque interêt dans ce montage. D'autant plus que mes fouettés se sont nettement améliorés. Dans l'après-midi, je ne ferai que quelques rares "gouelles". Au coup du soir, toujours pas de gobages malgré les éclosions--rares-- de sedges. Après deux casses sur ma micro-nymphe, je passerai du 10 au 12/10ième. Quand je dis "pas de gobages", ce n'est pas tout à fait vrai. Par deux fois, un ombre de belle taille est venu me piquer... la patte rose de mon indicateur ! Proposez à des gens une côte à l'os et voilà-t-y pas qu'ils préfèrent le hamburger du Macdo ! Et cela nous est arrivé plusieurs fois, dans le séjour. J'ai même été tenté de mettre un peu de cette mixture sur un hameçon à la place de ma mouche sèche. Ils auraient été foutus de me bouder l'appas. Allez comprendre ces bestioles !
   B... fera neuf ombres le matin ; sept en sèche, dont le plus gros de la journée. Il se permettra même de sortir deux "cabots" (chevesnes) au coup du soir.
   A noter : nous avons eu droit au passage du premier canot pneumatique, avec six hommes à bord. Ca crie, ça hurle,ça tape l'eau avec les pagaies, ça ne salue pas, et ça se fout de notre gueule quand ça passe. Rien à ajouter...
   Heureux de notre journée, nous plongeons dans nos couettes vers 23h30, après l'habituel repas arrosé de "pivo"...et peut-être aussi d'un peu de Bordeaux...
   Le lendemain matin, ça démarre fort. La batterie auxiliaire est à plat, et quand le motaur tourne, elle ne charge pas. Les années se suivent et se ressemblent. L'an dernier, c'est sur la placette de Brod na Kupi que j'ai le nez dans le moteur, en train de bricoler un montage en parallèle des deux batteries. A refaire ! Nous roulons tous les jours un peu : ça devrait charger suffisamment. Trois tours de clé et cinquante centimètres de fil électrique plus loin et c'est reparti !
   Au lever, devant nous, le canot d'hier est sur le bord d'en face, où les gars si polis ont planté leur camp. En plus, ils pêchent au lancer, à la cuillère. Ils prennent ... un chevesne ! Bien fait !
   Sur l'autre berge, tous les pêcheurs vous le diront : c'est meilleur. Nous passons donc la frontière pour la seconde fois. Dans les jours qui viennent, les douaniers auront souvent affaire à nous. Ou l'inverse !  Il n'y aura jamais le moindre problème. Nous remontons la rivière côté Slovène et nous nous apercevrons vite que les autochtones aiment aussi la pêche. Il y a du monde partout et paradoxallement assez peu de voitures.Oubien ils sont venus à six par véhicule, ou, comme le dit B... :  "c'est un bus qui les a déposé" !
   Le matin, je prends uns quinzaine d'ombres de belle taille. De trente à trente deux centimètres. Ils ont bien mangé, cet hiver : ils sont plus gros que l'an passé. Ou c'est parce que je pêche en nymphe ?

   B... n'en prendra que trois ou quatre. Aujourd'hui, il est plus rochon que d'habitude : peu de poissons et trop de pêcheurs. Au coup du soir, il en sortira un de 40 cm, juste sous le camping-car.

Le coin deviendra sa boutique à ombres où tous les jours il dérouillera sa canne avec  les deux ou trois spécimens qui lui resteront fidèles. D'où l'intérêt du "no-kill'.
   Il fait déjà nuit. B... est au fourneau, et ensuite ce sera la plonge pour moi. Encore une nuit sans rêve, jusqu'à ...8h45. Je ne le répèterai pas : nous nous lèverons tous les jours à la même heure !
     La journée s'annonce mal pour moi : inflammation à mon gros orteil droit, avec peut-être infection au coin de l'ongle. Pommade, pansement sous le chausson en néoprène du wader. Le tout calé dans la chaussure à clous. Avec la macération dans la transpiration, toute la journée, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur des remèdes. Faudra bien faire avec !
   Même scénario tous les jours : lever, petit déj, douche --pas tous les jours -- permis et café au bistrot en Croatie.
  Entre 10 h et 14 h les ombres mordent bien, mais l'après-midi, je marche beaucoup pour pas grand chose. Sauf pour me faire mal au pied. Au coup du soir, je piquerai trois gros pépères de 40 cm, à la micro-nymphe, au "bouchon". D'ailleurs, à la place de la patte rose, je mettrais un jour, un vrai bouchon toulousain ! Je suis sûr que ça marchera pareil. B... fait un mauvais coup du soir. Peut-être sont-ils devenus plus difficiles, au contact du monde vu hier ? Bien sûr, on les remet à l'eau. Mais eux, ils ne le savent pas, qu'ils ne risquent rien !

   Encore une longue et bonne nuit à passer
   Après la cérémonie du permis en Croatie, nous retournons en Slovénie, près d'un centre de loisirs visiblement désaffecté. Je l'avais bien  dit que les douaniers finiraient par nous connaître ! C'est un endroit que j'aime bien.. Tout d'abord pour l'emplacement : tout près de la rivière et suffisamment plat pour que B... ne soit pas obligé de tenir la queue de la poêle pendant toute la cuisson de l'omelette ...
   Je pars sur la route vers l'aval. Pas discret, le vieux : la vallée résonne du bruit de mes godillots cloutés et du choc métallique de ma canne --pardon : mon bâton de wading ! -- sur le macadam. L'an passé, je me suis bien amusé dans ces petits courants, pendant que C..., depuis la route, faisait des photos. C...qui,dans un autre camping-car, avec une autre équipe de copains, est ce soir en train de taquiner les mêmes ombres. Je pêcherai encore toute la matinée au "bouchon" et prendrais encore un bon paquet de poissons de 30 cm en moyenne. Avec quelques truites, cette fois. Heureusement que nous relâchons ces pauvres bêtes. A ce rythme qui était le nôtre, en France, il y a 30 ans, il n'y aurait bientôt plus de poissons. Je vais en faire hurler beaucoup qui me diront : " mais si, il y a toujours beaucoup de poissons, mais maintenant, ils sont éduqués ! " Moi, vieux prof à la retraite, j'aurais bien aimé avoir la recette pour éduquer aussi efficacement les galapias que j'avais devant moi ! A croire que les poissons sont plus malins que notre progéniture. A voir comment, certains soirs, ils sélectionnent leur nourriture, et comment ils refusent mon imitation, je ne suis pas loin de le penser...
   Bon, revenons à notre Kupa ! B... est parti en amont. C'est plutôt calme, et il aime ça . Je le retrouverai, au moment du repas,complètement ébahi, espanté, sans voix ( enfin, c'est une manière de parler ! ) m'affirmant qu'il venait de vivre une de ses plus belles parties de pêche de sa vie. Des ombres pêchés tout en finesse, sur de minuscules gobages... Des ombres de 40cm et souvent plus... J'avoue ne jamais avoir vu B... dans un tel état de transe ! En fait, nous étions tous les deux... simplement heureux !
   L'après midi, c'est moi qui pars vers le haut. Je prendrai trois ou quatre gros poissons. Des oubliés ou des anciens atteints de cénilité. J'épinglerai aussi une belle et dodue fario.

Elle, elle n'a pas eu de chance : je l'ai mangée. Très bien préparée par un B... heureux d'avoir une poêle parfaitement stable sur le réchaud ! Les quelques autres truites que nous avons prises étaient de petites arc-en-ciel  d'une vingtaine de centimètres avec une robe très proche de celle d'un tacon.
   Coup du soir. Côte à côte, nous nous installons. B... commence à pêcher pendant que moi j'embrouille tout. Je dois refaire tout mon bas de ligne. C'est parti pour quatre noeuds de chirurgien. Ca me fait penser que, de ces noeuds, j'en ai plein le ventre, entr'autre ! Le nez en l'air, dans la clarté du ciel juste avant la nuit, je m'applique et monte ma mouche, avec l'aide d'un passe fil. Je fouette une fois, deux fois, trois fois, et c'est un arbre qui m'arrête. Je râle mais patiemment, je remonte la même mouche que celle restée dans le feuillage. Pour ne pas raccrocher, je me déplace légèrement, mais un caillou bloque sournoisement mon pied et je m'affale de tout mon long dans trente centimètres d'eau. Face au courant. Bien qu'il soit plutôt serré--non,non, ce n'est pas à cause d'un défaut de fabrication ! --, l'eau pénètre profondément dans mon wader pour arriver dans les chaussons quand je me relève. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, me voilà râlant, pestant, bougonnant , sur le goudron, au rythme de ma canne et de mes croquenots cloutés ! Direction, le camping-car. Même B...a du mal à me suivre. Enfin, presque...
   Est-ce à cause de cela ? le tout est que l'épaule malmenée lors d'une chute au Maroc, il y a un mois, me fera souffrir toute la nuit. Et ça va durer. Mais c'est la gauche : je peux encore fouetter, à droite.
   Ne pas abuser des bonnes choses. Un pêcheur qui ne prend pas de poisson est mécontent : il change de place. Un pêcheur qui prend trop de poisson est vite blasé : il change de place. Moralité : la pêche est une éternelle quête. Le "mieux" est toujours ailleurs. Et le meilleur, une utopie. Nous partons pour la Gacka.
  Deux cent ciquante kunas de plus (35€), pour une journée, et nous voilà sur une rivière profonde, aux eaux limpides, serpentant au milieu des prés. Le camping-car s'arrête de lui-même auprès du même pont qu'en 2006 et 2008.  La première fois, notre journée avec C... s'était soldée par une magistale bredouille. L'an passé, c'était le contraire : une pêche miraculeuse. Et cette année ?  Des petites farios minables de 25 cm, toutes avec des moignons en guise de nageoires. Une pisciculture ! La mythique Gacka est devenue la minable Gacka. B... prendra une grosse arc-en-ciel, née elle aussi dans quelque bassin. Heureusement, le soir, le pavé grillé au barbecue remontera le moral.  Une habitude, ici.
   Le matin, nous repartons en vadrouille. J'ai  "entendu parler " -- toujours sur le forum de pêche à la mouche bien connu -- de deux rivières, à la frontière entre la Bosnie et la Croatie. L'Una et l' Unec. La route est compliquée : nous nous trompons souvent. Le moral est en baisse et le temps exécrable. La carte indique des postes frontaliers qui n'existent plus. C'est finalement un gars du pays qui nous guidera en voiture pour traverser en Bosnie. Le paysage change : nous avons quitté les églises fraichement repeintes pour des mosquées fraichement construites. La route suit la rivière, grande et calme au début, pour devenir plus rapide, mais trop profonde pour nos waders. Et tout au long, des voitures du pays et ...des pêcheurs. Que des cannes à lancer . Nous faisons de plus en plus la gueule... Martin Brod, le bled au confluent des deux rivières. Et au confluent aussi, une immense pisciculture ! Au dessous, des moucheurs, en rang d'oignons, les pieds bien calés dans les cailloux, bien fixes à leur poste. Sous les cannes, entre les algues noires, des truites sagement alignées. Parfois, une étourdie avale une nymphe , se bagarre un peu pour le fun, fait un tour à l'air libre et est relachée comme le fait tout vrai pêcheur. Ou qui se prend pour tel !
   On se laisse prendre en main par un jeune hotelier qui nous offre l'emplacement pour la nuit devant son établissement. Nous mangeons au restaurant et nous discutons un peu, dans notre anglais approximatif, avec un couple voisin.
   Au lever, hésitation.  Prendre ou ne pas prendre le permis. Un petit tour pour voir l'eau, et des vestiges d'un triste   moment pas si éloigné que cela. 
















  



Il fait froid, il pleut ... Nous repartons vers "nos" ombres de la Kupa.
   Retour au centre de loisir désaffecté, côté Slovène. Nous y reviendrons tous les soirs, après avoir testé tous les coups de la rivière. A part une petite journée, un samedi passé entre pêcheurs et canoës, nous prendrons de nombreux poissons de taille respectable. En sèche ou en nymphe. Un autrichien nous indique une autre rivière vers les Alpes, au nord de la Slovénie. Il n'en fallait pas plus pour nous retrouver en selle ! Et roule....
   Passage par Delnice pour refaire des euros à partir des kunas. Tiens, dans ce sens, la poste se dit "incompétente". Ca marche à la banque. Une dernière visite à nos douaniers qui vont perdre une grande partie de leur activité journalière avec notre départ, et en route vers Ljubljana et les Kamnisko Savinjske Alpe ( ! )
   La rivière est belle. Avec encore beaucoup trop d'eau pour nos waders. Impossible de trouver un emplacement pour stationner, le long de la route qui la longe. Vers l'aval, depuis un pont, nous voyons deux pêcheurs en plein courant, dans l'eau jusqu'aux aisselles. Moi qui m'étale dans trente centimètres d'eau ... C'est pas fait pour nous motiver, malgré les deux truites que nous leur voyons prendre. Pas facile de se décider quand on arrive dans un coin inconnu. Et puis, à quelques kilomètres de là, il y a la Sava que B... connaît bien. Quatre fois, il l'a pêchée et j'étais avec lui, lors du dernier séjour, il y a ... 10 ans !
   La rivière est toujours très belle, avec ses eaux turquoises, extrêmement limpides. Installation au camping, les roues au bord de l'eau. Prise du permis, à 38 € par jour. Un peu fou, quand même ! Mais qui sont les plus fous ? Eux qui fixent le prix, ou nous qui payons ? On ne s'offrira pas cela pendant un mois...
   Premiers fouettés le matin, juste sous le camping. En nymphe, au "bouchon". C'est plein d'ombres pas très gros, mais très gourmands. Plus haut, dans l'après midi, nous réussirons beaucoup moins bien; mais B... retrouve son coin : il avait dix ans de moins ! Et moi aussi ! Le coup du soir est assez fabuleux : de grosses truites, en nymphe. Mais seulement des arc-en-ciel. Où sont donc passées les farios d'antant ? " Encavées à cause des eaux trop froides "  nous dit le garde en contrôlant nos permis.. Encore une rivière alevinée,mais avec des bestioles nerveuses et de très bonne qualité. Il doit y avoir un moment qu'elles hantent la rivière. Ces truites sont violentes et bagareuses. Et bruyantes dans leur ébats au bout de la ligne, à la nuit quasiment tombée. Si on voulait être discret, c'est loupé ! Et le pêcheur qui, plus bas ne réussira pas son coup du soir, viendra prendre notre place dès le lendemain matin, informé de notre succès par les coups de battoirs de nos prises.
   Nuit d'un sommeil profond et sans rêve. Le matin, nous sautons comme d'abitude dans nos waders vers les dix heures. Pas besoin d'aller loin : quelques centaines de mètre plus bas. Je pêche près de B... qui sort des ombres, les uns après les autres. A quelques mètres de là, je ne prends rien ! Ni en sèche, ni en nymphe. Pendant que B... s'éclate, je me contente de quelques truitelles, dont une qui serait assez belle, si elle n'était anorexique ! Longue, maigre et molle.Et pourtant, elle à pris ma mouche.

   Je la remets à l'eau en lui souhaitant on prompt rétablissement. Et toute la journée, pendant que B... prend dix poissons, j'en prends un ! Avec le même 10/100ième et parfois la même mouche.  Je n'ai toujours pas trouvé le "pourquoi"...
   L'après midi nous irons faire un peu de tourisme à un lac proche et une visite commémorative au "blue-bar" ou, quand nous étions plus jeunes, tant de "pivos" sont mortes dans nos mains... Le coup du soir sera sérieusement écourté par un B... blasé ...
   C'est fini. Il faut rentrer et se taper les 1400 km du retour. Dès le matin, je prends le volant pendant que B...retourne à ses rêves. Deux cent kilomètres plus loin, ce sera l'inverse; et ainsi de suite. Tant et si bien que les kilomètres défilent sans qu'on s'en aperçoive. Vers 10 h nous sommes chez nous. Deux jours pour vernir, un seul jour pour rentrer : qui prétend que la pêche fatigue ?

                   Cinq étapes de pur plaisir :
1- On fatigue le poisson : grosse montée d'adrénaline


2- On se saisit du poisson : grande appréhension

3- on présente le poisson : joie profonde
4 On relache le poisson : la certitude de de l'acte de pêche bien accompli
   Mais il manque, en avant première, l'instant du gobage de la mouche et le ferrage !
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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 17:16

   Ce bond, que j'ai fait ! Cinq heures du matin, le buzzer du réveil me vrille les oreilles. Je suis un couche tard, donc un lève tard, et je n'ai pas l'habitude, mais pas du tout l'habitude, de me lever si tôt. Dans une demi-heure, deux copains , M... et J-C... seront là, avec tout leur barda. M... a déjà rentré une pleine brouette-- et oui, une brouette ! -- de matos dans le camping-car, qui reprend du service après un long hivernage. Trente minutes pour le petit déjeuner, la petite toilette, et tout, et tout. Quand ils arrivent, quasiment en même temps, je suis en train de prélever quelques vairons dans le vivier du sous-sol.
   Le camion a à peine le temps de chauffer qu'il est déjà sur la route. Une heure trente après, avec un arrêt chez le boulanger pour acheter du pain frais et deux ou trois gâteries du matin, nous voilà rendus. Nous sommes les premiers, et le seul véhicule stationné près du pont.
   La matinée est très fraîche, avec une petite gelée blanche. Un soleil "pétard" se prépare. Vent inexistant. En quelques minutes le vairon que j'ai tué d'une pichenette sur la tête, est embroché sur le plomb, avec un triple dans le ventre. Il ne me reste plus qu'à mettre les cuissardes. Une jambe chaussée et l'autre en l'air, comme un héron, j'essaie d'enfiler la seconde botte. Mon équilibre, instable à l'ordinaire, devient précaire dans cette position. Je m'appuie lourdement contre le camping-car. Le bruit que j'entends ne fait aucun doute : il y a du carbonne brisé sous ma fesse gauche !
   Il ne me reste plus qu'à prendre la canne de secours. Trop souple, mais il faudra bien faire avec ! Pourquoi trop souple ? Parce que celle là aussi, je l'ai cassée, et le sillon de remplacement n'a pas l'action désirée. Une habitude, en quelque sorte !
  Et c'est avec un moral en berne que je pars sauter les fils de fer barbelé. En solde, ils ont dû l'avoir, le barbelé ! Il y en a partout, bien tendu, bien haut : tout pour qu'un petit gabari comme moi reste suspendu, patte en l'air . Je rêve des échelles ou chicanes à pêcheurs que l'on trouve au coin des champs dans certaines régions de France. Cela éviterait de sectionner des fils, bien malgré nous.
   En bout d'une rigole, le premier trou que l'on peut pêcher depuis la route ne donne rien. 

Pourtant, il y en a toujours une de planquée, sous la buse, 
et  je suis le premier a y tremper le vairon. Même les gens du coin ont déserté. Mauvais signe !
M... est passé du même côté de la rivière que moi. J-C... est seul, de l'autre côté. Pour le moment, la rivière est à nous. Première surprise : le niveau de l'eau . L'hiver a été très pluvieux, froid, avec une bonne quantité de neige. Il pleuvait encore il y a deux semaines. Et pourtant les eaux sont basses, très basses, et bien sûr, très claires.
Ca va être coton de sortir des bestioles de là !

Voilà près de trente ans que je pêche ce ruisseau, et il me semble qu'il y a de moins en moins d'eau. J'y fais quasiment toutes mes ouvertures. Je peux comparer. L'eau est de plus en plus basse, et surtout, quand il pleut, elle monte très vite, pour baisser aussitôt. Merci les drainages; fini le rôle d'éponge qu'avait la terre autrefois. Que reste-t-il en été ? Quelle est la température du filet d'eau qui reste sous le cagnard de Juillet ? Adieu les truites : elles ne supportent pas le bouillon !
   J'aime glisser ma ligne entre les branches, et voir mon vairon plonger dans l'ombre d'un trou profond, sous un tronc d'arbre, dans les racines dénudées par le courant. Le parcours est encombré, et les refuges nombreux.
Il faut se glisser entre les buissons, faire attention à son ombre portée,et même à celle de la canne.Et après avoir agité sans succès le vairon, en essayant de lui donner un mouvement le plus naturel, le plus attractif possible pour la truite, il faut dégager sa ligne, et la dégager sans accrocher. C'est là que, reculant tranquillement dans le pré, le fil rencontre le barbelé et s'enroule une, deux, trois fois, là-bas, à quatre mètres devant, alors que, reculé dans le pré, on se croit sauvé ! Et on recommence, vingt mètres plus loin, toujours plus discret, toujours plus précis...   La matinée s'avance. Près de moi, j'entends un bruit d'eau, d'éclaboussures : c'est M... qui vient de sortir fièrement sa truite. Oh, pas une grosse, mais c'est un début.
   Nous ne sommes plus seuls. En face, un autre pêcheur. Sa ligne est accrochée au dessus de sa tête. Il  peste, râle, et tire dans tous les sens... Et encore un bruit de carbonne qui explose ! Et de deux ! Penaud et déconfit, colère ravalée, il s'en retourne, maudissant cette fatalité qui veut que les moments auxquels on accorde le plus d'importance soient gâchés par les plus imprévisibles accidents. Qu'importe : demain ça deviendra une bonne histoire à raconter autour d'un verre. Il est parti, ses trois morceaux de canne sous le bras, et je ne l'ai jamais revu.
   La pêche continue, lamentable. Seul le temps est au beau. De plus en plus clair, de plus en plus chaud. Idéal pour la bredouille qui se précise de plus en plus.
   Sur l'autre berge, je vois J-C... qui remonte, la mine triste. Encore une canne de cassée : et de trois ! Une épidémie ! Les marchands d'articles de pêche, eux, feront une bonne post-ouverture .
   Nous pêcherons jusqu'à midi. Pour rien. Les quelques rares pêcheurs rencontrés sont comme nous. Il y a 25 ans, quand on n'arrivait pas à faire le complet de 15 truites le jour de l'ouverture,c'était un mauvais jour. Et par eau claire.
   Bon, inutile de pleurer.



















 

Après un moment d'abattement, on met les couverts, l'apéro, le vin , et l'énorme quantité de victuaille apportée par mes deux compères. La table pour le pique-nique, du soleil par dessus, et  un air printanier .. N'est-elle pas belle, la vie ?
   L'un coupe le jambon, l'autre ouvre le jambonneau, je décapsule le pâté et le bouchon du vin rouge saute bruyamment... ( "Qui c'est qui m'appelle ?" dirait un ami, trop vite disparu...) Le poulet sera le plat de résistance, avant un bon fromage bien coulant.
   Après ça, pour revenir à la pêche... Même si elle avait été bonne , nous aurions eu du mal . Mais nous  serions quand même repartis !
   Pour le retour, nous longeons une rivière qui a eu son heure de gloire, dans le temps.
   Mais les temps ont changé. Nous nous accorderons une petite heure, dans une eau desespérément vide. Le paysan rencontré jurera ses grands dieux que plus jamais il ne reprendra la carte."Les cormorans ont tout bouffé ! " assure-t-il. C'est vrai qu'en plus, ces bestioles font un sacré ravage. Même plus de poissons blancs, qui étaient la plaie des moucheurs, dès la fin du printemps.Plus rien ! Le vide sidéral.
   Reste plus quà rentrer à la maison. Deux bredouilles et seul M...à su tirer ...sa truite de l'eau ! Totalement démoralisés. Mais peut-être que la semaine prochaine... si le temps se met à la pluie... si le vent tourne à l'ouest...
   Et la fois suivante, avec J...et J-P... nous remettons cela : une truite pour trois ! Ca ne vaut même pas le coup de raconter l'aventure. Le seul moment de gloire à encore été le casse-croûte ! Mais on ne peut  quand même pas en faire un roman.
   Cette fois nous voilà calmés. Fini, la pêche. De toute la semaine. Et pour les jours suivants, je laisse les ruisseaux aux copains. Moi, je pars faire du tourisme sans les cannes--enfin, j'en ai bien coincé une petite au fond du 4x4... Des fois qu'il y ait encore des truites ou des blacks au Maroc...

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 20:35

         La truite sur la Tay, la Lyon et la Tummel

  

  Le temps d'une bonne lessive, de sécher le tout; et dans le sous-sol, en plus ! Raison : il pleut des cordes depuis un mois et le sèche-linge m'a laissé lamentablement tomber !
   Et c'est le départ pour l'Ecosse. Pays qui n'est pas réputé pour sa sècheresse. Ici, les rivières sont dans les prés. Alors là-bas... Un camping-car, ça peut attendre, pas un avion: alors, malgré tout, il faut partir. Trois avions, en fait : Toulouse-Londres, Londres- Edimbourg, Edimbourg-Inverness. Le temps de goûter la bière anglaise, pendant les heures d'attente. Comme ça, en arrivant à Pitlochry, nous saurons par laquelle commencer. Pitlochry où nous avons loué -- où les copains ont loué : encore une fois, je me laisse porter ! -- un bungalow pour six personnes. Alors à trois, ça devrait aller !
   Cette fois, ce sont les copains , B... et D... qui viennent manger et coucher chez moi. C'est eux qui vont se taper les deux heures supplémentaires de route au retour, de nuit.
   Lever à 3h pour prendre l'avion de Londres à 6h45. Le voyage se terminera vers 16h, derrière les hélices d'un petit bi-moteur. Petit mais assourdissant ! Seul incident, dont on parlera encore longtemps : j'ai mis ma trousse de toilette dans mon bagage cabine, et le douanier me dit un sympathique " merci " en me piquant la bouteille de shampoing. Et moi qui avait dit aux copains de faire attention...!
   C'est le moment de vérité : D... prend le volant de la voiture de location : à babord, toute !  Tranquille, calme, posé, le D...! Et à côté, les copains qui répètent inlassablement " à gauche ", " à gauche " . Pendant une trentaine de kilomètres, puis D... passe la barre à B... Et moi, côté du " dead ", volant à droite : " à gauche ", " à gauche " ! Ah, ces virages où la voiture d'en face surgit  de l'autre côté ! Heureusement, d'ailleurs ! Et  puis nous nous habituerons, et B... deviendra un vrai maître de la conduite inversée ...
   Arrêt dans un hotel de Newtonmore, repas et plouf : au lit.
Petit déjeuner à 7h. Je n'ai pas été foutu de trouver le système pour avoir de l'eau chaude à la douche. Pour ça aussi, ils ont un code inversé !  Je me contenterai d'un peu d'eau sur la face : inutile de se rendre ridicule ! " Ils " aimeraient trop ! Et c'est reparti, à gauche, pour quelques kilomètres -- pardon : quelques miles !
   Arrivée au camping de Faskally, près de Pitlochry. Beau mobil-home sur du gazon -- parfaitement tondu, bien sûr -- avec plein de petits lapins autour
.

  Corvée classique des courses et prise d'un permis de pêche au magasin du coin : 5£ par jour pour la rivière Tummel qui arrose la ville. Belle rivière de cailloux et de gravier. Pas ou peu de postes, pas ou peu de caves. Ca va être coton de sortir des truites de là dedans ! Les eaux sont claires, très claires, avec un fond sombre, teinté un peu couleur cuivre, comme toutes les rivières acides, nées dans la tourbe et coulant sous les sapins. Comme en Irlande. Et en plus, il fait beau.  Ces grandes plages de gros gravier laissent à penser que les eaux sont basses, très basses même. Je ne dis rien, mais ces rares petits gobages ne m'incitent pas à l'optimisme.  Marcher sur ces cailloux fait autant de bruit qu'un char d'assaut dans une cathédrale ! Ca doit résonner fort et loin, sous cette surface lisse et brillante, réfléchissant les mille feux des vaguellettes qu'un petit vent de face agite. Petit, mais drôlement casse pied pour fouetter. Je mets successivemet plusieurs mouches, au hasard : petit et gros sedge, clair ou foncé ; baetis olive, en cul de canard, en araignée ; et même fourmi. Si ça ne prend rien, ça fait passer le temps. Surtout que sur 10/100ième, dur-dur pour faire les noeuds, de mes vieux yeux. Vieux et presque borgne ! J'ai droit malgré tout à un beau refus. Ou est-ce moi qui ait manqué ?  B... , plus discret, dans sa démarche et dans ses posés, prendra deux truites de 25 et de 35cm. Truites de belle robe, sauvages sans aucun doute. D..., lui, ne nous a pas suivi le long de la rivière : nous le retrouverons vers 19h à la voiture. Arrêt en ville pour goûter une mousse écossaise. Nous profiterons d'un spectacle : danse et musique du coin. Avec tenues adéquates : jupes pour monsieur et madame, et la " cabrette " , comme on dit " par chez nous ". Puis repas préparé par B..., après un apéro anisé. ( Non, non, ce n'est pas à la superette de Pitlochry que nous l'avons achetée, la bouteille ! Elle a voyagé dans la soute à bagages, dans les chaussons de nos waders ! ) Et la plonge pour moi, pendant que D... essuie...Ainsi en sera-t-il pendant tout le séjour.

   Lever vers 7h30 et " petit " déjeuner, spécialité de B... : oeuf, bacon, saucisses, bière ou-et vin rouge. Dieu du cholestérol, ayez pitié de nous !
   Au passage à la superette, B... fait grise mine. Un coup de froid, dit-il. Peut-être, mais pas fier du tout, le gaillard ! Et puis, ça passe.
   Nous allons acheter nos permis à Dunkeld, vers le sud, pour pêcher sur la Tay. Après avoir parcouru 15km en sens inverse, nous revenons sur nos pas pour trouver un parking et un accès à la rivière. Large, avec de grands lisses. Faudra s'y faire. Il y a bien quelques gobages, mais toute activité cesse dès qu'on met les pieds  dans l'eau et que l'on effectue quelques fouettés. Et sur un ferrage intempestif, je trouve le moyen de casser ! B... en prendra une de 27 et moi, j'en décroche une autre. Pas de quoi alerter la presse ! D... pêche un tout petit peu...
   Vers le soir, nous allons voir la Lyon, à une quarantaine de kilomètres. Ballade entre deux murettes de granite, dans une campagne verdoyante. Pleine de moutons : les prés tondus comme des gazons... anglais ! Et des faisans partout. Surtout écrasés sur la chaussée. Les arbres qui bordent la petite route sont majestueux. Chacun a vu passer un bon nombre de siècles.

 Et, bien sûr, des châteaux. Le pays respire l'aisance. Mais pour la pêche,ça ne va pas être aisé là non plus. Eaux très basses, entre les cailloux.      Depuis le pont, pas l'ombre d'une truite à l'horizon. Nous prenons contact avec le propriétaire de la rivière, pour demain. ( 10£ la journée : ça devrait être deux fois meilleurs ! ) et retour au bungalow où je retrouve le sandwich préparé pour midi !  Heureusement que les copains sont partageurs...
   Et le matin suivant, c'est D... qui est malade au super-marché. Ca commence à devenir une habitude !
    Sur la Lyon, avec B... nous pêcherons côte à côte. Nous insisterons avec de l'eau qui n'arrive même pas aux genoux.. Nous ne verrons pas une truitelle fuir devant nous. Une rivière pourtant si réputée ! On ne prend pas de poisson, mais on fait une bonne sieste, dans l'herbe grasse du printemps. Faut bien qu'il pleuve, dans ce pays, pour que l'herbe soit si haute.

. Depuis le pont, le soir, nous verrons quand même trois ou quatre très belles truites. B... fait une tentative et fait fuir la bête avant même que la soie ait touché l'eau. Sauvages, ces bestiaux ! Pas de doute, ici, on ne " bassine " pas . Et c'est le retour au camping pour goûter un whisky régional. Au goût fumé ! Comme le jambon !  Imbuvable pour un palais français. La bouteille restera intacte et fera plaisir à la personne qui s'occupera du ménage. Enfin, je l'espère... 
   Le moral est en berne. En plus,B... souffre d'une allergie : yeux  ensablés et sinus en fontaine. Il ne supporte pas l'herbe coupée : dans ce pays recouvert de gazon, c'est mal barré !  On se ballade dans Pitlochry-- une rue principale, et c'est à peu près tout-- et on prend un permis pour la semaine pour d'éventuels coups du soir sur la Tummel. Nous y ferons de belles bredouilles ou presque....

     Encore un " petit " déjeuner à la B... : omelette aux oignons et pommes de terre, fromage. Les " tchouffas " ( pour la traduction, demandez à un marocain ) ça ne coupe pas l'appétit. Re- ballade en ville, où c'est une gentille vendeuse française qui me vendra la casquette souvenir " of Scottland " ( Que je laisserai au dernier hotel !)
   Et nous irons sur la Tay, vers Aberfeldy, face à la distillerie. Dès le premier passage, B...en sors une de près de 35cm. Belle robe. Et ça gobe. Mais elles sont toujours très difficiles à faire monter. Je change une bonne dizaine de fois ma mouche pour arriver à un petit sedge noir, en plume de coq, sur un hameçon de 18. Et enfin, ça marche. J'en prendrai cinq. B...aura moins de chance : il a mis le sedge trop tard . J'aurais quatre décrochages ou casse. Moralité : changer le bas de ligne après chaque prise, surtout sur 10/10ième. Nous arrosons cela au café du coin du pont d'Aberfeldy, avec une " Best " bien mousseuse. Nous avons gardé les trois plus belles pièces que nous mangerons ce soir.

   
  



Et nous voilà en train de monter un vol de sedges. Enfin, c'est B...qui monte; le seul à avoir des yeux -- et encore, type lapin myxomatosé-- pour monter sans loupe; et, au lit...

   Et on continue. Cette fois, pour une partie de la rivière Tay, côté distillerie d'Aberfeldy, donc face au coin d'hier. Comme d'habitude, on va prendre le permis à la ferme.. C'est -- encore ! -- un secteur de grands plats, avec quelques gobages à l'arrivée. Au premier coup, une casse... Je suis toujours aussi violent à mon premier ferrage. Pas moyen de me corriger. Puis ce sera un décrochage, et plus rien. D... prendra deux petites;  avec B... nous traversons pour aller au coin d'hier. Pour trouver une volée de canoës, suivie d'une autre... Ici, avec ces bestioles si craintives, ça ne pardonne pas. Toutes les truites encavées : la journée est finie. Payer pour être ennuyé -- je suis beaucoup moins poli, en langage parlé ! -- toute la journée , merci la Tay ! Messieurs les pêcheurs en goguette sur les rivières d'Ecosse, souvenez-vous...
   Nous abandonnons le coin et prenons la voiture pour aller voir en amont, comment ça se présente.  Arrêt inattendu de B... qui, avec son allergie, ne peut plus conduire. Je prends le volant pour rentrer : ce sera mon baptême à gauche. Cinquante kilomètres sans problème : j'ai mon permis pour le U.K. Nous noyons notre déception autour d'un apéro prolongé, et au lit...
   Le matin, pas très motivés, les gaillards !  Et si on changeait ? A une centaine de kilomètres, il y a la fameuse Dee. Rivière réputée, s'il y en est, pour ses saumons... Peut-être y a-t-il aussi des truites...  Nous traversons une lande de bruyères et de fougères naissantes. Des murettes courent de sommets en vallons, séparant sans doute d'immenses propriétés. Il en a fallu des siècles, pour entasser ces cailloux ! Et partout, des moutons... Tu m'étonnes que les gigots soient fameux et d'un prix abordable ! Arrivés sur la rivière, nous allons aux renseignements, au bar d'un hotel. Coquet, l'hotel . Du traditionnel . Du massif . Pas de cliquant. Ca respire l'aisance... Le permis ? Pour le saumon ? Ah non ! Pour la " brown ", notre truite fario. Et là, ça ne semble plus interesser la dame qui nous répond négligemment qu'ici, on ne pêche que le saumon... En plus, j'ai du mal à croire qu'il y a beaucoup de saumons dans la rivière, somme toute assez petite, avec peu de fond, et avec toujours ces eaux si claires sur fond rougeâtre... Et pourtant, Mister Google est formel : il y a de belles bêtes qui remontent de la mer... J'ajouterais, mais ça n'engage que moi : rares bêtes ! Qui peut m'apporter la preuve du contraire veuille bien me le dire... Il y a bien une petite rivière où nous pourrions pêcher. Nous venons de la suivre et la hauteur d'eau ne devrait pas dépasser la cheville de B..., qui est le plus grand de nous trois !  Retour à Pilochry où nous irons promener notre tristesse le long des berges de la Tummel. Belle rivière qui doit avoir ses moments d'exception quand le temps est propice.
   Le lendemain, après les courses habituelles, c'est à Dunkeld que nous reviendrons prendre le permis pour la Tay, sur un pool très amménagé pour la pêche au saumon. Deux pêcheurs vont peigner l'eau toute la jounée, et nous ne les verrons pas en attaper un. Premier contrôle par un garde qui nous indique un coin à truites, là-bas, au fond, au plus loin du pool à saumons. D'ailleurs, une très belle place pour la truite, si elle daignait se manifester ! Rien. Strictement rien ! Ni en sèche, ni en nymphe ! Pourtant, au départ, près des voitures, il y avait quelques gobages. Mais nous avons voulu aller voir plus loin. Morale : ne jamais lâcher la proie pour l'ombre.
   Problème récurant : où aller pêcher aujourd'hui ? Après tout, c'est à Brolik, en face de la distillerie d'Aberfeldy, que nous avons fait une pêche correcte, un jour... On y revient. C'est un des rares endroits où il y a un beau courant qui vient buter sur un rocher, sur la rive opposée. Une belle cave où doivent se planquer un paquet de truites. Nous arrivons vers 10h et dès le premier fouetté, sur un gobage, je casse. Toujours aussi délicat, mon premier ferrage ! En fait, c'est le noeud qui s'est défait. Ca commence à me faire râler. Et ça n'arrête pas : j'embrouille, je casse, je décroche deux autres truites. Je fouette mal et ma soie arrive sur l'eau avec la délicatesse d'un câble de débardage ! Sur un lisse, ou presque, ça ne pardonne pas. Les quelques truites qui gobent du bout des lèvres n'apprécient pas les coups de fouet et retournent très vite " at home " . B... tout en délicatesse et précision en prendra quand même cinq. Et D... sera bredouille lui aussi. Pourtant, faisant preuve d'une témérité rare, il a mouillé les waders  jusqu'aux genoux.

   Et le soir, après avoir mangé, nous allons nous ballader au dessous du camping, sur la Tummel. Dans les dernières lueurs du jour, ça gobe de tous les côtés. Sous notre mobil-home !  Il faudra bien essayer un vrai coup du soir.
   Nous n'avons plus tellement envie de roder. Ce matin, nous voilà encore sur la Tummel, en aval de Pitlochry. Soleil et vent frais : nul . Un pêcheur du coin prend pitié de nous et nous montre d'abord, puis nous donne à chacun une de ses mouches noyées, avec laquelle il vient de prendre huit truites. Retour au camping et, après avoir mangé, voilà B... qui sort sa boîte à mouches et qui se met à en monter de semblables. Nous les essayerons, l'après-midi, sans plus de succès ! Sèche ou noyée, même résultat.
  Nous nous installons pour le coup du soir. D... est resté à la maison. Avec B... nous sommes à trente mètres l'un de l'autre. Lui sur un plat assez profond, moi sur un courant régulier d'un mètre de profondeut à peine. Devant lui, des gobages. Devant moi, le calme plat. Il prendra deux ou trois poissons au petit sedge noir et continuera à l'oreille de lièvre. Finalement, je le rejoins et j'en fais trois. Cette fois, il y en a qui finiront dans la poêle.

Et nous partons en nous disant que nous aurions dû faire plus souvent le coup du soir. Nous y reviendrons... pour rien ! Ou presque : B...en sortira une de 22. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; les coups du soir aussi... Heureusement, dans la journée, il y a les matches de l'Euro 2008 de football. Au bistrot devant une mousse. Mais, avions nous vraiment besoin de venir en Ecosse pour les voir ?
  Et avant d'aller au lit, nous bouclons les bagages. Demain, trois avions à prendre dans la jounée. Trois sauts de puce avec de longues heures d'attente. Mais cette fois, j'ai de la chance : je me coucherai le premier, alors que B... et D... devront encore se taper plus de cent kilomètres avant de retrouver leur draps. Et en roulant à droite !

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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 20:35

 

                 Retour en Croatie

    C'est la mi-mai. Fini le vairon.J'ai sorti le fouet, graissé la soie, classé mes mouches... Depuis deux semaines je cours les ruisseaux de la région. Sans beaucoup de succès.La mouche se fait rare et le gobage anecdotique. La nymphe a encore ses moments de gloire. Mais pour moi, ça ne vaut pas le beau rond fait sur l'eau par une truite gourmande. Et en plus, mon vieux camping-car a des fourmis dans les ressorts... Alors, je pars.
    Chez l'ami C..., tout est prêt. Il est 7h du matin. Il n'y a plus qu'à tourner la clé de contact. Et c'est tout frigant que les dix chevaux vont nous emporter sur l'autoroute, vers la Croatie. Il y a deux ans, nous avons découvert les rivières du pays, en septembre. Pour la mouche, ça devrait être mieux cette année, en mai. Pas le temps ni l'envie de batifoler en route. L'un conduit, l'autre sommeille. L'autre conduit, l'un sommeille. Et inversement ! Et c'est avant Venise, sur une aire dite " de repos " que nous tenterons de dormir. Pas toujours facile. Entre le camion frogorifique qui ronronne, un moteur qui démarre, ou un groupe de gais lurons qui exprime bruyamment sa joie... Jusqu'à 6h du matin. Passage aux toilettes pour se mouiller le museau et détartrer les quenottes, un café -- oups !  le café italien, ça réveille ! -- et c'est reparti. On brûle du gas-oil, on fait le plein -- cher, très cher le mazout ! -- et nous voilà en Slovénie. Pour une trentaine de kilomètres seulement.
   Arrivée en Croatie : fini l'Europe. De l'euro on passe à la kuna. Le rapport entre les deux ? Facile. Il suffit de revenir quelques années en arrière et de se dire que les prix sont affichés en francs. Ca facilite sérieusement les calculs. Encore une centaine de kilomètres et nous voilà à Brod Na Kupi. Le pont sur la Kupa, avec le poste frontière, deux trois maisons et autant de bistrots. J'exagère, mais si peu ! Et c'est notre première " pivo ", la bière au demi- litre.
   La rivière est toujours aussi belle;Tout au fond, un pêcheur.. Sur la Kupica la passerelle suspendue est toujours là. Il n'y a que deux ans : rien n'a changé. Les eaux sont légèrement plus fortes, mais toujours aussi limpides. Mêmes courants, mêmes lames, mêmes veines d'eau, et mêmes rochers..." Notre " source est toujours aussi claire. Commode pour faire le plein d'eau du camping-car : le plus important problème dans ce type de ballade se trouve ainsi réglé. Et nous dormons entre route et rivière, au même endroit. Pour les repas, je suis au fourneau et C... à la plonge, comme d'hab !
   Ce matin, nous commençons la semaine par l'achat des permis dans un bistrot du coin. Toujours 150 kunas  la journée( soit environ 23 euros ) Pas donné, mais beaucoup plus accessible qu'en Slovénie, sur l'Unec ou sur la Krka . Passage à l'épicerie : spartiate, le  décor  du  "magasin " ! Un long comptoir, des étagères et ... du pain ! Le grand problème du français à l'étranger : trouver du " bon pain bien de chez nous " pour accompagner saucisses, jambon, et autres fromages que l'on a pris soin de mettre dans les soutes. Un peu molassonne, la mie, mais on a vu pire ( Allez faire un tour aux US et vous comprendrez ! )
   Sans tarder, nous voilà sur l'eau, après Kuselj, petit village au bord de la Kupa. Nous retrouvons le virage où nous avions commencé, il y a deux ans.

   Même remous : je m'y installe. Même lame en fond : C... prend place. En bout de la queue de rat, une baetis : c.d.c. gris et corps olive foncé. Au hasard... La canne haute pour éviter de draguer et la mouche, au bout du bas de ligne de 6m, sur 10/10ième. Et  ça monte. De l'ombre, petit : 27cm; tantôt plus, tantôt moins. J'en prends rapidement cinq ou six, pendant que C... , en bas du courant, attend toujours son premier. Il passe au dessus, sur le calme, par fond de gravier. Il ne tardera pas a s'y mettre, lui aussi. C'est un bon début, un débourrage plutôt correct.
   L'après midi, c'est de l'ombre en rafale que nous prenons. C... avec une nymphe, la faisan tail, réussit mieux que moi, qui pêche en sèche. Il en prend de plus gros, aussi. Plusieurs pièces frôleront les 40cm. Mais pas de truites. Voilà deux poissons qui ne semblent pas se mélanger. La truite se tient essentiellement dans les endroits  torrentueux, derrière les rochers, voire dans les forts courants. Alors que l'ombre aime les endroits plus calmes, les fins de courrant, les grandes landes de cailloux. Mais ce n'est pas une loi. Nous prendrons aussi des ombres dans les courrants. Le coup du soir dure jusqu'à 21h....  
   C'est heureux et comblés que nous préparons le repas....Et plouf ! chacun dans son lit. C'est à la deuxième page de lecture --à la première pour C...! -- que nous plongeons dans un sommeil sans rêves...
   Le lendemain, c'est la séance " montage de mouches ". C... revoit sa stratégie :" le " fun " ( prononcer le "u" à la française ) d'oreilles de lièvre que j'avais montées ne marche pas un "pêt"!  " dit-il.
   Repas fini, nous voilà au dessus de Turki, juste à l'endroit où la partie goudronnée de la route  s'arrête. Toujours le long de la Kupa. Au passage, approvisionnement en eau

   Ici, la rivière se resserre entre les rochers, avec en amont un grand virage.

   C... reprendra "sa" place en bas des "gorges". ( un bien grand mot !) et moi, je retrouverai "mon" virage, plus calme, au courant plutôt régulier et assez fort, avant l'étranglement entre les rochers. Par -ci, par- là, quelques gobages et de beaux sedges : l'un va avec l'autre. Je mets d'abord une imitation en poil de chevreuil : ça n'a pas l'air de les satisfaire. Elle non plus ne vaut pas un "pêt" ! Finalement, c'est sur un gros sedge, hameçon n°12 sur 10/10ième, avec ailes en plume de poule faisanne, ou plume de bécasse, qu'ils monterons. Et des gros !  Et pour les surprendre, il me faudra changer plusieurs fois. Si je leur présente le même menu, au bout de quelques passages et d'une ou deux prises, ils boudent. A croire que le téléphone est arrivé jusqu'à eux. Chez eux aussi, la technologie avance. Ou l'éducation... Sur l'après-midi, sans compter les nombreux petit de 27cm, je prendrais 7 poissons de 40 ou plus ! Magnifique ! J'ai égalé mon record d'il y a de nombreuses années, à Beaulieu, sur la Dordogne. Ca a bien changé, là-bas !
   Malheureusement, je n'ai pas de photos. L'appareil, depuis le bain que j'ai fait prendre au précedent, reste au sec, dans le véhicule. Et comme nous relâchons nos prises... C..., de son côté, est plutôt heureux lui aussi.
   Nous revenons à "notre" parking, entre route et rivière. Mais, gros problème : la batterie auxiliaire est vide. pourtant, nous avons roulé. Donc, problème de charge..Je me couche anxieux, et ma nuit sera mauvaise. Pas d'électricité veut dire : pas de lumière (mais pour cela il ya le lumogaz) et surtout, pas de pompe à eau. Faire la vaisselle à la rivière, passe encore ( surtout que c'est C... qui la fait !! ) mais pour la douche ?
   Au lever, je décide de faire une tentative de branchement direct, les deux batteries en parallèle. Récupération de fil de cuivre et me voilà en train de bricoler sur la place du vilage. Et ça marche !   Nous passons la frontière pour aller sur la rive Slovène. J'annonce la couleur: " fishermen! ". Et nous passons sans contrôle. Nous n'aurons même pas droit à la visite de la police qui, il y a deux ans , a fouillé très soigneusement, jusque dans les placards, à la recherche de potentiels clandestins. Nous retrouverons la base de loisir, toujours fermée. Un coin idéal pour camper. C... qui n'a mal, ni aux jambes, ni au pied, ni au dos ... descend plus bas, par la route. Et moi, je choisis l'amont. Nul. Une seule petite truite de vingt centimètres, et en plus, une arc -en-ciel. Commenceraient-ils à bassiner, eux aussi ?
   Je rejoins C... ( malgré mes douleurs aux jambes, au pied, au dos,à la tête...alouette ...! ) et je passe une très bonne fin d'après-midi, entre ombres et truites, pêchés dans les courants, entre cailloux et rochers.    Après la pivo de 18h, nous nous installons pour le coup du soir, entre deux autres pêcheurs. La rivière coule régulièrement, et sa profondeur ne nous permet pas de nous avancer de plus de deux ou trois mètres. Des gobages, il y en a partout. Je change vingt fois de mouche. Je râle sans arrêt. C'est commode d'enfiler les hameçons et de faire les noeuds, le nez levé vers le ciel pour profiter des dernières lueurs du jour ! Les gobages ? De toute petites aspirations. Un petit rond qui laisserait croire qu'il n'y a que du petit. Erreur : ils chipotent, voilà tout ! Leur menu, ils le prennent du bout des lèvres ; et moi, avec mes grossières fabrications, c'est d'une queue d'honneur, qu'ils doivent les saluer ! Et je fais une magnifique bredouille ! C... a plus de chance : sur un sedge, il en fait monter trois ou quatre. Dont un ombre de 50cm ; " au moins" dit-il. C 'est fou ce que les poissons sont gros, quand on n'a pas de mètre et que l'on pêche en " no kill " !!  Bon ! je ne connais encore pas tout dans l'art de la pêche à la mouche :  il me faut donc y aller encore souvent, si je veux apprendre...
  Après un lapin en sauce ( conserve maison ) préparé avec des pâtes, c'est le dodo habituel : comme un coup de massue sur la tête !
   Aujourd'hui, voyage à Delnice, à une trentaine de kilomètres, pour aller chercher de la monnaie, à la poste -- qui prend la carte sans problème. Je me souviens du cirque que ça avait été, dans une banque du Montana (  US )  pour obtenir des dollars à partir d'une carte ! C'est vrai que j'en voulais plus. Exactement la somme que j'avais changée, et que j'avais laissée sur mon bureau avant de partir !
   Nous redescendons sur la Kupa, vers Cuzelj. La pêche sera moyenne, sans gros poisson, à l'exception d' un ombre d'une quarantaine de centimètres. Sur l'eau, de très gros sedges. Par deux fois, je vois une truite sortir  carrément hors de l'eau pour en attraper un.
   Retour au camping-car, et me voilà à mon étau. Pour créer l'impression du vol, je mets sur une grosse imitation   montée avec un hameçon n°12, -- sedge à ailes en plume de poule faisane et collerette en coq brun; avec un corps en dubbing de lièvre naturel  --  un paquet de cul-de-canard beige. Sans en couper les extrémités. Ca fait une grosse boule cotonneuse qu'il vaut mieux ne pas monter sur du fil trop fin : bonjour les vrillages !
   Premier fouetté et une truite bondit littéralement hors de l'eau pour prendre ma mouche. Il faut dire que, sur le coup, avec un vent léger de face, mon bas de ligne de 6m flotte un moment en l'air, et c'est avec une grande douceur que mon sedge allait se poser sur l'eau... Imitation réussie. Seul ennui : avec la quantité de c.d.c. fixé par dessus les ailes, dès la première prise, tout se gorge d'eau, et c'est minable que je le pique à mon gilet, en attendant qu'il sèche. En prévoir plusieurs pour demain.
  Et c'est dans l'eau, sur les fesses, que je termine ma soirée... Un petit bain du soir...
   Début de la journée suivante, courses dans l'épicerie de Brod Na Kupi et nous passons la frontière pour revenir vers le bâtiment désaffecté de ce qui paraît avoir été un centre sportif.
   Canoë ? Pas étonnant qu'il ait fermé !  La descente de la rivière, juste en dessous est rude pour de non initiés.
   C... qui a encore la jambe allègre, descend loin. Et moi, je commence à l'endroit où j'avais pris ma tôle, au coup du soir. Mon gros sedge va faire des malheurs. Dans les grands courants, les truites les  prennent sans rechigner. A chaque prise, en  mettre un nouveau, et piquer l'autre sur le gilet pour le faire sécher. Les ombres ne sont pas totalement inconscients. Après en avoir pris un ou deux , j'ai droit à des refus, et puis, plus rien : il faut changer le menu .
   Cette fois, c'est C... qui a plongé. Complètement. Les waders pleins. Comme de la pêche, il en veut, il continue. Et c'est grelottant, claquant des dents qu'il rentrera au bercail. Dans le bâtiment, il y a un auvent. Fil tendu, tricot et petite culotte suspendus : de vrais "gens du voyage" ! 
   Après une excellente nuitée et un bref déjeuner, je saute dans mes waders pendant que C..., sans doute pas remis de ses ébats aquatiques, reste au lit avec un bouquin. Cannes de pêche et de wading  à la main, me voilà  dans les courants,sur les rochers glissants.   Mais je suis chaussé clouté. Comme les bagnoles sur le verglas. Et c'est reparti. Même au  déjeuner truites et ombres mangent des mouches. Avec le soleil, C... sort de son duvet pour me photographier depuis la route.
A midi, avant de partir sur une nouvelle rivière où nous avions fait  une belle bredouille ( C... ne veut pas rester sur un échec ) , nous nous offrons le  restaurant à Delnice. Repas médiocre à 5 euros. Pourtant, sur le papier, ça paraissait copieux. En Croatie, la quantité et la qualité ne doivent pas être proportionnelles à la longueur du menu affiché. 
  Et nous partons vers la fameuse Gacka, avec un passage imprévu par une longue piste forestière. Pas très précise, la carte ! 
   Arrivés à Otavac vers les 18h. Nous retrouvons "notre" emplacement près de la rivière. Comme si nous n'en étions jamais partis ! Le soir, gobages sur la Gacka... sur de  gros sedges... Ca va chauffer, demain, avec ma nouvelle création ! On verra aussi quelques rares, mais si belles, mouches de mai .On fête ça par une bonne grillade sur barbecue, arrosée au vin Croate. ( précédée de l'anisette bien française : de l'exotisme, d'accord, mais point trop n'en faut ! ) A demain , la pêche...
   C'est à un hotel, restaurant, bistrot, que nous prenons notre permis. Plus cher : 200 kunas, soit près de 40 euros ! Ils ne s'em.... pas! Ca va devenir comme en Slovénie : inabordable ! Pourvu que eux aussi ne se soient pas mis à "bassiner" !
  Et on y revient... Un ou deux fouettés et mon gros sedge se pose sur l'eau. La prise est immédiate !  Et ça va continuer quasiment à ce rythme toute la journée. Des farios de 30 à40cm. Les premières, je les casse : elles plongent dans les herbes et mon 10/10ième ne résiste pas. Je monte en 14/10ième, et là, la force est avec moi !  Jusqu'à ce qu'une de plus de 50cm ( toujours très grosse quand elle est encore dans l'eau !! ) s'enroule dans les joncs du bord . J'ai pris toute une batterie de sedges et je les change après chaque prise. C'est à dire sans arrêt ! Sedge que nous baptiserons le G.G.S. ( Gacka, G... ,Sedge ) Je ne suis pas sûr qu'il marche ailleurs... Et je termine sur du 16/10ième : en surf, je les ramène !  En vérifiant bien, on s'aperçoit vite que certaines ont des nageoires un peu courtes  : truites à moignons de pisciculture. Des "bassines" ! La gacka était la rivière des trphées, c'est devenu une poissonnerie !  Ici  aussi, c'est fini. J'y reviendrai peut être ... comme on va au cirque ! Un jour, à cete cadence, passe encore ; deux, ce serait trop.
   Et c'est le départ. Six heures du matin et nous re-voilà sur l'autoroute, le long de la côte d'abord, puis c'est la Slovénie, l'Italie par la vallée du Pô, et la France.
   Arrivés chez C...,l'ami B... Vient nous voir ... pour régler les derniers détails du prochain voyage, dans dix jours, en Ecosse... Plus qu'à faire une lessive, et vogue la galère...
    

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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 19:31

   Et c'est reparti pour une nouvelle saison de pêche à la truite ! Demain c'est l'ouverture. Pas très motivé. A croire que je commence à aller à la pêche par habitude. Heureusement, pas encore comme d'aller au boulot. ( c'était autrefois, ça ! ) J'ai perdu le feu sacré et il ne reste qu'un faible espoir. Mais c'est comme un feu qui couve. Il suffirait d'un léger souffle pour que ça recommence : quelques vraies truite, bien sauvages... Mais à cent kilomètres à la ronde, il ne reste rien. Il y a trente ans , je prenais une truite de 40 cm dans le petit ruisseau qui coule au pied de ma maison, aux portes de la ville. Ma fille, pas grande, allait taquiner tous les soirs SA truite, dans un petit trou d'eau à 20 m de la porte du garage. Je dis bien Sa truite !  Un hameçon n°7, sur du 16/100ième qu'elle entourait sept fois sur la hampe de l'hameçon  pour en faire le noeud ( petite et déjà aussi superstitieuse qu'un vieux coureur de ruisseaux !) au bout de trois mètres de canne, avec un gros lombric bien gigotant, elle allait tous les soirs faire sauter une belle de vingt centimètres ( allez, disons 23 cm...! ) Et tous les soir, elle revenait, navrée de l'avoir décrochée. Jusqu'au jour où elle est arrivée, en pleurs, la truite à la main, pour me dire, entre deux sanglots :"Et maintenant, qu'est-ce que je vais faire , le soir..." Elle avait déjà l'intuition du "no-kill" !
   Mon camping-car est chargé, prêt à affronter cette nouvelle saison. Mon ami M... arrive avec toutes ses affaires et le casse-croûte dans... une brouette. Il faut dire  qu'il n'a que la route à traverser. Et cette année, A..., mon vieux compère des anciens jours--pas toujours heureux-- a décidé de reprendre du service. Après cinq ans de break. Un camping-car pour le confort, un copieux repas pour tenir le coup, et c'est reparti pour les trois jeunes anciens. A six heures du matin : pas trop tôt, quand même !  L'ouverture, voilà des années que je vais sur le même ruisseau. Rivière d'un plateau de l'Aveyron, serpentant dans les prés, et coulant entre frênes, aulnes et saules. Comme l'an dernier : cela me permetta de comparer. Il reste quelques rares truites sauvages et quelques" lâchers",des "manches courtes",des truites à moignons. Comme ce jour là il y a pas mal de monde qui tasse l'herbe en bordure, ça en contentera quelques uns, qui d'ailleurs, ne rmettront plus les pieds au bord d'une rivière de l'année. Nous avons plus de cent kilomètres  de route pour ressasser nos souvenirs. D'ailleurs, des souvenirs, nous en avons pour mille kilomètres et plus, à ressasser !  C'est un peu tout ce qui nous reste...
   Nous arrivons au bord de la rivière : il fait grand jour. Et poutant, il n'y a qu'une voiture. L'ouverture, ça n'attire plus les foules. C'est le retau du village à côté, qui doit faire la gueule. Comme quoi, tout se tient : vous mettez un peu trop d'engrais dans votre champ, et sur un orage vous tuez toute le faune de la rivière en dessous ; plus de truites, plus de pêcheurs. Et le chiffre d'affaire du retau ou de l'hotel du coin qui s'écroule... Qui lui-même n'achète plus viande et légumes au paysan du coin, le couillon qui a mis l'engrais. Du suicide ! Un peu basique, mon raisonnement ? A voir...
   Nous nous habillons calmement et nous nous égayons le long du ruisseau. Le temps est correct, nuageux mais sans pluie ni neige Les eaux sont plus claires et plus basses que l'an passé

            Ouverture 2007
















  


Ouverture 2008  
 
   














  



   Et me revoilà trempant mon vairon. J'ai tellement l'habitude de cette rivière que je sais à l'avance où je peux glisser ma ligne. Canne de 4,5 m, téléréglable, à action de pointe, plutôt rigide. La plupart des postes se pêchent en ramenant son vairon sous trente centimètres du bout du sillon pour passer entre les branches de frênes,de saules, de ronces et autres  "buissons noirs". Puis lâcher le tout qui, d'un "plouf" attractif va exciter la mouchetée dans son antre. Avec le vairon manié, on peut se permettre de ne pas aller trop loin sous les racines : la truite n'hésite pas à sortir de chez elle pour attaquer . Pour manger ou pour chasser l'intrus ? les deux, sans doute, selon le moment. Quand je pêchais ce ruisseau au ver, c'était carrément dans les racines qu'il fallait aller la chercher. C'était, soi un poisson, soit l'accrochage !  Je préparais la veille une quarantaine de bas de ligne, enroulés sur des bouchons de bouteille, pour une journée de pêche ! Maintenant, avec la monture à vairon, vaut mieux réfléchir avant de tenter le diable. D'abord parce que celles que je montais autrefois étaient très compliquées et longues à réaliser. 
 



















Et aujourd'hui, parce que le plomb coûte la peau des fesses ! 3,6 euros les cinq unités. 4,8 francs d'il n'y a pas si
longtemps ! Vaut mieux éviter les racines, à ce prix là.





  














    Dès le départ, j'en sors une de 23 cm à peine. Mais pas une handicapée des nageoires. Je n'aime pas prendre un poisson dès les premiers coups de ligne... Superstitieux ? Bof ...! A... pêche toujours près de moi, à vue. Sans doute depuis l'époque où, sorti de mon A.V.C., il me surveillait, craignant que je ne trébuche,ou que je fasse quelque malaise. La seule fois où il s'est un peu éloigné de moi, je me suis foutu à l'eau. Il neigeait ce jour là, sur l'Aubrac ! Nous nous dépassons l'un l'autre, au gré des coups. La pêche est facile, dans les prés : seuls les fils de fer barbelés, nombreux, sont une catastrophe pour nos pantalons. Ici, cuissardes : pas besoin de waders. C'est incroyable, en marchant lentement, de poste en poste, la distance que l'on peut parcourir. C'est quand on rentre, vers midi, le ventre creux, que l'on s'en rend compte !
   J'ai quatre truites dans mon panier. Pas grosses, avec des nageoires normales, sauf peut-être pour la plus grosse, qui les a un peu courtes, et dont le museau me semble bien applati pour une autochtone -- ou ensauvagée après l'éclosion d'oeufs fécondés... A... et M... sont bredouilles. Pour le casse-croûte, ils ne seront pas les derniers !


   D'autant plus que,comme je prends mon véhicule,  ils se chargent de la boisson et de la nourriture. Sans trop se concerter. Comme cela, chacun en porte pour trois ! Les pieds sous la table nous mangeons chaud. Oui, bien sûr, pas très "nature" ce moment. D'aucun dirait que nous nous embourgeoisons. Non ! nous vieillissons, et l'échelle des valeurs se modifie au fil du temps... bien sûr, nous perdons une heure -- et même plus ! -- de pêche. Une ou deux truites de moins, mais quel plaisir en  plus ! Hélas, quand il fait chaud, mon camping-car n'est pas climatisé.... On ne peut pas tout avoir !
   L'après midi, nous remontons un peu plus haut sur le ruisseau.  C'est mauvais, très mauvais ! Pas la moindre touche dans ces eaux basses et claires. Il n'y a vraissemblablement pas eu de crue cette année : les trous se sont ensablés. Mon vairon patauge dans dix centimètres d'eau... Deux heures pour rien ... pour personne. Le moral est au plus bas. Nous rentrons. Petite ouverture. Une de plus ...

   J'attendrais trois jours pour repartir avec A..., sur un ruisseau qui coule à 15 km du premier. Les eaux sont toujours basses. Il fait un temps magnifique, trop beau...Nous marchons toute la matinée. A part une petite fario de 22 cm, je n'accrocherai que des racines ! Il reste le plaisir d'être au grand air, dans le calme d'un matin  encore endormi. Moi aussi, je ferai peut-être mieux de rester à dormir au fond de mon lit ! Le casse-croûte, servi toujours dans le camping-car,  sera plus modeste aujoud'hui. Nous décidons de prendre le chemin du retour par une autre route longeant  la même rivière, mais beaucoup plus bas. Après avoir plongé dans la vallée, arrêt près d'un village : terminer une journée de pêche à 14 h , aurait un goût d'inachevé !  En période d'ouverture, près d'un village, sur une rivière plutôt grande pour la région, ça sent la bassine ! Il doit bien rester quelque malheureuse "blanche", affamée par une semaine passée hors pisciculture, et qui a eu l'incroyable chance de ne pas voir passer à portée de gueule, un ver ou une teigne, suspendus à un cable, sous une belle bouée multicolore ...Il y a, bien sûr, dans le village, une grande chaussée bien calme, et tout au long, tous les dix mètres, l'espace piétiné par le pêcheur à poste fixe du  jour de l'ouverture. C'est à celui qui piquera le plus de truites blanches, lachées la veille.( allons, ne soyons pas mauvaise langue : "lâchées deux jours avant." ! ) Attention à la cuisson : ça risque de mousser, dans la poêle ! Et en plus, j'arrive en bout de chaussée, là où commence le courant, avec mon vairon manié. Les "pôvres ", jamais elles n'ont vu un appat aussi tentant ! Au troisième lancer, je la cavate, celle qui reste ! Elle se bat vigoureusement, malgré--ou à cause de-- sa semaine de jeûne. Le seul côté positif des truite arc-en-ciel, se sont les sauts hors de l'eau, que ne font pas les farios. Et j'arrèterai là ma partie de pêche... Retour au bercail, avec les souvenirs des pêches d'autrefois, faites sur la même rivière...
   Et arrive le week-end de Pâques que je passerai en clinique, plié sur mon lit par une crise de coliques néphrétiques. La nième. Petite LEC pour éclater le caillou, et me voilà prêt à affronter encore quelques sorties.
   J'ai décidé d'amener J... sur une rivière assez particulière. C'est une résurgence comme on en voit autour du Larzac. Des eaux cristallines sortent de terre sous forme d'une véritable rivière souterraine. Un peu comme la Sorgues, à Fontaine de Vaucluse. Le ruisseau a été endigué, canalisé, il y a au plus d'un siècle. Les digues sont couvertes d'une épaisse végétation : hêtres,saules, ronces et autres baliveaux. Le courant est fort et régulier. Peu de trous et, de part et d'autre, recouvrant un demi-mètre d'eau, des taillis offrent une excellente protection aux truites. Peu de postes où l'on peut glisser sa ligne, et une interdiction de marcher dans l'eau durant les deux premiers mois de la saison. Une société de pêche vigilante, un excellent entretien des berges, une partie "sans tuer" et voilà un ruisseau qui a gardé une très belle population de truites sauvages. Seule ombre au tableau -- rien n'est parfait chez nous ! -- une piscicuture a élu domicile près de la source, il y a au moins vingt ans de cela. J'ai connu l'endroit peu après sa création . Les eaux étaient d'une pureté exceptionnelle et le sable fait de paillettes d'or ! Les truites étaient très nombreuses et les prises rarement inférieures à 30 cm. Aujourd'hui, les eaux sont toujours claires, il y a encore pas mal de truites, un peu moins grosses, mais le fond se couvre d'algues noires, et rares sont les endroits où le sable apparaît. Il a perdu son côté doré et brillant. Le lieu est fréquenté : tous les vingt mètres un passage entre les brousailles grimpe en haut des digues, et de là, on glisse son vairon, suspendu au bout d'une canne téléréglable de 5 m . on le laisse tomber au plus près des bordures, en espérant qu'il y aura une truite juste au dessous. C'est à peine si l'on a un mètre pour le manier.  Après, il part dans le courant, et si une fario vous le prend loin en dessous, l'attaque très violente se solde le plus souvent  pas un décrochage. Mais quelle montée d'adrénaline quand on sent ce coup volent sur sa canne ! J... qui ne connait pas ce ruisseau, calme sa curiosité en partant en avant, en exploration, en quelque sorte . Il pêchera peu et ne rapportera rien . Quant à J-P..., Il pêche un peu "en touriste ", déstabilisé, semble-t-il par ce type de rivière où rares sont les postes classiques. Je reste autour du camping-car : encore fatigué de mon séjour en clinique, j'opte pour une pêche lente, calme. Nous ne sommes pas arrivés de bonne heure et c'est à peine si je pêche deux heures avant le sacro-saint casse-croûte. D'ailleurs j'ai un quart d'heure de retard sur l'heure fixée, et je vois J...  venir vers moi. " Celui qui est bredouille paie l'apéro ! " me lance-t-il ! " D'accord, moi j'en ai trois, et j'en ai raté deux autres..." Evidemment, vu leur bredouille, je passe pour un galégeur ! Et pourtant, j'ai bien trois farios, pas très grosses, mais prises dans ces eaux, ce n'est pas si mal.




L'avantage d'être en retard pour manger, c'est que les copains ont tout préparé en vous attendant !










   Et c'est juste avant de manger, à une heure de l'après midi que, du camion, on voit devant nous, un magnifique gobage, puis un second... Nous sortons vite, et, depuis le petit pont, sous le tunnel de branchage, on aperçoit quelques ronds, par-ci, par-là. Je monte mon fouet, et accroché tant bien que mal aux arbustes avec ma main gauche, la droite maniant la canne de dix pieds à l'horizontale, en chaussures de ville, je tente quelques fouettés. Plusieurs fois je pose ma mouche 50 cm trop court sur un gobage. Pas moyen de l'atteindre. Tentant le tout pour le tout, j'allonge ma soie et ... j'attrape les branches derrière moi ! Rage, jurons, je casse tout et, ralant comme un malade je décide de privilégier l'apéro aux gobages ! Et nous mangeons... des tripes à la mode d'ici. Et elles sont aussi bonnes, sinon meilleures que celles à la mode d'ailleurs !
   L'après-midi, nous optons pour une autre rivière proche: nous allons sortir les fouets ! Pour la première fois de la saison . De quoi justifier mon pseudo ! Nous allons surtout leur faire prendre l'air . Et avec le vent qui se lève, ce n'est pas un vain mot ! Ca souffle, ça tourne, ça virevolte. Des rafales à vous foutre par terre... dans l'eau, plutôt !
  Inutile de dire que nous rentrons vite au camion et c'est le retour au bercail. Deux bonnes heures de route... Savent ils la chance qu'ils ont, les copains qui habitent la ville d'à côté !
   Et bientôt, retour en Croatie....
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