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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 15:54
          Pêche au brochet à Santa-Ana

     B... a deux heures de route avant de passer chez moi. Cette fois, pas de camping-car : l'accès à l'eau et une mise à l'eau "à la sauvage", ne le permettent pas . C'est avec "google earth"  que j'ai fait un état des lieux assez précis. C'est la première fois que nous allons pêcher le lac de Santa-Ana, en Espagne. Obligation d'amener sa barque: pas de location sur place. D'ailleurs, pas la moindre structure: ne pas compter sur le demi bien mousseux en fin d'une dure journée au soleil. Il faudra emporter la (ou "les"...)canette, donc la glacière, donc la glace etc ...etc... Et ne pas oublier de faire immatriculer la barque - donc de  se préparer quelques mois à l'avance - et un 4x4 pour la tirer. Celui-ci n'est peut être pas indispensable par temps sec, mais le petit morceau de piste devient un ruisseau par temps d'orage. 

   Nous roulons de 8h à 13h30 avant d'arriver à l'hotel où nous avons réservé trois nuits. A une quinzaine de kilomètres du lac. Repas à l'heure espagnole, paiement des "cotos" à 12€ par jour et par personne. Nous avons déjà la licence de l'Aragon. Et c'est parti...

   Avec le 4x4, la descente vers le lac ne pose pas de problème. Le temps est sec et la piste caillouteuse. Il n'y a aucun aménagement pour la seule mise à l'eau du lac. Faudrait pas se trouver à quinze: les manoeuvres seraient fort difficiles. Les eaux sont hautes. Pour que la remorque soit bien immergée, il faut reculer le véhicule dans l'eau jusqu'aux roues avants. Pas bon ça, pour les moyeux arrières de la voiture ! Pour corser le tout, il fait un vent de tous les diables et ça moutonne dur sur le lac. Ce soir, nous ne sentirons pas le moisi...

    Ca y est: nous voilà dans la vague. Et ce n'est pas peu dire. Digne des meilleurs moments de Méquinenza! Les connaisseurs apprécieront. Balotés dans tous les sens, par vent tourbillonnant nous essayons, plutôt mal que bien, de pêcher un peu. B..., moteur électrique à fond,la barque recule! Pas moyen de trouver un coin abrité. L'eau est haute comme elle n'a pas été depuis longtemps puisque nous voguons au dessus des broussailles, des arbustes et autres peupliers...Mais on nous a fait têtus, alors nous pêchons jusqu'à 20h30. Pour rien.

     B...,botté de cuissardes devra se battre un bon moment pour aligner barque et remorque. Moi, pour tourner le treuil et charger, ça va ! Bredouilles, pas la moindre attaque. A peine avons nous aperçu un black-bass qui s'écartera avec dédain au vu du leurre dur et du spinner-bait ! 

     Retour à l'hotel. Nous faisons un peu la gueule. Pas un seul pêcheur sur le lac. A cause du temps, ou parce que les poissons sont trop rares ? Evitons de trop réfléchir. Comme d'hab, apéro, repas et au lit ! Sans oublier de mettre la batterie en charge.

    Comme toujours, avec B..., nous nous levons le matin dès que nous nous réveillons. A 8h ! J'entends d'ici tous ces "vrais" pêcheurs qui, avant l'aube, font ronfler leur moteur, et qui démarrent, l'un déjà assis sur la barque (qui est elle-  même sur la remorque) et l'autre au volant du véhicule... Bon, ici pas de problème : nous sommes seuls. Et comme chaque fois, B..., sententieux :" nous ne sommes pas ici pour nous faire du mal...!

   Donc, à 10h nous sommes sur l'eau. Le vent est tombé Pêche à Santa Ana 003

  

Pour faire connaissace avec le lac, moteur à fond, nous "remontons", si l'on peut dire. Un plaisir sur cette eau verte, claire, à peine ridée par un léger souffle. Le paysage est superbe: cailloux, garrigue et soleil.Pêche à Santa Ana 026

   Avec une "alumacraft" de 4,30m, poussée par un 15cv - 4 temps obligatoire - Il nous faudra 30mn pour apercevoir le barrage supérieur de Canellès. Rien à voir avec la "mar de Aragon". Il y a quand même un pêcheur, caché dans les peupliers, sur un bateau pneumatique à rame. Vraisemblablement à la carpe. Par quelle mystérieuse piste est-il arrivé là ?

   Au moins, nous profitons d'une ballade magnifique. Le décord est splendide. Nous passons entre de hautes falaises  rougesPêche à Santa Ana 024et près d'un village fantôme où deux arches de l'église sont encore debouts. Pêche à Santa Ana 035

    Mais où sont les poissons ?

   La pêche reprend. Essentiellement au leurre dur avec fil d'acier pour moi. Spinner bait pour B... Entre les peupliers et au-dessus des arbustes. Nous sommes sur l'ancien lit du ruisseau, De part et d'autre restent les vieux arbres qui dépassent.Pêche à Santa Ana 016

 

Branches blanches : un poste rêvé pour les black-bass. Rien.

  Enfin, près d'un arbre mort qui dépasse, et où j'ai accroché la barque, un brochet suit le leurre de B... Sans le prendre. Juste pour voir ! Et il plonge sous la barque. B... laisse tomber son leurre... L'attaque est immédiate et l'animal sera bientôt dans l'épuisette, enfin dépliée. J'amène dans la barque un poisson de 75 à 80cm. Preuve qu'il y en a ! Photo et remise à l'eau, non sans prendre rendez-vous pour les années à venir, quand il dépassera le mètre.Pêche à Santa Ana 029

Et la traque continue.

    Nous explorons systématiquement toutes les bordures. Contre une falaise, à priori sur l'extérieur d'un virage de l'ancien lit de la rivière, donc sur un poste très profond, B... qui a monté un leurre souple pique un sandre. Impossible de se tromper : la bataille est totalement différente. Moins violente, plus molle. Rendu dans la barque, nous l'évaluons à 70cm. Pas mal, mais loin d'être un monstre.Pêche à Santa Ana 033 Je dis : "nous l'évaluons..." car le mètre est  introuvable, caché au fond d'un coffre. Pour les postes : nous faisons à l'intuition, la  sondeur m'ayant lamentablement laissé tombé.

   C'est vers 20h que nous montons la barque sur la remorque. Non sans mal. D'un côté de ce qui tient lieu de rampe de mise à l'eau, la pente est trop douce, et il faudrait  mettre les quatre roues du 4x4 dans l'eau pour que les patins de la remorque soient sous la surface de l'eau.  L'autre côté est plus profond, mais pas plat du tout. Et là, c'est le guide qui est sous l'eau. Du mauvais côté pour le vent qui pousse la barque contre le peuplier. Cuissardes obligatoires, et même un wader serait le bien venu. Mais à force de constance, et en faisant un gros effort pour ne pas s'énerver B... réussit la manoeuvre et le 4x4 arrache le tout au lac. Un peu de grimpette en vitesse courte, et nous voilà au goudron. Hotel, repas - à quand le régime ? - et au lit, sans oublier de mettre à charger la batterie du moteur électrique.

    Deuxième jour. Soleil. Peu de vent, surtout le matin. Oh, pas à l'aube !  Nous sommes, et nous resterons des "lève-tard". D'entrée, nous poussons jusqu'au bout du lac. 30mn à peine et nous reprenons le rythme. Lancer, ramener. Lancer, ramener. Dans tous les coins, entre branches et rochers... Un tantinet monotone, vu le nombre de poissons pris !  Nul jusqu'à midi. Nous aurons tout essayé : les leurres souples, les durs, les rigides, les articulés, Et même ces trucs qui n'ont ni queue ni tête que sont les spinners-baits ! Sans compter les cuillères ondulantes et autres tournantes. Et de toutes les couleurs. Ca fait passer le temps. Nous avons en permanence deux cannes équipées différemment. Parfois trois. Mais là, ça se mélange parfois un peu !

   Pourtant, tout à coup, derrière mon leurre dur articulé, suit un brochet de taille correcte qui plonge aussitôt arrivé à la barque. Encore un timide ! B... laisse tomber derrière lui son leurre bizzare muni d'une jupe  que n'aurait pas désavoué une grande actrice africaine des années vingt. Il sera gratifié d'un coup de dent dédaigneux, recraché et notre grand prédateur repartira complètement dégoûté...B... est tout excité, et je ne pense pas qu'il en soit de même pour le brochet. La traque continue.

 D'un revers réussi, derrière un rochet, j'envoie mon poisson artificiel. L'attaque est fulgurante. et à travers le remous, j'aperçois une très belle bête. Qui plonge, qui s'éloigne, qui revient, qui tourne sur elle-même... La bagarre dure des minutes qui paraissent très longues. La peur que quelque chose lâche, que quelque chose casse...L'espoir d'une réussite après tant d'heures de galère... Une éternité...Et cette montée d'adrénaline quand je vois ce bec large, ce corps puissant , long, très long... Ca bagarre dur et j'espère que la tresse de 12% ne frottera pas un rocher. B...a déployé la grande épuisette - que je désespérais voir servir un jour.- et m'épuise un magnifique brochet. Nous n'avons toujours pas trouvé le mètre - et pas cherché. B... tire de nombreuses photos et moi j'ai toute les peines du monde à tenir la bête tant elle est vive.Pêche à Santa Ana 054

 

 Pêche à Santa Ana 047

 

 Pêche à Santa Ana 048

 

   Peu piquée, nous la remettons à l'eau. Non sans lui donner rendez-vous pour ses 1,30m ! Pas trop couillons quand même, les pêcheurs : nous avons pris les repaires sur la barque. Mesuré plus tard, il affichera 1,02m . On peut encore faire mieux, me dira-t-on.  Mais j'ai battu mon record qui datait de 1966, au Maroc. De 2cm. Dans quelque vieil album photo je retouverai même l'article paru sur "le petit Marocain" relatant cet "exploit" fait sur dayet Afourqha. ( pour les connaisseurs ! )

   Heureux pour le reste de la journée, et même plus, le papi !

   Charger la barque, retourner à l'hotel, douche, apéro, repas : tout ça avant une bonne nuit de ronflète ! Et un réveil toujour tardif. Les brochets, sandres et autres black-bass doivent bien se foutre de nous.  Je les entends d'ici :"Bandes de bricoleurs" !

   Dès dix heures, premiers lancers de leurre. Nous reprenons de sous le barrage de Canellès, dans le courant, et nous allons descendre tout doucement. Refaire toutes les criques, les anses, les pointes. Sans cesse lancer et ramener. Parfois, sans raison apparente - sans raison tout cour ! - nous changeons de canne, et donc de leurre. Travail de galérien pour un non initié ! Le soleil tombe dru. Le grand chapeau est nécessaire et il vaut mieux protéger la viande à nu, sinon ce sera la grillade, ce soir !

    Et ce sera la surprise, la récompense à tant de patience... Dans un renforcement de rocher, au pied d'une falaise,dans un amas de branches mortes, B...sortira un brochet de 75cm, au spinner-bait. Ce leurre bizare qui, pour un vieil habitué au vif et au bouchon, ressemble putôt à une fanfreluche gagnée au tir dans une fête foraine.Pêche à Santa Ana 031

   Sur une pointe, mon poisson articulé ( ça a quand même une autre gueule que l'autre décoration pour arbre de noël )

tente un autre "brock" en vadrouille. Il se défendra bien un peu, mais il ne sera pas de taille à lutter. Disons 70cm en étant généreux ! Mais malgré tout, ça ramène un peu de courage chez les bonshommes.Pêche à Santa Ana 044     Quand on commence à lancer machinalement, en rêvant à autre chose qu'au poisson qui pourrait être embusqué derrière ce buisson noyé ou cette roche, c'est que le moral s'en va... Malgré un "suivi", rien ne peut plus nous exciter vraiment. C'est à ce moment que l'on commence les grandes ballades "pour voir le lac". B... propose d'aller à l'opposé de la mise à l'eau. L'occasion de voir si barque et voiture sont toujours là.

   Nous poussons jusqu'à une anse  peu profonde, avec fond de terre. Quatre à cinq mètres de profondeur, et même moins parfois. Au leurre souple, B... sortira un "sandrillon". Nous en touchons bien quelques uns - moi aussi je me suis mis au leurre souple - mais il s'agit de petits poissons. Nous insistons. Mais de plus en plus nos regards se tournent du côté de la voiture...Pêche à Santa Ana 062

   Retour à l'hôtel vers les 21h. Ca fait quand même une belle jounée de pêche, et nous estimons en avoir assez fait.

Nous avons fait connaissace avec ce lac qui ne nous laisse pas un souvenir impérissable. Un second test est nécessaire, avec des eaux plus basses. Demain, retour à la maison, avec arrêt dans notre "restau" habituel du val d'Aran. Où là non plus, on ne fait pas des repas de régime !.Pêche à Santa Ana 061

  

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