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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 16:46

     Les carangues des Bijagos

 

    Depuis deux jours, les valises sont prêtes. Cette fois, pas de gobages, pas de petites ou grandes rivières. La mer toute entière. Que dis-je, l'océan ! A nouvelle pêche, nouveau type de matériel. Une canne à mouches- quand même! - soie de 8 ; deux cannes à lancer - 40gr et 60gr . Le tout en multibrins : voyage oblige ! Tresses adéquates et triples solides. Des gros leurres, et des moins gros ; des rouges, des blancs, des rouge et blanc, des verts....Combien de fois ai-je fait et refait mon sac à dos, mon " sreet fishing bag", pas du tout destiné, d'ailleurs, à arpenter les rues des villes ! Lui même enfourné dans un grand sac avec moulinets, et tout le barda que peut prendre un pêcheur, au cas ou.... Deux ou trois chemisettes, un short , quelques slips une casquette avec protection de la nuque, des lunettes et la crême contre le soleil. Et on pèse . Avec une vieille "romaine" familiale suspendue par un serre-joints au haut du chambranle de la porte de la chambre... 20kg. Pas plus pour l'avion qui doit nous transporter en Guinée Bissau. C'est J-P... qui m'entraine. Il connaît déjà pour y avoir été avec M-P... son épouse et Emma, une de ses filles.La star du voyage!Bijagos 2011 215 Elles ont dû aimer puisqu'elles nous accompagnent, ainsi que l'ami M...avec qui nous avons pêché l'Old Man River et l'Elk au Canada.

   Nous sommes donc cinq à nous entasser vers 18h dans le break de J-P... Bourré comme un oeuf, le véhicule ! Direction : Toulouse Blagnac où un premier avion va nous transporter jusqu'à Lisbonne en deux heures. Le temps de prendre une mousse et on embarque pour Bissau. Dans l'avion, les touristes sont rares. Faciles à repérer. 

   Arrivée vers 1h, heure locale (moins deux heures par rapport à la France ) Après l'atterrissage un peu à rebonds, un bus viendra même nous chercher pour parcourir les 50m qui nous séparent de l'aérogare. Du monde très agité et bruyant, et de longues queues. Nous sommes immédiatement repérés - difficile de ne pas se faire remarquer - et un chauffeur prend nos bagages et les charge sur l'impériale d'un fourgon. Avec nous, un couple français venu pour une adoption, et celui qui sera "tonton", l'oncle d'un des guides de pêche du lodge où nous allons. Les vieux, "tonton" et moi, sont installés sur le siège avant, près du chauffeur. Les autres à l'arrière, sur de confortables sièges en planches.... Avec un peu de skaï dessus, quand même ! Une grosse heure de route goudronnée. Je ne sais s'il s'agit d'une obligation du code de la route local, mais notre chauffeur met le clignoteur à chaque virage. Clic,clic... quand ça tourne vers la droite ; clic,clic ...quand ça tourne vers la gauche. Et puis, c'est la piste. Pourtant il y a longtemps qu'il n'a pas plu, mais à voir l'état de la piste, et le ravinement, ça doit tomber dru dans la région. Je suis secoué, mais moins que les copains, derrière, qui rebondissent à chaque cahot. C'est à dire tout le temps. Je compatis.... Si, Si ! Et en plus, à l'entrée de chaque village, il y a une butte de terre - un ralentisseur - qui traverse la piste. De quoi sauter un peu plus ! Une grosse heure plus tard, nous voilà au lodge-étape . Le couple qui nous accompagne s'arrête là. Nous sommes à proximité de l'orphelinat-tourisme-équitable de Biombo. C'est au lit que nous finirons la nuit.Bijagos 2011 061

     C'est l'aube de notre deuxième jour en Afrique. Enfin, je dis "aube" parce que ça fait plus littéraire : en fait, le soleil est déjà levé depuis longtemps quand nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse dominant la mangroveBijagos 2011 Michel 050Bijagos 2011 037 et les bras de mer boueux à marée basse. Le premier étonnement, c'est pour les arbres : énormes !Bijagos 2011 Michel 004Bijagos 2011 017  Deux ou trois"locaux" se chargent de nos bagages pendant que nous trottinons dans la boue jusqu'au bateau. En fait, une grande barque, de forme plus ou moins pirogue, en aluminium.Bijagos 2011 039Propulsée par 80cv, en deux heures nous sommes en vue de "notre" ile : un petit caillou dans l'océan.Bijagos 2011 056

L'îlôt de Kéré. Beau comme un diamant dans le paradis des îles. Nous accostons sur une minuscule plage, et sur l'île, entre les baobabs et les palmiers, des cases. Il serait indécent de dire " des bungalows" tant ils s'intègrent si parfaitement dans la végétation .Bijagos 2011 061Dans le batiment principal -  bar, salle à manger, cuisine -Bijagos 014 Laurent, l'heureux propriétaire nous salue et nos présente son équipe. Bijagos 2011 181Camille, guide de pêche, qui nous ramène aux années baba-cool par son look, Bijagos 015Renaud, et son large sourire plein de dents, Bijagos 019et Maria qui a l'oeuil sur le bar et sur toute l'équipe des cuisines. Ce sera notre premier repas de poissons.

   Nous ne nous attardons pas longtemps à table. Le bateau est prêt, et celui qui nous accompagnera tout au long du séjour, nous attend. C'est Betto, l'indispenble. Assis sur le moteur, il conduit la barque, décroche les lignes, fait les noeuds, démèle les paquets de tresse, etc, etc....Et comme, sur la barque, je suis assis à côté de lui, c'est surtout moi qui en profite ! Inutile de dire que les copains me le font savoir ! Mais, n'est-ce pas le privilège de l'âge ? 

    Après quelques minutes de navigation sur une mer calme, Betto arrête la barque à proximité de roches basaltiques qui affleurent. Je balance un rappala pas très gros, juste contre la partie  émergeante du rocher ; il disparaît aussitôt dans un grand remous et je me retrouve avec un gros "bestiaux" au bout du fil ! C'est un peu rapide, comme entrée. J'arrive à maintenir l'animal un bon moment près de la barque, jusqu'à ce qu'il décide de se dégager. Pas l'habitude de pêcher des formules 1 ! Je ne sais si je peux encore tirer, si ma tresse tiendra, si ma canne n'éclatera pas... Je cède un peu de fil. C'est ce qu'il ne fallait pas faire ! Voilà ma première carangue qui tourne autour du rocher... Terminé ! Une tresse, c'est extrèmement solide, à condition qu'elle ne frotte pas quelque part quand elle est tendue. Cassé ! 

   Pour me montrer qu'il est le meilleur, chose dont je ne doute pas, J-P...en pique une qu'il montera d'une main de maître. C'est facile : il s'est entraîné tout un séjour, l'an passé. Ce ne sera pas la plus grosse, mais c'est la première, et elle mérite la photo.

 Bijagos 2011 068

Je suis sûr qu'elle est plus petite que celle qui m'a cassé - même - et surtout - si je ne l'ai pas vue !

   M... cassera aussi son premier gros poisson, mais il prendra deux baracudas et trois minuscules mérous.

  Retour au camp où nous savourons notre première bière fraîche - ça deviendra une habitude - avant l'apéro et le repas. Nous sommes nombreux à table. Il y a un couple avec ses deux enfants qui sont là pour la 7ième fois et des gens de Bissau venus en week-end. Nous comparons les carpaccios de carange, de carpe rouge et de baracuda. Le poisson, ça sera le menu de chaque repas, magnifiquement préparé par l'équipe de la cuisine. Un grand plaisir, sauf pour Renaud, le guide, qui n'aime absolument pas ça ! Il ne reste rien d'autre à faire.  que d'aller au lit. Je dors dans la même case - chambre ? bungalow ? - que M...alors que J-P... partage la sienne avec M-P... son épouse et Emma, sa fille. Pour l'électricité, le " groupe " ronronne encore un peu et cèdera la place au courant " solaire ". Tout est parfaitement organisé. Quel bonheur de se coucher quasiment nu, sans même le drap sur le corps. Il fait chaud, mais c'est très supportable. Même pas un moutique pour troubler mon sommeil.

   Le 3ième jour, nous sortons nos cannes à mouche. La mienne, achetée d'occasion- pas cher - sur internet s'avère de qualité égale à son prix.Très dur de fouetter avec un soie de 8, une grosse mouche trop plombée sur une " queue de vache ". Je ne savais pas que les petits poissons du bord ( autour de 30cm ), se prendraient à quelques centimètres sous la surface. J-P..., plus vaillant que moi pour sortir du lit, a  fait quelques oleps qui serviront d'appat pour les deux cannes de surf-casting plantées en permanence sur la plage. En morceau, ou même en vif : barracudas garantis. Petits ( 60-70cm ) ou gros ( 1,2 - 1,5m ).Vers 9h, nous embarquons, Betto au moteur.. Betto : un calme inébranlable, dans un corps de pilier de rugby. Et même plus ! Semblable aux arbres d'ici. Et quels arbres ! En trois heures de pêche, le matin, seul J-P... et M...feront du poisson.Bijagos 2011 140 Trois ou quatre barracudas, plutôt petits ( 60-70 cm ) Un maquereau et une carpe rouge de deux kilos environ, sortis de l'eau avec l'aide de Betto.Bijagos-2011-Michel-063.jpg. Pas de quoi pavoiser. M...commence sa longue série de casses sur  les carangues. Et moi, totalement nul. Rien. Pas le moindre bébé merou !

.   On revient au lodge pour manger. Le repas est excellent, avec, bien sûr, du poisson. Ca discute, ça parlotte... 16h : c'est le moment de repartir. Trop de pemps perdu à table. A payer le bateau pour la journée, autant prendre le casse croûte. Surtout qu'avec Betto, pas question de descendre batifoler sur le sable pour manger. Sandwich d'une main, canne de l'autre ! On ne chôme pas, aux Bijagos ! Il nous emmène d'un poste à l'autre, tout autour des îles. Nous lui faisons confiance. Le choix se fait en fonction de la marée et des rochers, plus ou moins immergés. Roches basaltiques noires, très gourmandes en leurres. Mais encore une fois, du haut de son moteur, Betto est là ! Canne à la main gauche, maoeuvre du moteur de la main droite, par de violentes secousses, il libère la ligne. Nous sommes montés costaud, et le triple qui a souvent un peu souffert, est à changer.  

   Les leurres, toute une histoire ! Le voyage pas avion a ses impératifs. Craignant que notre matétiel ne s'égare lors d'une escale, nous nous assurons d'avoir le minimum pour pêcher dans le sac cabine. De plus, le transport par tube est devenu hors de prix. D'où l'achat de deux cannes en 5 brins. Les triples dans la cabine, ça, ils n'aiment pas ! Il a donc fallu désarmer tous les leurres, ce qui nous oblige, à l'arrivée, à mettre des hameçons et des anneaux brisés de mer , emportés dans les bagages en soute. Avec les carangues, faut pas lésiner sur la qualité du matériel. Comme d'habitude, c'est J-P..., au bout de la pirogue ( en alu, quand même ) qui ouvre le bal... et qui décroche la première carange. Pour  M... ce sera sa deuxième casse. Quant à moi, en arrivant près des cailloux, j'envoie mon rappala ( ou popper, je ne me souviens plus ) dans les brisants, contre le rocher. A peine tombé, il est happé dans un gros remous, et le festival commence. Je suis équipé de ma shimano de 40gr, la plus légère, avec un moulinet que j'ai depuis des années ( acheté dans les années " franc" ) dont je me suis très peu servi, et qui, de par sa forme a été qualifié par un copain d'   "extra terrestre". Le premier départ est très violent, mais l'animal n'est pas malin : il part en pleine eau. Là,  je me sens assez fort ! Après l'avoir " pompé " il me fait subir ses rondes sous le bateauBijagos 2011 Michel 067

Surtout, ne pas le toucher, ni avec la tresse, ni avec la canne. Tendue comme elle est, le moindre frottement serait fatal. C'est mon premier " gros " poisson de mer. Je ne me sens pas très à l'aise. Au bout de 10 à 15 mn le poisson se rend et Betto, qui a mis un gant, attrappe le bas de ligne et met le tout dans le bateau. Content, le papi. Ca change des goujons du Tarn !

   Ce ne sera pas tout : j'ajoute une autre carangue plus petite et un petit barracuda de 60-70cm. De quoi avoir le sourire. Pesées, on m'annonce 6,7 et 3,4 kg. C'est un début. Et  la fin pour mon moulinet : l'axe n'a pas résisté et s'est un peu cintré ! 

   Avant l'apéro, M... et Camille, le guide, réparent ma segonde canne ( 60gr ) cassée au niveau de l'anneau de tête, pendant le voyage. Faudra que je pense à engueuler B... qui m'a vendu un outil sans tube !

   Discussions de bar, où on apprend que l'autre ancien, "tonton" a pris à la traine un barracuda de 12kg. Et on passe à table...Qu'ils sont bons, ces carpaccios ! Ici, pas de télé - ni "vision" ni "phone". A la case et au lit pour en ronfler une... (d'après M...)

   Jusqu'à present, ça nous avait plutôt bercé, le matin. Mais là, ça devient un peu gonflant ! Il va falloir s'y habituer à ces tourterelles. Dès le lever du jour, vers 6h, elles allument la sono. Un rythme bien précis, répété des centaines de fois. Un couple de pigeons, qui roucoule, c'est harmonieux. Des centaines, ça gave, à la longue ! Mais c'est quand même mieux que le péréphérique de Toulouse à 7h.

   Après le copieux petit déjeuner, on prend les cannes à mouche et on va sur le petit bout de plage. A marée basse, de l'autre côté d'un chenal, se crée un grand banc de sable où nous pouvons pêcher pendant deux heures. Traversée du chenal en canoë. Je m'imagine : un tonneau enfouchant une allumette !Bijagos 2011 Michel 018 Va falloir arrêter de vouloir jouer les jeunes !  J'économise mes genoux pendant que M... et J-P.... partent sur le sable Bijagos 2011 099

J'ai fabriqué des mouches et des streamers. Trop plombés pour mon fouet. Seul, J-P... ( encore lui ! ) prend une carangue et en décroche une autre. Bijagos 2011 Michel 075Preuve qu'elles mordent aussi à la mouche. Je me sens un peu nul, avec ma bredouille. M.. prend quelques oleps et  un maquereau-bonite.

   On reprend le bateau après le repas, toujours avec Betto sur le moteur. Camille nous accompagne pour dispenser ses lumières..Pêche  à la dérive, par 15m de fond. Au leurre et surtout au madaï. Quel truc bizzare que ce leurre ! Une sorte de coquillage multicolore ,  lourd ( 100 gr ) d'où sort une " jupe " faite de bandelettes en plastique coloré. Ca, en magasin, je l'aurais traité d' "attrappe pêcheur". Et pourtant, je suis le plus sceptique et c'est moi qui en prendrait le plus : Deux carpes rouges de 1 et 2,5kgBijagos 2011 147 Deux otolithes que je découvre et qu'on mange le lendemainBijagos 2011 127

M...fait une carpe Bijagos 2011 137. et J-P..., une belle carangue, et autres carpesBijagos 2011 164 Nous sommes contents de notre après-midi

   L'apéro est accompagné de noix de cajou, grillées sur place.Bijagos 2011 Michel 047 On en voit partout sur les arbres. Très bon : une saveur rappelant un peu la châteigne ( selon M... ) Du fruit, on en fait une boisson alcoolisée.

   Ce matin, ça roucoule au réveil. Pas nous ; les tourterelles. Quel plaisir de se déplacer pieds nus. Il y a du sable partout, sauf sur le tour de l'île. A part les quelques mètres de plage, nous sommes entourés de rochers basaltiques. Pour aller pêcher là, par contre, mieux vaut avoir de bonnes chaussures.

   Départ comme d'habitude, vers 9h, pour une journée complète. Le casse-croûte est prévu. Betto est toujours assis sur le moteur. Il manoeuvre l'accélération et la barre entre les jambes.  Avec beaucoup de dextérité pour maintenir le bateau au plus près des rochers, pour aller décrocher les leurres, pour maintenir le pêcheur en bonne position par rapport au poisson. Et en plus, il s'occupe de défaire les pelotes de tresse, sort les poissons de l'eau, et s'occupe de...mon bas de ligne les copains jasent toujours... Laissons les dire !

   A plus d'une heure de bateau, nous arrivons sur des bancs rocheux. La marée est presque basse. Nos pappalas et poppers ont à peine atteint l'écume que le festival commence. Les carpes rouges sont de sortie.Bijagos 2011 085 Il ne faut pas laisser à cet animal le temps de réfléchir ; sinon, direct au trou et casse assurée. La grosseur ? De un à trois kilos. Il paraît que dans le coin, elle ne sont pas très grosses.  Le plus extraordinaire, c'est le spectacle des aiguilles quand elles sont piquées. Elles filent comme des flêches, bondissent dans tous les sens et se décrochent les trois quart du temps. Pas des petites aiguilles, mais des poissons de plusieurs kilos que Betto gardera, avec une carpe rouge,  pour lui et pour l'ophelinat. Sans parler des maquereau-bonite qui attaquent tout ce qui brille - noeuds, émérillon...- et qui cisaillent le fil ou la tresse avec une facilité déconcertante. J-P prend aussi une petite carangue, et un beau barracuda qui feront notre repas de demain. C'est une journée exceptionnelle par le nombre de prises.

   Le soir, encore un bon repas - de poisson - et un bon lit dans la case. Pas le moindre moutique et la température est idéale...

Bijagos 2011 142   Laurent, l'heureux propriétaire de ce petit coin de paradis, mis en appétit par nos récits de la veille, décide de nous accompagner et nous retournons au même endroit. Changement de programme ! Peut-être que l'eau est un peu plus haute.... Ce qui est sûr, c'est que la pêche s'annonce mal. Pas de carpes, pas de carangues. Laurent qui, près de moi pêche avec une canne qui me paraît bien légère, en pique une. Et une grosse ! " Tu veux ? Prends..." et me voilà avec, à la main, un lancer que j'utiliserais bien pour le black-bass, au petit popper ! Il plie, pointe dans l'eau, sous la barque.Bijagos 2011 124 Ne rien toucher, sinon ce sera l'explosion .

 La carangue, après trois ou quatre départs fulgurants, se met à tourner sous la barqueBijagos 2011 160  Je vois les reflets du poisson : il me paraît énorme, surtout au bout du brin ce canne. Mais c'est du solide, et ça tient. Betto attrape la gaffe et sort un poisson que nous estimons à 12 ou 13 kg. Ce n'est certainement pas un record pour le pays. Pour moi, si ! Bijagos 2011 Michel 100. La pêche continue. M... pique lui aussi sa carangue. Mais la tresse, mal embobinée sur le moulinet, fait une énorme perruque ! Pas grave. Il se passe de la canne et ramène le poisson à la main !Bijagos 2011 Michel 090 On se pose la question : "est-il bien utile de dépenser son argent en cannes onéreuses, qui en plus, risquent de casser ?! " J-P... qui les vend : " oui, c'est utile !!! "

   Ces poissons chassent en équipe, et quand l'un de nous en pique un, les copains peuvent se préparer. C'est ce qui m'arrive avec Laurent. Nous avons deux attaques simutanées. Lui, il décroche, et moi, la main sur la bobine du moulinet,  je n'arrive pas à maîtriser le rush. La tresse passe derrière un rocher : fin de l'épisode.

   Le soir, on accompagne le poisson de M... et J-P... d'un petit vin blanc, et la grosse que j'ai combattue avec la canne de Laurent sera pour l'orphelinat.

   Nous sommes le septième jour après notre départ de France. Le matin, pêche du bord sur le banc de sable., en face de la plage de Kéré. M... et J-P... ne font rien, ni à la mouche, ni au lancer. Je prends un élops qui servira d'appat pour pêcher de la plage. Et aussi un mérou. Dans notre imaginaire, le mérou est un gros poisson présent en Méditerranée, très recherché par les pêcheurs sous-marin - et même protégé. Le mien mesure 25cm ! Seul J-P... en fera un durant le séjour d'un peu plus joli Bijagos-2011-Michel-088.jpgIl suffit de bien racler le fond avec le rappala. D'ailleurs, c'est souvent avec de la "salade", qu'on le ramène. Je ne crois pas que ce genre de mérou devienne bien gros. 

  Après le repas, bien que ce ne soit pas notre pêche préférée, nous allons essayer la traine, avec des cannes prétées.Les nôtres sont trop légères. Impressionnante la dimension des leurres utilisés des poissons nageurs de l'ordre de 25cm ! Cannes plantées sur le bateau, nous partons en promenade. Nous brûlons de l'essence...Le temps passe... Et le moulinet de M... se met à chanter ! Il prend la canne fortement pliée, se laisse déséquilibrer par le roulis du bateau et la tresse touche la coque... C'est fini. Le barracuda est parti avec des hameçons plein la gueule et quelques dizaines de mètre de fil. Et plus rien. Une petite demi-heure au madaî ne rapportera rien de plus ( si ce n'est un autre petit mérou )

   Fin de la journée à la calée. Deux cannes plantées sur la plage, et pêche à la mitraillette pour prendre les élops qui serviront de vif. Il fait presque nuit, et, depuis les transats, à quelques mètres, M... et J-P... surveillent sans passion. Mais " voyou " est là, couché dans le sable.Bijagos 2011 243 " Voyou " est un chien  qui a la particularité d'aboyer quand il voit bouger la canne. Un chien de pêche, en quelque sorte ! Il informe donc nos pêcheurs des touches !  Ce qui ne les empêche pas d'en manquer deux simultanées, signalées par un aboiement soutenu. C'est la marée haute : il souffle un vent humide et frais. Le temps change. La saison des pluies commence en mai. 

   Les touterelles roucoulent. Leur rythme est immuable : deux longs, deux courts.Z,Z,Z... en morse, et cela en même temps, répété des milliers de fois. A vous donner envie de les mettre avec des lardons dans des petits pois. Surtout quand on est en manque de viande fraîche ! Ces oiseaux sont gris très foncé, plus foncé que nos tourterelles sauvages ou que celles du Maroc. Avant le déjeuner, petit coup de rappala. Je n'attrape qu'un rocher, et c'est M...qui, à marée basse , le récupèrera.

   Bien sustentés, nous partons en mer. La matinée commence mal et malgré nos lancés assidus, et le panel de leurres que nous offrons, vers midi, nous sommes encore  bredouilles.

   Un peu avant Kéré, arrêt sur une pointe de rocher. Et nous recommençons à peigner la mer. J'ai mis mon gros popper blanc à tête rouge sur ma Garbolino cinq brins de 20-60gr, armée d'un moulinet shimano 10000. Un peu lourd, tout ça, pour mes petits biceps !  Mais avec ce gros leurre, je me sens mieux armé qu'avec ma shimano de voyage de 14-40gr. Et surtout plus à l'aise qu'avec mon moulinet Daîwa. Le Mitchell repose dans la chambre, paix à son âme !  Des moulinets tout juste bons pour les sandres de Méquinenza !

   Je lance donc mon popper que je ramène violemment, selon les conseils de Betto. Loin devant moi, près de la mangrove. A peine tombé, il disparaît dans un beau remous. C'est le moment magique, aussitôt suivi d'un départ fulgurant. Je freine à mort ( la mort de ma canne ! ) pour éviter les rochers. Ce n'est pas très gros, et en moins de 10mn, c'est au bateau. Nous gardons : Betto a besoin de poissons pour le lodge et l'orphelinat. C'est à peine si le poisson s'est rendu, qu'une violente chasse se déclare en pointe de barque. Sous le nez de J-P... qui lance à droite et moi à gauche. Et c'est reparti... Celle là me part en pleine eau, loin des rochers, et si je mets plus de temps à la ramener, c'est pour en profiter d'avantage... Betto se penche déjà pour attraper le fluorocarbone quand tout se décroche Perdue. Evidemment, les copains qui n'ont encore rien pris, jubilent. Puisque c'est ainsi, je dédaigne le côté rocher et je jette loin, en pleine eau. J'ai dû lui tomber sur la tête pour qu'elle attaque si vite !.Fort de ma canne solide, et de mon expérience grandissante, en 10mn elle est dans la barque. Ca grogne de plus en plus, vers l'avant. J'ignore. Et je relance. Rien à la tombée. Je ramène vite et à trois mètres du bateau, à travers mes lunettes polarisantes, je vois surgir la bête des profondeurs et happer mon leurre. Elle est belle , celle là. Elle me fera travailler plus longtemps. J'en ai mal aux bras, mais quel bonheur ! Trois carangues et une de décrochée en une heureBijagos 2011 209

      La plus grosse ; 8,9kg, pesée Ce ne sont pas des records, mais quand même... Et Betto qui m'appelle " M... la carangue". On en parlera longtemps.

   J-P... fait un maquereau-bonite. Ils n'ont pas de chance, ces poissons. Comme ils coupent toutes les lignes , nylon ou tresse, d'un simple coup de dent, il est d'usage de les occires. Comme quoi, la vie ou la mort se décide bien en fonction du trottoir sur lequel on naît. ( Ce n'est pas moi qui l'ai inventé ! )

   Avant de reprendre le bateau pour l'après midi, M... se permet d'attraper, sur les cannes qui sont toujours disponibles  un beau barracuda de 14kg.Bijagos 2011 Michel 106

 Il en prend encore un sur le bateau, avec quelques carpes. Mais à sa longue liste des casses, il ajoute une carangue: il avait bien repéré une petite boucle, sur la tresse... Une négligence qui ne pardonne pas.

   Emma, qui nous accompagne, digne fille de J-P... et M-P... sort aussi une belle carangue, qu'elle est heureuse de présenterBijagos 2011 Michel 026   Retour sur la plage où on ne prend rien. Ni au leurre, ni au tendu. Seuls les élops se laissent tenter à chaque coup de " mitraillette ". Mais à quoi bon, puisque ça ne mord pas au vif.

   Tous les matins, avant même le lever du jour, un client du lodge est sur la plage, derrière ses cannes. Je m'approche au moment où il a une touche. Je suis au plus près de la canne. J'hésite un instant de trop à m'en saisir. Et la voilà dans le sable qui file vers l'eau. Le plongeon que je fais sur le moulinet est digne d'un joueur de rugby -- enfin, presque ! Je manque la touche, mais je récupère la canne. Elles tirent, ces petites bêtes ! On remet un appat. Attente de quelques minutes, et c'est reparti...Cette fois, je laisse mordre, canne en main. Du bord, équipé de grandes cannes, sur du sable,  le combat me paraît plus facile. La carangue que je ramène pèse pourtant 8,5kg.

   Tout le monde part en bateau.J-P..., M-P... et Emma, M... et moi. Avec toujours Betto assis sur le moteur. Il est solide, ce moteur ! Les dauphins nous accompagnent.Bijagos 2011 227-copie-1

Sur le poste, à marée descendante, l'eau est touble. A la limite de cette eau qui remue du sable, et de l'eau claire, nous assistons à un festival  de chasses. Ce sont de violents remous au milieu d'une explosion de mulets. Le festin des carangues ! J-P... en pique deux, dont une qu'il fait monter par emma. M-P se bat aussi avec la sienne.Bijagos 2011 Michel 033 

D'où la belle photo de familleBijagos 2011 Michel 038

Et celle du meilleur pêcheur du séjourBijagos 2011 Michel 025

Sur une chasse, J-P..., M... et moi piquons chacun notre poisson. difficiles à diriger, ces torpilles : ça part, ça revient et...ça se croise ! Et alors, Betto est arrivé, sans se presser... Deux tenant les cannes et un autre les tresse, il arrive à mettre les poissons au sec. Deux belles carangues de 8 Kg chacune. Et la troisième ? c'est celle de M...,encore décrochée.

  C'est bien connu, pour un pêcheur plus loin, c'est toujours meilleur. Betto nous emmène plus loin, sur un banc de sable qui se dégage à marée basse. Hier, une équipe a fait un carton... C'était hier. Nous ferons une quasi bredouille. Mais le coin est beau et la plage immense...Bijagos-2011-Michel-006-copie-1.jpg

Le vent s'est levé. Le retour vers Kéré est un brin secoué. Profitons bien. Plein les poumons. Demain, c'est l'avion du retour qui nous attend.

   Le déjeuner est tristounet. Jusqu'à ce que laurent nous dise : "Allez, pas envie de faire une dernière partie ? "¨Pas besoin de nous prier et nous sautons sur une occasion qui ressemble à un cadeau de départ. Mais non. La sortie nous sera aussi facturée ! ( 125 € pour deux heures, quand même ! ) Nous avions oublié que derrière le côté " copain " il y avait aussi la côté " business " ...D'ailleurs le dépassement sera aussi conséquent : de l'ordre de 900 € à quatre. En comptant M-P... qui pourtant n'a pas beaucoup participée à nos sorties de pêche. Mais nous avons usé du bateau plus que prévu dans le contrat. Et ça, c'est cher, parce que ça boit beaucoup. Il y a le bar, aussi ...( ou le tarif des boissons est tout à fait correct ). Surprenant aussi le décompte des bouteilles d'eau minérale : 50 unité pour 7 jours de pêche ( et parfois la demi-journée seulement ) soit 2,3 litres d'eau pour quelques heures de sorties journalières. C'est sans doute ce que préconiserait nos urologues, à moi et à M..., pour soigner nos calculs. Nous l'aimons bien, l'eau, mais pas trop plate ! Des détails, mais qu'il vaudrait mieux noyer dans quelques euros de plus ajoutés au prix global. Petites mesquineries qu'au demeurant l'équipe, patron compris, ne mérite absolument pas;  le service fourni étant irréprochable. Tant dans la restauration, l'hôtellerie (on vous lave même le linge ) et l'organisation des sorties de pêche.

   Après le repas, nos valises sont chargées sur la grande pirogue.  Au revoir, Laurent, Camille, Renaud, Maria, Betto et tous les autres

   la marée est basse et à l'arrivée à Biombo le pilote est obligé de descendre et de tirer le bateau à la main, dans la vase de la mangrove. Marche dans la gadoue jusqu'au lodge, où la douche sera la bien venue.Bijagos 2011 262

   Le retour sur piste et goudron se fait en taxi : plus confortable qu'à l'aller. C'est le premier mai, jour de fête en Guinée-Bissau. Beaucoup de monde endimanché se ballade de part et d'autre de la piste. De puissantes sonos animent les places des villages. A Bissau, sur une route défoncée par des travaux, le taxi zizague entre les piétons et nous amène manger chez " le corse ", rendez-vous de ce qui semble être la société aisée de la capitale. Ambiance, bruit, chaleur du soir... Souvenir des brochettes au gris de Boulaouane, à la terrasse de quelque bistrot de Meknès.... C'était, il y a.....très, très longtemps

   Nous attendrons l'avion à l'aéroport. Tellement longtemps que nous manquons la correspondance à Lisbonne. Arrivés à Toulouse 30 heures après le départ de Kéré. Trente heures passées sur des fauteuils très inconfortables. Surtout pour dormir. Et bien sûr, un bagage manquait à l'arrivée. Le sac de J-P... lui sera livré, chez lui, deux jours après.

   En deux mots, voyage mention " très bien " sous tout rapport. Prêt à y retourner ! Bijagos 2011 189

 

Suivent quelques autres belles images.

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